Les musulmans s’organisent et ils le font savoir par l’intermédiaire de leur ministre chargé des cultes : Nicolas Sarkosy, qui leur a rendu visite le week-end du 29 et 30 mars. De l’UNESCO, où se déroulait le congrès de la Fédération française des associations islamiques d'Afrique, des Comores et des Antilles (FFAIACA) aux Mureaux, où se tenait une réunion du conseil des imams, Nicolas Sarkosy est allé prêcher la bonne parole.
Le congrès de la FFAIACACe congrès s’est tenu samedi dans un lieu symbolique : « la maison de l’UNESCO », signe d’une journée placée sous le signe de la fraternité et de la convivialité. Les membres de la consultation étaient conviés à ce congrès, qui se voulait être un lieu de débats et de réflexion sur le futur conseil français du culte musulman et sa version régionale : le conseil régional du culte musulman. Les rivalités ont été mises au placard. Chems-eddine Hafiz, avocat à la cour et représentant de la mosquée de Paris dans cette consultation et Fouad Alaoui, secrétaire général de l’UOIF (Union des Organisations Islamiques de France) se sont félicités de la mise en marche de ces élections et ne veulent pas entrer dans la polémique. Pas d’enjeux politiques ni de campagne électorale, nous ont confié les deux représentants. « A la suite de ces élections, il n’y aura ni gagnant, ni perdant » affirme Fouad Alaoui. D’autres représentants de la consultation étaient présents : Mohammed Bechari de la FNMF, Fédération Nationale des Musulmans de France, Aziz Mohammed, conseiller pour la mosquée d’Evry et un représentant de la branche foi et pratique, Mohcen Hammami. Le ministre de l’intérieur, chargé des cultes s’est ensuite exprimé, le public fut charmé et l’a acclamé par des « takbir : Allahou Akbar !» La FFAICA a remercié le ministre de cette visite avec des chants spirituels africains fredonnés par un groupe de femmes vêtues à la traditionnelle.
Et aux Mureaux, le IV ème congrès du conseil des imams
Dans l’après-midi, c’est au tour du IVème congrès du conseil des imams de recevoir la visite de M. Sarkozy, première visite historique d’un ministre de l’intérieur. Allocution du ministre autour de certains thèmes cruciaux de la communauté musulmane en France : la laïcité, qu’il considère être comme la « neutralité des religions », la guerre en Irak et la crainte d’une répercussion en France bien que cette guerre ne soit pas la guerre de la France, a insisté le ministre qui a reconnu à l’Islam toute sa place dans la république, comme il l’avait souligné lors du congrès de la FFAIACA en affirmant que l’on ne pouvait exclure une religion de la république, allant même jusqu’à dire que porter une foi est même souhaitable.
Environ deux cent cinquante imams, venus de toute la France, étaient présents à ce congrès.
Le Cheikh Dhaou Meskine, président du conseil des imams, imam de la mosquée de Clichy-sous-bois et directeur du premier collège musulman « réussite », se félicite de la présence du ministre chargé des cultes et de la lettre envoyée par Dalil Boubakeur, recteur de la mosquée de Paris. Certains imams n’ont pu se déplacer. En effet, certains prennent part aux élections du CFCM (Conseil Français du Culte Musulman) et ont été retenus par des réunions de travail. D’autre part, le cheikh Dhaou nous explique que tous les imams ne peuvent se payer un week-end à Paris, réalité qui révèle la précarité des imams de France.
Deux rencontres pour une représentativité
A travers ces deux rencontres de ce week-end, deux instances de la communauté musulmane sont mises sous les projecteurs. Tout d’abord le conseil français du culte musulman, reconnu par l’Etat, qui va élire ses représentants les 6 et 13 avril, et le conseil des Imams, en voie de reconnaissance ou tout du moins premier pas d’un intérêt croissant du ministère pour ce conseil.
Le CFCM va se constituer dans les prochaines semaines à la suite des élections, et le culte musulman sera doté d’une instance représentative. Mais au-delà du culte, le CFCM se veut être la voix des musulmans, le représentant des musulmans de France. Confusion des genres qui devrait s’éclaircir au fil des mois voire des années.
Le Conseil des Imams, fondé en 1992, a une vocation de complémentarité vis-à-vis du conseil français du culte musulman, selon le cheikh Dhaou Meskine, son fondateur. En effet, M. Dhaou constate que cette consultation ne comprend pas d’Imams. Le conseil des Imams viendrait donc palier ce manque en se chargeant des questions théologiques tandis que le CFCM s’occuperait des tâches relatives au culte proprement dit.