Religions

Victime de son succès, l’IESH de Paris à la recherche d'une pérennité financière

Rédigé par | Lundi 19 Décembre 2016 à 12:55

Quinze ans après sa création, l'Institut européen des sciences humaines (IESH) de Paris a vu sa notoriété se renforcer à l'heure où la formation théologique en France est au cœur de nombreuses attentions, politiques compris. Alors que l'établissement a couronné en grande pompe une nouvelle promotion de cadres religieux début décembre, il cherche de nouveaux moyens de se renouveler à travers un projet ambitieux alliant enseignement et waqf afin d'assurer une pérennité financière pour l'IESH.



Une cérémonie en l'honneur des diplômés de l'IESH de Paris a été organisée, jeudi 1er décembre, en présence de nombreux représentants de fédérations musulmanes. © IESH Paris
Une cérémonie en l’honneur des imams et des personnes ayant mémorisé intégralement le Coran (hoffaz) issus des formations de l’Institut européen des sciences humaines (IESH) de Paris a été organisé, jeudi 1er décembre, dans les locaux de l’établissement, basé à Saint-Denis et dirigé par Ahmed Jaballah.

Pour l’occasion, de nombreuses personnalités ont fait le déplacement. Etaient présents des représentants d’organisations musulmanes à l'instar d'Amar Lasfar, président de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF) à laquelle est liée l'IESH, Anouar Kbibech, président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Djelloul Seddiki, directeur de l’institut Al Ghazali et représentant de la Grande Mosquée de Paris, et Ayse Senol, représentante du Millî Görüş en Ile-de-France. Des représentants de l’Institut Catholique de Paris mais aussi du bureau des cultes du ministère de l’Intérieur étaient des leurs, ainsi que Jean Courtaudière, délégué diocésain en charge des relations avec les musulmans en Seine-Saint-Denis .

L'engagement de plusieurs étudiants illustré

Au total, ce sont une trentaine d’étudiants en théologie et en sciences appliquées au Coran qui ont été mis à l’honneur. Pour valoriser l’apport de l’IESH dans la formation des cadres musulmans en France depuis près de 15 ans, quatre portraits vidéos d’anciens et actuels étudiants engagés au sein de diverses mosquées et écoles musulmanes ont été présentés.

Parmi eux, Hounaida Cherifi, une étudiante en théologie musulmane qui est enseignante de sciences islamiques auprès d’un public adolescent au sein de la mosquée de Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis), et Belgacem Ben Said, imam et enseignant de la mosquée Assalam de Nantes (Loire-Atlantique).


« Il est important de rappeler que, de nos jours et plus particulièrement dans la société française, l’officier religieux est amené à intervenir dans une sphère débordant le cadre de sa fonction première », souligne l’IESH. « Ce faisant, il est à la croisée du tissu social englobant certes la dimension religieuse mais aussi et surtout la société civile dans son ensemble. Ainsi, il participe activement à l’éducation des plus jeunes de la même manière qu’il propose un accompagnement spirituel aux fidèles. Son rôle pluriel fait parfois de lui un médiateur interculturel et social. Par conséquent, il est primordial qu’il puisse concilier sa formation théologique avec une compréhension véritable de l’environnement européen dans lequel il évolue. »

Face à une demande croissante d'étudiants, l'IESH a lancé un projet d'agrandissement de ses locaux visant à tripler sa capacité d'accueil. Pour Ammar Rouibah, chargé du développement des ressources, le projet répond « à trois défis ». « On en est au point de refuser des étudiants. Plus d'étudiants diplômés signifie plus de personnes qualifiées pour la communauté », indique-t-il. L’IESH souhaite, en outre, développer un centre de recherche mais aussi et surtout assurer l'autofinancement du projet et sa pérennisation à travers le waqf, une donation perpétuelle d’utilité publique. Jusqu'à présent, seuls les frais de scolarité permettent à l’IESH de financer son fonctionnement.

Un projet, deux sites, trois défis

La façade de l'IESH telle que conçue dans le projet.
A cette fin, le projet se répartit sur deux sites qui couvrent au total 8 000 m². Le premier site demeure à Saint-Denis, sur le lieu même de l’établissement, où va se construire deux bâtiments sur cinq et neuf étages qui coûtent respectivement « 7, 5 et 8 millions d’euros ». Pour financer l’enseignement, plusieurs activités générant des revenus pourront y être mises en place, espèrent les dirigeants de l’IESH. En vrac : un centre médical, une salle de sport, une librairie, un restaurant ou encore la location de bureaux et de logements.

C’est d’ailleurs dans le second site, situé à La Courneuve, que va se construire une résidence étudiante qui comptera 25 studios sur un terrain dont l’IESH est déjà propriétaire. Sur les 1,5 millions d'euros que nécessite ce projet, 900 000 € ont d’ores et déjà été collectés, nous signale Ammar Rouibah. Grâce au permis de construire obtenu en novembre 2015, il espère le lancement des travaux courant de l’année 2017. Un booster, à terme, du projet waqf qui sera scruté par les autres centres de formations et dont les étudiants sont appelés à être « des ambassadeurs ».



Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur