Sur le vif

Une loi pénalisant la négation du génocide nuirait aux relations franco-turques

Rédigé par Laila Elmaaddi | Mercredi 10 Mai 2006 à 08:57



Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré mardi à des dirigeants d'entreprises françaises en visite en Turquie qu'une loi faisant un délit de la négation du génocide arménien endommagerait les relations franco-turques, a rapporté l'agence de presse publique Anatolie. Une proposition de loi qui pénaliserait la négation du génocide arménien de 1915, présentée par les socialistes, doit être examinée par le Parlement français la semaine prochaine. La France a déjà adopté une telle mesure pour toute négation de la Shoah.

Lundi, la Turquie a rappelé ses ambassadeurs à Paris et à Ottawa "pour une courte période pour des consultations sur les derniers développements des allégations sans fondement du génocide arménien en France et au Canada", avait précisé le ministère turc des Affaires étrangères. Le Premier ministre canadien Stephen Harper a soutenu récemment l'assimilation de ces massacres à un génocide. Selon Anatolie, M. Erdogan, dont le porte-parole a confirmé la réunion avec les entrepreneurs, a demandé à ces derniers de faire pression sur les autorités françaises.

"Nous attendons des cadres des entreprises françaises qu'ils réagissent à la proposition de loi", a déclaré le Premier ministre, ajoutant que cette loi, si elle était adoptée, nuirait aux relations bilatérales. En outre, elle ne serait pas favorable à la liberté de pensée et d'expression, estime-t-il. Les autorités turques affirment de manière invariable que le nombre de morts avancé par les Arméniens est exagéré, et insistent sur le fait qu'ils ont été tués ou déplacés alors que l'empire ottoman essayait de sécuriser sa frontière avec la Russie et de faire cesser les attaques de militants arméniens.

La Turquie avait déjà annulé des contrats de défense avec des compagnies françaises s'élevant à plusieurs millions d'euros après l'adoption d'une loi reconnaissant le génocide arménien.