Société

Y'a Bon Awards : une cérémonie « d’utilité publique » contre le racisme

Rédigé par | Vendredi 5 Juin 2015 à 13:00

Les Y'a Bon Awards sont de retour ! Après une absence de deux ans, la 6e édition de cette cérémonie, qui récompense avec humour le pire des paroles racistes pour mieux les dénoncer, est de nouveau organisée à Paris. A quelques jours des Y'a Bon Awards, les Indivisibles, aux commandes de l'initiative antiraciste, présentent une démarche qui s'inscrit dans un contexte de crispation identitaire après les attentats commis à Paris en janvier.



Les Y'a Bon Awards 2015 de retour. De droite à gauche : Amadou Ka, président des Indivisibles, Mathieu Longatte, animateur de la cérémonie, et Rokhaya Diallo, membre de l'association antiraciste. © Saphirnews / HBR
Les Indivisibles sont prêts pour le 12 juin. Lors d'une conférence de presse qui s’est tenue au Paname Art Café, en plein Paris, jeudi 4 juin, l’association a présenté à la presse la 6e édition des Y'a Bon Awards. Celle-ci « s’inscrit dans un contexte assez lourd » pour Amadou Ka, qui parle volontiers d'une initiative « d’utilité publique », « dans le sens où nous usons de notre liberté d'expression pour pouvoir pointer du doigt ceux qui tiennent des propos racistes », explique celui qui préside l'association depuis janvier 2014.

« Comment nier que la parole raciste n'a pas pris plus d'ampleur ? », déclare-t-il face à la quinzaine de journalistes qui ont répondu présents au petit-déjeuner.

La liberté d’expression pour tous

« Parce qu’on cumule deux ans », le travail de sélection des paroles racistes, trop nombreuses, a été « fastidieux », note Amadou Ka. Au final, ce seront (seulement) cinq personnalités qui seront récompensées par une banane d’or remise par un jury « éclectique et paritaire » composé de 16 personnes dont fait partie cette année le rappeur Médine qui pense qu'Alain Soral mériterait amplement une place aux Y’a Bon Awards… Le chercheur Julien Salingue le précède au micro, déclarant que, depuis, janvier, on assiste à « une espèce de chasse aux sorcières ».

« En France, on piétine les minorités et, aux moindres soubresauts, on les taxe d’agressivité », estime Matthieu Longatte, auteur des vidéos « Bonjour tristesse ». « La stigmatisation des minorités pénalise tout le monde », poursuit le successeur de Raphaël Yem à l'animation de la soirée.

Pour Rokhaya Diallo, l’objectif des Y’a Bon Awards n’est aucunement de perdurer dans le temps mais ils sont « l’expression dune atmosphère lourde ». « Notre liberté d’expression est aussi importante que celle des autres », dit l'ex-présidente des Indivisibles, qui rappelle que l'association a été durement attaquée après les attentats de janvier. La liste est longue mais une personnalité est citée : Jeannette Bougrab, vraie fausse compagne de Charb qui déclarait en janvier que Les Indivisibles sont « coupables » de la tragédie qui a secoué la rédaction de Charlie Hebdo... Le rapport, on peut la chercher longtemps : il n'y en a pas.

Compiler pour attester de l’ampleur du racisme

Outre la presse, la TV et la radio, Twitter sera aussi de la partie cette année. Un choix nouveau qui illustre l’impact de ce réseau social dans le monde médiatico-politique et atteste d'une libération de la parole raciste et xénophobe.

Pour mettre en appétit le public, un teaser, sur fond de générique de « La guerre des mondes » de Star Wars, est désormais en ligne. Il rappelle, entre autres, les paroles nauséabondes de Roger Cukierman, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), sur les jeunes musulmans ou de Philippe Tesson, pour qui les musulmans sont « responsable de la merde en France ».

Peu d’éléments sur les catégories et les nominés ont été divulgués mais des personnalités controversées comme Caroline Fourest, qui taclent régulièrement les Indivisibles, ne manqueront pas d'être mentionnées.

Comme les années précédentes, ces dernières sont invitées à se rendre à la cérémonie, assure-t-on. Christophe Barbier, en 2013, s'y était rendu, le premier des lauréats de l'histoire des Y'a Bon à avoir répondu à l'invitation. L’occasion est alors donnée aux organisateurs de les mettre face à leurs torts, « même s’il y a des propos qui méritent plus une réponse pénale que humoristique », rappelle Matthieu Longatte. Rendez-vous est donné au public vendredi 12 juin au Cabaret Sauvage pour une soirée qui annonce des surprises.



Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur