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Un procès « tous des terroristes » à Madrid

Rédigé par Bamba Amara | Mardi 26 Avril 2005 à 00:00

Ce sont 24 musulmans qui comparaissent depuis hier devant la justice espagnole. Soupçonnés d’appartenir à la mouvance Al-Qaïda, ils sont accusés d’être impliqués dans les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. En tenant compte du nombre de victimes et du rôle de chacun des accusés, le Parquet réclame plus de 60 000 ans de prison pour les trois principaux d’entre eux. Les autres prévenus risquent des peines de 9 à 27 ans. Après un jour de procès, ceux qui ont comparu récusent les faits qui leur sont reprochés.



Ce sont 24 musulmans qui comparaissent depuis hier devant la justice espagnole. Soupçonnés d’appartenir à la mouvance Al-Qaïda, ils sont accusés d’être impliqués dans les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. En tenant compte du nombre de victimes et du rôle de chacun des accusés, le Parquet réclame plus de 60 000 ans de prison pour les trois principaux d’entre eux. Les autres prévenus risquent des peines de 9 à 27 ans. Après un jour de procès, ceux qui ont comparu récusent les faits qui leur sont reprochés.

 

Pour ce premier procès contre des musulmans présumés terroristes après le 11 mars sanglant de Madrid, la ville a pris des dispositions particulières de sécurité. Les audiences ont lieu à l’extérieur de la cité dans un bâtiment spécial. Et de lourdes dispositions ont été prises pour éviter tout incident car les Espagnols attendent avec impatience les procès à venir des attentats du 11 mars.

Collecte de fonds pour le financement de la cellule d’Al-Qaïda, construction de camps d’entraînement terroriste, recrutement de combattants, falsification de documents, fabrication de bombes sont au nombre des accusations retenues contre les prévenus. Parmi eux, Imad Eddin Barakat Yarkas, plus connu sous le nom de Abou Dahdah, est présumé chef de la cellule espagnole d’Al-Qaïda.

Abou Dahdah nie tout

Abou Dahdah est accusé d’être à la tête d’une cellule du mouvement de Ben Laden en Espagne depuis l'année 1995. On l’accuse d’avoir contribué à l’élaboration des attentats du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center de New-York, le Pentagone à Washington et en Pennsylvanie. Agé de 41 ans, fils d'un général syrien, Abou Dahdah travaillait en Espagne comme intermédiaire dans le commerce de vêtements, de voitures et de cartes téléphoniques. S’exprimant dans un espagnol parfait, il nie les accusations portées contre lui.

Il admet cependant avoir fréquenté Zein Al-Abidine Mohamed Hassan, connu sous le nom de Cheikh Salah, et Mustafa Setmarian. Ces deux personnes sont pourtant des dirigeants présumés d’Al-Qaïda. Le premier est accusé de s’être chargé de l’accueil à Peshawar des recrues d’Al-Qaïda pour l’Afghanistan. Le second aurait entraîné des combattants dans les camps d’Afghanistan. Abou Dahdah se souvient avoir « pris le thé avec eux à la sortie de la mosquée » de Madrid. Il explique qu’il est Syrien comme Mustafa Setmarian et qu’ils viennent du même village. Mais il nie avoir pris part à une quelconque activité terroriste ou d’endoctrinement de jeunes musulmans d’Espagne. Il nie catégoriquement avoir connu Mohamed Atta, considéré comme le chef du groupe des pilotes des attentats du 11 septembre. « Jamais de ma vie je n’ai parlé avec Mohamed Atta, Mohamed Belfatmi ou Ramzi Bin Al Shibh », dit-il à propos des pilotes présumés des attaques du 11 septembre.

A raison de 25 ans par victime, pour environ 2 500 morts lors du 11 septembre, Abou Dahdah risque environ 60 000 ans de prison.

Ben Laden et Tayssir Allouni accusés

Hier, lundi 25 avril, José Galan, madrilène de naissance, a comparu à la barre. Seul prévenu d’origine espagnole, il s’est converti à l’islam il y a une dizaine d’années. Il est accusé d’avoir suivi un entraînement terroriste dans un camp indonésien. Il reconnaît avoir visité la ville indonésienne de Poso mais nie avoir suivi un entraînement dans un camp dont il ignorait jusqu’à l’existence. Agé de 39 ans, il explique qu’il aurait, de toute façon, été trop vieux pour suivre un tel entraînement. Parlant du terrorisme, il affirme à la barre : « ce n`est pas ma façon d`appréhender la vie. J'ai d`autres valeurs […] Je condamne non seulement la mort de 3 000 personnes mais la mort d`une seule personne. »

Le tribunal qui rendra son verdict dans quatre mois verra aussi comparaître Tayssir Allouni, journaliste vedette de la chaîne de télévision Al-Jazira, auteur d’une interview célèbre avec Oussama Ben Laden après le 11 septembre 2001. Résidant à Grenade, dans le Sud, il est convoqué à l’audience du 11 mai prochain. Oussama Ben Laden aussi est du nombre des accusés mais étant absent, il ne peut, bien sûr, pas être jugé.