Saphirnews : Quelle démarche avez-vous utilisée pour collecter les informations nécessaires à l’écriture de ces albums ?
Jean-Claude Bartoll présente le dernier tome de "9/11"
Jean-Claude Bartoll : Je dirais une démarche journalistique à l’ancienne : montrer des faits et ne pas émettre de jugement. Je laisse libre le lecteur d’interpréter les faits. Ma méthode de travail est simple : je fais d’abord une chronologie extensive (cela m’a pris six mois avec l’aide d’informations glanées au cours des années), des événements de 1992 à 2001.
Je me fonde sur des sources ouvertes (propos publics, archives, témoins…) mais la grande majorité des informations est piochée dans la presse internationale. Je lis aussi beaucoup de livres. Ensuite, il faut mettre de l’ordre dans ces informations et comprendre ce qui est dit entre les lignes des sources officielles.
Puis, le travail de scénariste prend le relais du travail du journaliste : il faut remplir les blancs de l’histoire avec des personnages de fiction. Dans l’album, les deux personnages de fiction sont Cindy de la CIA et le financier Saïd-François.
Je me fonde sur des sources ouvertes (propos publics, archives, témoins…) mais la grande majorité des informations est piochée dans la presse internationale. Je lis aussi beaucoup de livres. Ensuite, il faut mettre de l’ordre dans ces informations et comprendre ce qui est dit entre les lignes des sources officielles.
Puis, le travail de scénariste prend le relais du travail du journaliste : il faut remplir les blancs de l’histoire avec des personnages de fiction. Dans l’album, les deux personnages de fiction sont Cindy de la CIA et le financier Saïd-François.
Vous montrez une image peu habituelle de Ben Laden et mettez notamment en scène sa famille…
J.-Cl. B. : Dans le tome II, il y a une séquence d’un pique-nique familial des Ben Laden. J’ai passé dix jours à vérifier et revérifier des témoignages pour montrer Ben Laden dans cette situation. C’est arrivé assez régulièrement pendant les années où il était au Soudan.
Il se considérait alors comme un chef d’entreprise, plutôt laxiste au niveau de la rentabilité de ses affaires. Pendant ces années, il était concentré sur ses fermes soudanaises et son entreprise de travaux publics, mais il participait à des réunions plus politiques avec des gens qui venaient le voir.
Il apparaissait à l’époque comme le bienfaiteur du nouveau régime islamique soudanais (il construit des routes pour honorer l’hospitalité soudanaise). Il aura d’ailleurs des problèmes de trésorerie assez vite, mais cela est l’objet du troisième tome.
Il se considérait alors comme un chef d’entreprise, plutôt laxiste au niveau de la rentabilité de ses affaires. Pendant ces années, il était concentré sur ses fermes soudanaises et son entreprise de travaux publics, mais il participait à des réunions plus politiques avec des gens qui venaient le voir.
Il apparaissait à l’époque comme le bienfaiteur du nouveau régime islamique soudanais (il construit des routes pour honorer l’hospitalité soudanaise). Il aura d’ailleurs des problèmes de trésorerie assez vite, mais cela est l’objet du troisième tome.
Votre approche de ces événements est avant tout géopolitique…
La couverture du tome I
J.-Cl. B. : Il faut tout remettre dans la perspective de l’Histoire. En 1989, le mur de Berlin tombe et les rapports de force changent. Les richesses pétrolières et gazifières d’Asie centrale attisent tous les appétits. La question est de savoir comment sortir tout ce gaz d’Asie centrale, alors que l’Union soviétique explose et que chaque République devient indépendante.
Des financiers occidentaux et saoudiens ont pris des intérêts dans des champs gaziers ou pétroliers, mais la Russie refusait, bien sûr, de louer ses pipelines. La seule voie de passage était l’ouest de l’Afghanistan pour aller dans un port pakistanais. Les albums montrent comment les talibans ont été financés par les compagnies pétrolières nord-américaines pour établir un régime stable et favorable au passage d’un pipeline nord-américain.
La situation n’a pas vraiment évolué aujourd’hui et la présence américaine en Afghanistan, à mon avis, cache également des intérêts géostratégiques liés aussi à l’exportation de ces richesses énergétiques.
* Aux éditions 12bis, sortie du Tome III en septembre 2011
Des financiers occidentaux et saoudiens ont pris des intérêts dans des champs gaziers ou pétroliers, mais la Russie refusait, bien sûr, de louer ses pipelines. La seule voie de passage était l’ouest de l’Afghanistan pour aller dans un port pakistanais. Les albums montrent comment les talibans ont été financés par les compagnies pétrolières nord-américaines pour établir un régime stable et favorable au passage d’un pipeline nord-américain.
La situation n’a pas vraiment évolué aujourd’hui et la présence américaine en Afghanistan, à mon avis, cache également des intérêts géostratégiques liés aussi à l’exportation de ces richesses énergétiques.
* Aux éditions 12bis, sortie du Tome III en septembre 2011
Les Etats-Unis viennent d’annoncer la mort de Ben Laden, allez-vous changer la fin de votre série ?
J.-Cl. B. : Non, car le principe de cette série en 6 tomes et de partir des événements du 11 septembre 2001 et de faire un flashback jusqu’au début des années 1990, pour tenter de comprendre comment on a pu en arriver là. Donc la fin de la série n’est pas modifiée étant donné qu’elle s’arrête le 11 septembre.
Après, si le succès est au rendez-vous, nous envisageons avec l’éditeur de faire une seconde saison qui mènerait du 11 septembre à la prison d’Abu Ghraib. Puis d’Abu Ghraib à l’élection d’Obama et aux événements du 1er mai 2011, mais rien n’est sûr. Créer un album BD prend du temps ; et si on continue sur cette chronologie, l’album sur la mort de Ben Laden ne sortira pas avant six ans !
Après, si le succès est au rendez-vous, nous envisageons avec l’éditeur de faire une seconde saison qui mènerait du 11 septembre à la prison d’Abu Ghraib. Puis d’Abu Ghraib à l’élection d’Obama et aux événements du 1er mai 2011, mais rien n’est sûr. Créer un album BD prend du temps ; et si on continue sur cette chronologie, l’album sur la mort de Ben Laden ne sortira pas avant six ans !