Société

Y'a Bon Awards 2013 : le racisme renforcé par « une xénophobie d'Etat »

Rédigé par Maria Magassa-Konaté | Dimanche 9 Juin 2013 à 11:13

Les Y'a Bon Awards de retour ! La cinquième édition de la cérémonie* récompensant les auteurs des pires déclarations racistes de l'année se tient, lundi 10 juin, au Cabaret Sauvage, à Paris. A quelques heures de connaître les noms de ceux qui recevront une banane d'or, Mireille Fanon Mendès-France, membre du jury des Y'a Bon Awards, analyse pour Saphirnews le climat de racisme actuel. Experte du groupe de travail sur les Afro-descendants au Conseil des droits de l'homme de l'ONU, elle est aussi la présidente de la Fondation Frantz-Fanon, dont elle est la fille.



Y'a Bon Awards 2013

Saphirnews : Pourquoi avez-vous accepté d’être membre du jury des Y’a Bon Awards 2013 ?

Mireille Fanon Mendès-France : Premièrement, c’est d’abord un plaisir de participer à de telles actions car le racisme n’a jamais quitté les lieux de la vie sociale et politique. Ensuite, force est de constater qu’il y a une réelle montée du racisme avec, dans l’espace public, de nouvelles formes de racisme renforcées par une xénophobie d’Etat et les discours de certains intellectuels. Cela crée de la division dans la société et fait que les gens sont assignés à une communauté ou à une autre. L’une de nos obligations et de nos devoirs est de s’opposer à ce climat et de s'arc-bouter contre tout ce qui constitue division, marginalisation et exclusion.

Comment expliquez-vous cette montée du racisme ?

Mireille Mendès-France.
Mireille Fanon Mendès-France : Elle s’explique par la crise économico-financière et politique que nous traversons tous. Mais en France, il ne faut pas oublier que l’histoire de la colonisation est loin d’être soldée et que l’impossibilité de nombreux politiques à gérer le changement de la société française ont de lourdes conséquences. Ces éléments et certainement d’autres font que, pour nombre de personnes vivant en France, il y a une vraie croyance à se croire supérieur aux autres. Dans l’inconscient collectif français, il y a une essentialisation de la « race ».

Que pouvez-vous d'ores et déjà nous dire des lauréats ?

Mireille Fanon Mendès-France : Je ne peux rien vous dire. II nous a été demandé de ne rien dévoiler. Mais les propositions étaient très pertinentes et nombreuses. Du coup, j’ai dû choisir un élément commun à toutes les propositions. Je me suis décidée à choisir des personnes qui développent une approche de la religion musulmane fondée sur une méconnaissance et une ignorance de cette religion, faisant d'office des procès en sorcellerie à ceux et à celles qui assument leur religion. Elles instrumentalisent, en le mésinterprétant, le concept de la laïcité de façon à le faire entrer dans leur volonté de diviser la société française.


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* Les lauréats des Y'a Bon Awards 2013 seront connus lundi 10 juin au soir lors d'une cérémonie au Cabaret Sauvage, à partir de 19 h 30. Plus d'informations ici