La contrefaçon alimente l'économie souterraine, laquelle progresse à grande échelle en Asie du sud-est. A l'échelle mondiale, elle représente un chiffre d'affaires de plusieurs milliards d'euros (entre 5 % et 7 % du commerce international). Elle est contrôlée en permanence par les organisations anti-criminelles qui tentent de détecter les réseaux mafieux très bien organisés. Une véritable économie parallèle destinée à ruiner l'économie licite se met en place.
La contrefaçon et les chiffres :
La contrefaçon et la piraterie ont un impact économique majeur sur la société : elles représentent 5 à 7% du commerce économique mondial. Une entreprise sur deux en France se déclare victime de la contrefaçon. Cette dernière fait perdre 38 000 emplois par an aux Français.
Elle représente pour les entreprises françaises une perte de chiffre d'affaires de 40 milliards de francs par an.
Le phénomène connaît une amplification sans précédent, avec des chiffres alarmants : 25 millions de produits saisis dans l'Union européenne en 1999, 100 millions en 2000.
Aucun pays n'est épargné : si l'Asie continue à constituer la première région productrice, en Europe, la Belgique ou le Royaume-Uni voient se développer des réseaux actifs de trafiquants.
Les produits contrefaits concernent désormais la totalité du champ industriel, le luxe ne représentant plus que 1% des saisies.
La qualité croissante des produits permet de mieux tromper le consommateur et augmente les dangers que les produits contrefaits peuvent lui faire courir, notamment en terme de santé ou de sécurité (1).
L'Asie du sud-est: le centre de l'économie parallèle.
En cette période de fêtes, il est clair que l'on peut se faire plaisir en Malaisie, les gens peuvent s'offrirent très facilement une imitation de montre « swatch », ou bien une bonne copie de sac « Louis Vuitton », ainsi que du faux parfum « Hugo Boss ». On pourrait hésiter entre les copies DVD du dernier « Seigneur des anneaux » et le CD-Rom « Encarta 2003 »... à bas prix. On a l'embarras du choix sur des produits relativement chers en Occident.
L'Asie est une zone classée « rouge » dans le domaine de la contrefaçon. En trois ans, les saisies européennes ont augmenté de 900 %, le nombre d'articles contrefaits pris atteignant 94 millions d´euros en 2001. « L'Asie mérite grande attention à double titre : comme première zone de production mais aussi comme importante source de flux vers d'autres marchés que le sien » (le monde 24/12/2002), indique Katharine Bostick, avocate à Singapour au sein de l'une des équipes juridiques de Microsoft spécialisées dans les questions de piraterie de logiciels. Traditionnellement, les meilleures copies de produits de luxe venaient de Corée du sud, les parfums de Taiwan, les vêtements de Thaïlande et les montres de Hongkong, mais les ateliers se déplacent au gré des pressions ou des occasions. Aujourd'hui la contrefaçon n'épargne aucun secteur : escroqueries à la carte bancaires, copies ou détournements de produits, l'imagination des faussaires est sans limite, l'essentiel pour ces derniers c'est le profit, même si cela est un danger pour les consommateurs.
L'Occident juge ce phénomène inquiétant.
Le consommateur cherche toujours le bon rapport qualité/prix, il est prêt pour cela à acheter ses cd ou K7 chez le thaïlandais du coin, ou ses parfums de haute gamme aux puces, pire encore à acheter ses médicaments ou autres produits alimentaires dans des boutiques vendant des produits non certifiés, cela devient un véritable danger majeur pour le consommateur lorsque le domaine alimentaire ou médical sont touchés. L'acheteur prend le risque de tomber sur une mauvaise copie. Son aspirine ou ses pneus de voiture peuvent aussi être des copies, à son insu cette fois et le consommateur n'y voit guère d'inconvénient pourvu que le rapport qualité/prix soit honnête.
C'est dans ce contexte que les grandes marques mondiales mènent la guerre contre la contrefaçon et la piraterie à travers le monde, et plus particulièrement en Asie.
Depuis que les raids et les saisies se multiplient en Thaïlande et en Malaisie, ateliers et chaînes de fabrication sont apparus au Cambodge, au Laos et en Birmanie.
La Malaisie, longtemps restée fort discrète, est toutefois désormais perçue comme une plaque tournante dans la région, grâce à ses liens privilégiés tant avec la Chine et l'Inde (de par ses communautés ethniques) qu'avec la plupart des pays musulmans et les Etats-Unis (60 % de ses exportations). Mais pour la Malaisie, il est clair que la contrefaçon est un moyen de s'approprier des savoir-faire et d'entrer dans une nouvelle phase de développement.
Depuis que l'Occident met la pression a l'Asie du sud -est, celui-ci soucieux de son image a l'extérieur et tente de faire des efforts pour combattre ce phénomène. De nouvelles lois, des équipes de police renforcées, de nouveaux tribunaux spécialisés, des cellules de crise et des lignes téléphoniques de dénonciation se mettent progressivement en place, notamment à Singapour, à Kuala Lumpur et à Bangkok.
Mais 'au fond, ces pays ont des problèmes plus importants à régler ; et s'ils font ce qu'il faut pour montrer leur bonne volonté, un certain nombre de mesures efficaces tardent à être prises', commente un analyste.
La bataille est loin d'être gagnée pour les entreprises occidentales, victimes de cette économie parallèle et qui n'ont pas d'autre solution que de s'impliquer directement, soit individuellement soit par le biais de collectifs (comité Colbert, BSA, etc.), dans la lutte contre les contrefacteurs, en collaboration plus ou moins satisfaisante avec les autorités locales.
Ainsi certaines associations jouent sur la sensibilisation : 'La contrefaçon est passible de 2 ans de prison et 65 000 euros d'amende. Sensibilisons ensemble le grand public aux dangers de la contrefaçon car une meilleure information du consommateur vise à limiter les risques de tromperies induits par la contrefaçon qui atteint aujourd'hui l'ensemble des secteurs d'activités (électroménager, logiciel, jouet, horlogerie, pharmacie, tabac, outillage, maroquinerie, textile …) et qui transite par le nord de l'Europe.' rappelle l'Union des fabricants en France.
Cependant, la source de cette 'économie illicite ' s'avère difficile à démanteler lorsque celle-ci est bien organisée. Ainsi, lorsque l'on sait que les composants de montres peuvent être produits à Hongkong, assemblés au Cambodge, emballés en Thaïlande, puis envoyés en Malaisie pour être vendus ou réexportés en Afrique avant de pénétrer l'Europe, par exemple, il y a un besoin urgent d'une coordination internationale dans la lutte contre ces trafics illégaux. Enfin, on estime aujourd'hui que le chiffre d'affaires de la contrefaçon et du piratage à l'échelle mondiale varie, en fonction des études, de 130 milliards à 250 milliards d’euros.
1- chiffres : UNION DES FRABRIQUANT juin 2001