Il était attendu du Conseil français du culte musulman (CFCM) une réforme en profondeur de son fonctionnement. A l’issue de son assemblée générale extraordinaire tenue dimanche 7 avril, c’est une réforme a minima des statuts qui a été adoptée en vue des prochaines élections (voir encadré), après d'âpres tractations.
Les grandes fédérations historiques continuent de garder la main sur le CFCM avec 45 de leurs représentants désignés au conseil d’administration, soit la moitié des 90 sièges. Les 45 autres sièges seront occupés par des représentants des Conseils régionaux du culte musulman (CRCM), issus des prochaines élections.
Les grandes fédérations historiques continuent de garder la main sur le CFCM avec 45 de leurs représentants désignés au conseil d’administration, soit la moitié des 90 sièges. Les 45 autres sièges seront occupés par des représentants des Conseils régionaux du culte musulman (CRCM), issus des prochaines élections.
L’absence de l’UMF parmi les fédérations statutaires actée
Grande absente des fédérations statutaires du CFCM, l’Union des mosquées de France (UMF) (proche du Maroc), présidée par Mohammed Moussaoui et née d’une scission avec le Rassemblement des musulmans de France, dirigée par Anouar Kbibech.
« Toutes les fédérations ont fait le nécessaire pour que l’UMF soit membre du bureau en tant que fédération statutaire. Nous avons même trouvé un accord avec l’UMF samedi matin (la veille de l’AGE, ndlr) mais il y a eu une volte-face de la direction », explique auprès de Saphirnews Ahmet Ogras. Il ne cache pas sa déception mais ne considère aucunement cette absence comme le fruit d’une crise interne au CFCM. Désormais, « la seule voie d’entrée possible de l'UMF au CFCM se fera par le biais des élections ».
En revanche, Musulmans de France (ex-UOIF), en retrait du CFCM depuis 2013, continue d’avoir une présence statutaire. « Elle a toute sa place », assure Ahmet Ogras. « Nous aurions aimé avoir une vraie réforme mais nous avons pris acte de l'adoption des statuts », nous indique Amar Lasfar, président de MF, qui se dit tout de même prêt à réintégrer le CFCM dans les prochains mois.
Le principe d’une présidence tournante est maintenu, avec un partage annoncée de la direction du CFCM entre la Grande Mosquée de Paris, le RMF et le Comité de coordination des musulmans turcs de France (CCMTF) à tour de rôle, tous les deux ans.
« Toutes les fédérations ont fait le nécessaire pour que l’UMF soit membre du bureau en tant que fédération statutaire. Nous avons même trouvé un accord avec l’UMF samedi matin (la veille de l’AGE, ndlr) mais il y a eu une volte-face de la direction », explique auprès de Saphirnews Ahmet Ogras. Il ne cache pas sa déception mais ne considère aucunement cette absence comme le fruit d’une crise interne au CFCM. Désormais, « la seule voie d’entrée possible de l'UMF au CFCM se fera par le biais des élections ».
En revanche, Musulmans de France (ex-UOIF), en retrait du CFCM depuis 2013, continue d’avoir une présence statutaire. « Elle a toute sa place », assure Ahmet Ogras. « Nous aurions aimé avoir une vraie réforme mais nous avons pris acte de l'adoption des statuts », nous indique Amar Lasfar, président de MF, qui se dit tout de même prêt à réintégrer le CFCM dans les prochains mois.
Le principe d’une présidence tournante est maintenu, avec un partage annoncée de la direction du CFCM entre la Grande Mosquée de Paris, le RMF et le Comité de coordination des musulmans turcs de France (CCMTF) à tour de rôle, tous les deux ans.
Une réforme peu ambitieuse
Quant à la départementalisation de la représentation du culte musulman, la réforme n’est guère ambitieuse. La création de Conseils départementaux du culte musulman (CDCM), « la pierre angulaire » de la réforme des mots d’Anouar Kbibech lors du congrès du CFCM décembre 2018, est effectivement inscrite dans les statuts mais ne seront mis en place « par le CRCM territorialement compétent, lorsque la nécessité s’avère établie ». Des désaccords entre certaines fédérations sur ce sujet ont probablement limité une réelle structuration du culte musulman à l'échelle départementale, à l'image des CRCM.
