Sur le vif

Un regain de ferveur pour le Ramadan dans les Alpes-Maritimes

| Dimanche 7 Septembre 2008 à 19:30



Débuté lundi dernier, le ramadan suscite un engouement croissant. Sur la Côte d'Azur comme ailleurs. Dans les Alpes-Maritimes, où les musulmans, au nombre de 100 000, représentent le dixième de la population, 80 % d'entre eux suivraient le jeûne, l'interdiction de manger, de boire, de fumer ou d'avoir des rapports sexuels du lever au coucher du soleil.

Accentué d'année en année, ce mouvement concerne l'ensemble des classes d'âge et illustre, si besoin était, le retour aux valeurs spirituelles commun à la quasi-totalité des religions. Mais son amplitude étonne, comparée au taux, actuellement évalué à 15 %, de pratiquants assidus. Comment expliquer ce décalage ?

« Alors que la prière, à l'exception de celle du vendredi, se déroule dans un cadre intime, le ramadan s'effectue en famille, répond un iman. Il a une dimension sociale et collective. Il permet de renouer avec ses racines, induit une hygiène de vie personnelle, une revanche sur les besoins physiologiques, la faim, la soif dont on se libère. » Et puis, il y a l'effet de groupe, l'incitation à se conformer à la pratique de l'entourage.

« La première fois, c'est très dur... »

C'est l'une des raisons qui a poussé Brahim Bououghroum à franchir le pas trois ans plus tôt à Nice. « J'étais seul parmi mes frères et soeurs à ne pas observer le troisième pilier de l'Islam, raconte ce Français d'origine marocaine, installé dans le quartier populaire de Bon Voyage. Et puis je venais d'épouser une Marocaine qui, éduquée à l'école coranique de Casablanca et arrivée depuis peu dans l'Hexagone, pratiquait le jeûne depuis toute petite. » Brahim a arrêté de boire et de fumer. Définitivement. « Au premier ramadan, ce fut très dur, avoue ce mécanicien de 40 ans, passionné d'histoire. Heureusement, les bons côtés ont vite pris le dessus. Le soutien du groupe, dans une société disloquée, le resserrement des liens familiaux, la solidarité et la notion de partage avec les pauvres... »

Des exemptions

« C'est vrai, concède Boubekeur Bekri, secrétaire général du conseil régional du culte musulman, la faim est là et plus encore, la soif. Mais on ne les vit pas comme un manque absolu. En respectant les bonnes pratiques - un nombre suffisant d'heures de sommeil, un solide petit-déjeuner avant l'aube - cela n'est pas si difficile. Il y a une organisation à trouver... » D'ailleurs, dès que la douleur apparaît ou que la santé est menacée, le jeûne est susceptible d'être interrompu. Enfants, femmes enceintes, malades et voyageurs peuvent ainsi s'en abstenir. Le ramadan, qui dure un mois, s'achèvera à la naissance du croissant lunaire, le 29 ou le 30 septembre au soir.


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