Sur le vif

Washington aurait tenté de retarder l'exécution

Rédigé par Laila Elmaaddi | Mardi 2 Janvier 2007 à 00:04



Zalmay Khalilzad, ambassadeur des Etats-Unis à Bagdad, a vainement demandé au Premier ministre irakien de repousser de deux semaines l'exécution de Saddam Hussein, pendu samedi dernier, a affirmé lundi à Reuters un haut responsable irakien.

"Les Américains voulaient faire repousser l'exécution de quinze jours, ils ne voulaient pas que cela se fasse si vite", a précisé ce responsable qui a requis l'anonymat.

"Mais dans la journée (de vendredi) le bureau du Premier ministre a fourni tous les documents que réclamaient les Américains et ceux-ci ont changé d'avis quand ils ont vu que le Premier ministre était intraitable. Après, il n'y avait plus qu'à régler les détails."

L'ambassadeur américain demandait notamment à voir un décret signé du président Jalal Talabani autorisant l'exécution et l'arrêt de mort signé de la main du Premier ministre.

Finalement, il s'est laissé convaincre qu'un décret présidentiel n'était nullement nécessaire dans ce cas. Quant au Premier ministre, le chiite Nouri al Maliki, la télévision irakienne l'a montré signant à l'encre rouge l'arrêt de mort de l'ancien raïs sunnite.

La date choisie pour l'exécution coïncidant avec la grande fête musulmane de l'Aïd al Adha, des voix s'étaient élevées pour demander son report, comme cela se faisait du temps de Saddam. Un collège de religieux a assuré au gouvernement que l'Aïd n'empêchait pas la mise à exécution de la sentence.

L'ambassade des Etats-Unis s'est refusée à commenter ces informations.

Les forces américaines ont remis Saddam Hussein aux autorités irakiennes au dernier moment, juste avant l'exécution à l'aube samedi, après des négociations entre Maliki et des responsables américains, a-t-on précisé de sources gouvernementales irakiennes.

Une vidéo de l'exécution de Saddam, apparemment prise avec un téléphone portable et diffusée sur Internet, a provoqué la colère de la communauté sunnite.

On y entend notamment des gardiens lancer des sarcasmes à l'ancien président et scander le nom de l'imam chiite Moktada al Sadr, dont le père a été assassiné en 1999, probablement par des agents de Saddam.

"Il y a eu quelques gardiens qui ont scandé des slogans, et ce n'était vraiment pas le moment... Le gouvernement a ouvert une enquête sur ces agissements", a déclaré lundi à Reuters Sami al Askari, conseiller du Premier ministre et qui était présent lors de l'exécution.

"Ces gens-là ont porté préjudice à l'image des partisans de l'imam Sadr. Cela n'aurait jamais dû se produire. Avant d'entrer dans la salle, nous nous étions en plus mis d'accord pour que personne ne prenne de téléphone portable", a-t-il ajouté.

Aucun Américain n'était présent dans la salle où a eu lieu l'exécution, a souligné Askari.