Des conseils des imams peuvent également être initiés dans chaque région et, « si possible, au niveau des départements », sans non plus « se substituer au Conseil religieux qui a une portée au niveau national ». Celui-ci, qui n’a pas encore émis d’avis théologiques depuis sa création en 2016,, a été intégré dans les statuts, tout comme l’Association pour le financement et le soutien du culte musulman (AFSCM), qui n’est pas opérationnelle à ce jour.
« Le CFCM ne tient pas compte du contexte dans lequel il a évolué ces derniers mois », déplorait auprès de Saphirnews Mohammed Moussaoui, avant la tenue de l’AGE, en faisant notamment référence à l'activisme de Hakim El Karoui, derrière le projet de l'Association musulmane pour l’islam de France (AMIF), et Marwan Muhammad, à l'initiative de la Plateforme « L.E.S. Musulmans ». « A terme, et parce que le culte musulman s'organise déjà en dehors de l'institution, cela signifie la mort du CFCM. »
Du côté du CFCM, on reste hermétique aux critiques. « Cette réforme adoptée à une très large majorité marque un tournant majeur dans la vie du CFCM. Elle vise à permettre à notre institution de renforcer sa légitime place au sein de la communauté nationale », fait valoir l'instance dans un communiqué lundi 8 avril.
Mise à jour mercredi 10 avril : L'Union des mosquées de France mène une fronde contre le CFCM, aux côtés de plusieurs grandes mosquées à travers la France. Le point sur la situation et la réaction du CFCM
Des conseils des imams peuvent également être initiés dans chaque région et, « si possible, au niveau des départements », sans non plus « se substituer au Conseil religieux qui a une portée au niveau national ». Celui-ci, qui n’a pas encore émis d’avis théologiques depuis sa création en 2016,, a été intégré dans les statuts, tout comme l’Association pour le financement et le soutien du culte musulman (AFSCM), qui n’est pas opérationnelle à ce jour.
« Le CFCM ne tient pas compte du contexte dans lequel il a évolué ces derniers mois », déplorait auprès de Saphirnews Mohammed Moussaoui, avant la tenue de l’AGE, en faisant notamment référence à l'activisme de Hakim El Karoui, derrière le projet de l'Association musulmane pour l’islam de France (AMIF), et Marwan Muhammad, à l'initiative de la Plateforme « L.E.S. Musulmans ». « A terme, et parce que le culte musulman s'organise déjà en dehors de l'institution, cela signifie la mort du CFCM. »
Du côté du CFCM, on reste hermétique aux critiques. « Cette réforme adoptée à une très large majorité marque un tournant majeur dans la vie du CFCM. Elle vise à permettre à notre institution de renforcer sa légitime place au sein de la communauté nationale », fait valoir l'instance dans un communiqué lundi 8 avril.
Mise à jour mercredi 10 avril : L'Union des mosquées de France mène une fronde contre le CFCM, aux côtés de plusieurs grandes mosquées à travers la France. Le point sur la situation et la réaction du CFCM
Les élections du CFCM, initialement prévues en juin 2019, ont été repoussées car « il faut un minimum de trois mois » pour les organiser, nous indique Ahmet Ogras. Le scrutin devrait avoir lieu « à la rentrée, vers le mois d'octobre », nous précise-t-il au lendemain de l’adoption des statuts, qui offrent désormais la possibilité pour des associations gestionnaires de lieux de culte d’intégrer le CFCM après signature des textes de références de l’institution.
« Notre objectif aujourd’hui est de mettre tout en œuvre pour que le maximum de mosquées participent aux élections », insiste celui qui est également président du CCMTF. Un défi de taille pour le CFCM dans un contexte où les critiques envers le manque de représentativité de l’institution et de connexion avec le terrain ne tarissent pas. « Le mois du Ramadan (en mai, ndlr) arrive et c’est une bonne période pour entrer dans une dynamique d’écoute avec les fidèles et les responsables des mosquées », assure-t-il.
« Notre objectif aujourd’hui est de mettre tout en œuvre pour que le maximum de mosquées participent aux élections », insiste celui qui est également président du CCMTF. Un défi de taille pour le CFCM dans un contexte où les critiques envers le manque de représentativité de l’institution et de connexion avec le terrain ne tarissent pas. « Le mois du Ramadan (en mai, ndlr) arrive et c’est une bonne période pour entrer dans une dynamique d’écoute avec les fidèles et les responsables des mosquées », assure-t-il.
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