Une pluie d'hommages pour Sinead O'Connor, une artiste engagée « fière d'être musulmane »

Sinead O'Connor est décédée mercredi 26 juillet à l'âge de 56 ans. Les causes de sa mort sont encore inconnues mais « le décès n'est pas considéré comme suspect », a fait savoir la police après la découverte de son corps dans sa résidence londonienne. Depuis, des hommages massifs ont été rendus à la chanteuse irlandaise, star des années 1990 grâce à son tube phare Nothing Compares 2 U. Une femme au parcours de vie des plus tumultueux que Saphirnews racontait ici après la conversion à l'islam de l'artiste en 2018.

Une conversion sur laquelle Sinead O'Connor, qui se faisait aussi appeler Shuhada Sadaqat, s'était confiée en 2019 sur la radio irlandaise RTÉ 2FM. « Quand j’ai commencé à lire le Coran, j’ai réalisé que j’avais été musulmane toute ma vie sans le savoir », avait-elle raconté. « Je veux contribuer à briser des préjugés sur l'islam. C’est pourquoi j'en parle publiquement. »

Toutefois, depuis 2019 et sa magnifique performance musicale à la télévision irlandaise, on ne compte d'elle que peu d'apparitions publiques. La dernière a été enregistrée en mars dernier lors de la cérémonie annuelle du RTÉ Choice Music Prize. L'artiste, qui porte le voile depuis sa conversion, y avait été invitée pour recevoir le prix du meilleur album classique irlandais pour son album I Do Not Want What I Haven't Got, sorti en 1990.

Apparaissant radieuse, Sinead O'Connor avait profité de ce moment pour dédier son prix à l'ensemble des réfugiés qui ont trouvé asile dans son pays, « et pas seulement ukrainiens », avait-elle souligné. « Vous êtes les bienvenus en Irlande. MachaAllah. Je vous aime fort et vous souhaite du bonheur. Merci », avait déclaré la chanteuse, sous les applaudissements nourris du public.

Ce discours engagé s'ajoute à bien d'autres engagements qui ont construit sa renommée au cours de sa vie, notamment ceux contre les abus sexuels au sein de l'Eglise catholique, contre le sida ou encore en faveur de la cause palestinienne. Celle qui se disait « fière d'être devenue musulmane » n'hésitait pas non plus, ces dernières années, à évoquer son combat pour la santé mentale dont elle a souffert sa vie entière afin de lever le tabou.

Fragilisée par le suicide de son fils Shane, 17 ans, en janvier 2022, elle avait d'ailleurs été hospitalisée après avoir déclaré sur les réseaux sociaux qu'elle songeait à mettre fin à sa vie. Néanmoins, Sinead O'Connor avait plusieurs projets en cours de réalisation comme l'ont révélé ses agents vendredi 28 juillet. Elle « terminait son dernier album, préparait des dates pour une nouvelle tournée pour 2024 et examinait des opportunités liées à un film adapté de son livre » sorti en 2021, une autobiographie intitulée Rememberings, ont-ils assuré.

Avant ses obsèques qui devraient être conduites selon le rite islamique, de nombreuses personnalités ont fait part de leur tristesse à l'annonce de son décès comme Russell Crowe. L'acteur néo-zélandais, star du film Gladiator, a déclaré avoir eu « l'occasion de lui dire qu'elle était une de (ses) héroïnes » lors d'une rencontre inattendue à Dublin en 2022. « Quelle femme incroyable. Que la paix soit avec ton cœur courageux Sinead. »

« Triste d'apprendre le décès de la sœur Shuhada Sadaqat, également connue sous le nom de Sinéad O'Connor. C'était une âme tendre, que Dieu le Très Miséricordieux lui accorde la paix éternelle », a indiqué le légendaire artiste britannique Cat Stevens, alias Yusuf Islam.

« C'etait une personne très inclusive, ouverte et sans jugement - un bel être humain. Mais en même temps, elle a eu des défis très difficiles à surmonter, et je pense que les épreuves et les difficultés qu'elle a rencontrées ont mis en évidence sa force et sa résilience, a témoigné Umar Al-Qadri, le directeur du Centre islamique d'Irlande qui avait aidé l'artiste dans son cheminement religieux. Elle représentait l'essence de notre humanité commune. »

Pour le président irlandais Michael Higgins, son pays a perdu « l'un de (ses) plus grands et plus talentueux compositeurs, auteurs-compositeurs et interprètes de ces dernières décennies ».

« Pour ceux d'entre nous qui ont eu le privilège de la connaître, on ne pouvait qu'être frappé par la profondeur de son engagement intrépide envers les questions importantes qu'elle a portées à l'attention du public, aussi inconfortables que ces vérités aient pu être », a-t-il fait savoir le jour même de l'annonce du décès. « Son apport rejoint ceux de ces femmes irlandaises qui ont contribué à nos vies, sa culture et son histoire à leur manière, si unique mais inoubliable. Puisse son esprit trouver la paix qu'elle recherchait de tant de manières différentes. »

Mise à jour mardi 8 août : Après des funérailles islamiques, l'heure des adieux émouvants du peuple irlandais à Sinead O'Connor ici racontée.

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