De 1963 à 1982, 1 615 enfants ont été transférés de la Réunion vers la Métropole, contre leur volonté, arrachés à leurs orphelinats ou soustraits à leurs familles – pauvres – contre la promesse d’un avenir et d’une éducation meilleurs en métropole. Ces déplacements forcés d’enfants décidés depuis les plus hautes autorités de l’État avaient deux buts : réduire les dangers potentiels de la croissance démographique dans l’île et pallier les effets désastreux de l’exode rural dans certaines régions françaises. C’est bien connu : l’herbe est plus verte dans la Creuse ou dans le Cantal.
Il faut garder présent à l’esprit le contexte général de l’époque. L’histoire commence en 1963, au lendemain des accords d’Evian, qui entérinaient l’indépendance de l’Algérie. La forte croissance démographique de La Réunion pouvait faire craindre qu’une jeunesse nombreuse, tentée par des idées nouvelles, ne vienne mettre à mal la souveraineté française sur cette île de l’océan Indien, qui constituait désormais le dernier ancrage français important après l’indépendance de Madagascar en 1960. Ces mesures se comprennent donc en partie d’un point de vue géopolitique : les responsables politiques, et en particulier Michel Debré, avaient mal vécu la libération de l’Algérie et prenaient des mesures pour préserver ce qui restait de l’ancien empire colonial français.
Les suites de la guerre d’Algérie suscitent d’ailleurs à l’époque d’autres mouvements de populations. L’État dispose des terres et des individus dans une optique qui ne tient aucun compte de l’intérêt des populations concernées, raison d’Etat oblige. C’est d’ailleurs au même moment, et ce n’est pas un hasard, que les mêmes autorités métropolitaines décident unilatéralement de favoriser l’installation des pieds-noirs sur la côte orientale de la Corse, au détriment des populations rurales locales déjà paupérisées, qui se voient privées de l’accès aux fonds destinés à la mise en valeur des terres : plus de 90 % du budget destiné à la mise en valeur des terres jusque-là infectées par la malaria est attribuée aux « rapatriés d’Algérie », ce qui, à terme, devait causer la naissance d’un fort mouvement indépendantiste armé.
Les enfants réunionnais dispersés dans une soixantaine de départements métropolitains et placés individuellement dans des exploitations agricoles ne risquaient pas de se révolter. Ce documentaire montre la variété de situations vécues par ces enfants déplacés sur une période allant jusqu’à une date aussi tardive que 1982.
Il faut garder présent à l’esprit le contexte général de l’époque. L’histoire commence en 1963, au lendemain des accords d’Evian, qui entérinaient l’indépendance de l’Algérie. La forte croissance démographique de La Réunion pouvait faire craindre qu’une jeunesse nombreuse, tentée par des idées nouvelles, ne vienne mettre à mal la souveraineté française sur cette île de l’océan Indien, qui constituait désormais le dernier ancrage français important après l’indépendance de Madagascar en 1960. Ces mesures se comprennent donc en partie d’un point de vue géopolitique : les responsables politiques, et en particulier Michel Debré, avaient mal vécu la libération de l’Algérie et prenaient des mesures pour préserver ce qui restait de l’ancien empire colonial français.
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Les enfants réunionnais dispersés dans une soixantaine de départements métropolitains et placés individuellement dans des exploitations agricoles ne risquaient pas de se révolter. Ce documentaire montre la variété de situations vécues par ces enfants déplacés sur une période allant jusqu’à une date aussi tardive que 1982.
L’Assemblée nationale vient tout juste de reconnaître le rôle de l’État dans cette affaire, et son manque de « responsabilité morale ». L’UMP dans son ensemble a voté contre cette « résolution symbolique et mémorielle », en dénonçant une « instrumentalisation de l’histoire ».
Il est vrai que la « repentance » n’est pas leur fort et que proposer des textes de loi visant à reconnaître et à faire enseigner dans les écoles « le caractère positif de la colonisation » ne relève pas pour eux d’une « instrumentalisation de l’Histoire ». Sur ce sujet, les travaux du Comité de vigilance face aux usages publics de l’Histoire (CVUH) sont particulièrement éclairants et démontrent clairement que le casque colonial n’a pas complètement été mis au placard, loin de là.
* Quartiers Libres est un collectif de militant-e-s de quartiers, de journalistes, d’universitaires qui tou-te-s vivent, travaillent ou militent en banlieue, réuni-e-s au lendemain des révoltes de 2005 lancées à Clichy-sous-Bois après la mort de Zyed et Bouna. Pour en savoir plus, le blog du collectif ici.
Il est vrai que la « repentance » n’est pas leur fort et que proposer des textes de loi visant à reconnaître et à faire enseigner dans les écoles « le caractère positif de la colonisation » ne relève pas pour eux d’une « instrumentalisation de l’Histoire ». Sur ce sujet, les travaux du Comité de vigilance face aux usages publics de l’Histoire (CVUH) sont particulièrement éclairants et démontrent clairement que le casque colonial n’a pas complètement été mis au placard, loin de là.
* Quartiers Libres est un collectif de militant-e-s de quartiers, de journalistes, d’universitaires qui tou-te-s vivent, travaillent ou militent en banlieue, réuni-e-s au lendemain des révoltes de 2005 lancées à Clichy-sous-Bois après la mort de Zyed et Bouna. Pour en savoir plus, le blog du collectif ici.
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