Alors que l'année musulmane 1445 débute mercredi 19 juillet, les ONG et autres institutions islamiques se préparent à recevoir la zakat al-maal, l'aumône légale à laquelle les musulmans qui en ont les moyens sont soumis.
L'or est la valeur massivement adoptée par les organisations religieuses en France et ailleurs dans le monde pour définir le nissab, la somme minimum à partir de laquelle les fidèles de l'islam savent s'ils doivent ou pas s'acquitter de la zakat. Et pourquoi n'utiliserait-on pas plutôt le nissab d'argent ? La différence est en effet flagrante.
Alors que le nissab indexé sur le cours de l'or est aujourd'hui de 4 759 € sur la base de 85 grammes d'or 24 carats, le nissab indexé sur le cours de l'argent, sur la base de 595 grammes, est équivalent à... 422 €. D'un cours à un autre, le seuil minimum de richesse est ainsi divisé par onze, ce qui démultiplie en principe le nombre de musulmans devant s'acquitter de la zakat al-maal. Une raison sur laquelle se fonde le Conseil théologique musulman de France (CTMF) pour recommander « vivement » aux musulmans d'opter pour l'argent pour le calcul du nissab de la zakat.
Le débat n'est pas nouveau mais le voici remis sur la table de la réflexion en France. L'organe théologique souligne, dans un avis religieux (fatwa) adressé en cette fin d'année 1444, « le contexte historique actuel, marqué par la cherté de la vie, la précarité et la grande pauvreté, où le cours de l'or a atteint des sommets, contrairement à celui de l'argent qui reste stable et bas ».
La logique se veut implacable pour le CTMF. En optant pour le nissab d'or, « la somme distribuée aux pauvres diminue considérablement. En revanche, l'adoption du nissab d'argent produit l'effet inverse, avec davantage de ressources provenant de la zakat pour les personnes dans le besoin ». Il s'agit d'une « solution simple et efficace qui profite aux pauvres sans nuire aux riches ».
L'or est la valeur massivement adoptée par les organisations religieuses en France et ailleurs dans le monde pour définir le nissab, la somme minimum à partir de laquelle les fidèles de l'islam savent s'ils doivent ou pas s'acquitter de la zakat. Et pourquoi n'utiliserait-on pas plutôt le nissab d'argent ? La différence est en effet flagrante.
Alors que le nissab indexé sur le cours de l'or est aujourd'hui de 4 759 € sur la base de 85 grammes d'or 24 carats, le nissab indexé sur le cours de l'argent, sur la base de 595 grammes, est équivalent à... 422 €. D'un cours à un autre, le seuil minimum de richesse est ainsi divisé par onze, ce qui démultiplie en principe le nombre de musulmans devant s'acquitter de la zakat al-maal. Une raison sur laquelle se fonde le Conseil théologique musulman de France (CTMF) pour recommander « vivement » aux musulmans d'opter pour l'argent pour le calcul du nissab de la zakat.
Le débat n'est pas nouveau mais le voici remis sur la table de la réflexion en France. L'organe théologique souligne, dans un avis religieux (fatwa) adressé en cette fin d'année 1444, « le contexte historique actuel, marqué par la cherté de la vie, la précarité et la grande pauvreté, où le cours de l'or a atteint des sommets, contrairement à celui de l'argent qui reste stable et bas ».
La logique se veut implacable pour le CTMF. En optant pour le nissab d'or, « la somme distribuée aux pauvres diminue considérablement. En revanche, l'adoption du nissab d'argent produit l'effet inverse, avec davantage de ressources provenant de la zakat pour les personnes dans le besoin ». Il s'agit d'une « solution simple et efficace qui profite aux pauvres sans nuire aux riches ».
Continuer à privilégier l'or sur l'argent, un choix « contraire à l'esprit de la zakat »
Le nissab d'argent fait l'unanimité des savants depuis les premiers siècles de l'islam. « À l'époque prophétique, le nissab pour l'or et l'argent était identique », l'équivalent de vingt brebis, soit 3 400 €, mais, au fil de l'histoire, force est constater que la valeur de l'or a explosé, tandis que celle de l'argent a bel et bien chuté, pour atteindre aujourd'hui l'équivalent de 33 brebis pour le premier contre trois pour le second, affirme le CTMF.
« Face à cette réalité, certains érudits musulmans ont recommandé, au cours du siècle dernier, l'adoption du nissab d'or, car il a conservé sa valeur contrairement à celui d'argent », fait part l'instance dans sa fatwa.
C'est le cas du cheikh Yusuf Al-Qaradawi, qui a acquis une notoriété mondiale grâce, entre autres, à ses travaux sur la zakat. Ils ont largement contribué à imposer l'or comme le métal de référence pour le calcul de l'impôt social purificateur dans le monde musulman, au détriment de l'argent, note auprès de Saphirnews le vice-président du CTMF, le théologien Mohamed Najah,. « Jusqu'à récemment, au CTMF, nous étions aussi convaincus des arguments plaidant en faveur du nissab sur l'or. Nous avons rouvert le débat au vu des sommets atteints par le cours de l'or et nous avons fini par changer d'avis. »
« Face à cette réalité, certains érudits musulmans ont recommandé, au cours du siècle dernier, l'adoption du nissab d'or, car il a conservé sa valeur contrairement à celui d'argent », fait part l'instance dans sa fatwa.
C'est le cas du cheikh Yusuf Al-Qaradawi, qui a acquis une notoriété mondiale grâce, entre autres, à ses travaux sur la zakat. Ils ont largement contribué à imposer l'or comme le métal de référence pour le calcul de l'impôt social purificateur dans le monde musulman, au détriment de l'argent, note auprès de Saphirnews le vice-président du CTMF, le théologien Mohamed Najah,. « Jusqu'à récemment, au CTMF, nous étions aussi convaincus des arguments plaidant en faveur du nissab sur l'or. Nous avons rouvert le débat au vu des sommets atteints par le cours de l'or et nous avons fini par changer d'avis. »
La conception de la richesse en islam au coeur des débats
Mais peut-on se considérer comme riche en ayant réussi à épargner au minimum 422 € dans l'année ? « Il est nécessaire de préciser que lorsque nous parlons du nissab d'argent, cela ne signifie pas qu'une personne possédant cette somme est considérée comme riche au sens absolu, répond le CTMF. Néanmoins, il ne s'agit pas d'un salaire mensuel de 422 €, ce qui indique un niveau de pauvreté. Au contraire, il s'agit d'une épargne qui reste égale ou supérieure à 422 € pendant une année entière, en plus des besoins de base tels que le loyer, la nourriture, les vêtements. », ce qui permet à l'épargnant de verser tout compte fait 10,55 € au minimum pour un des huit ayant-droits à la zakat al-maal. Pas de quoi l'appauvrir.
Lire aussi sur la zakat al-maal : Le sens de la richesse et de la pauvreté en islam
En 15 ans, l'or a pris 366 %, passant de 1 300 € en 2007 à 4 759 € aujourd'hui. Pourtant, « les salaires n'ont pas connu une telle hausse en si peu de temps. Ainsi, une personne qui gagnait un salaire de 2 000€ en 2007 n'a pas atteint aujourd'hui 7 320€. Cela signifie que de nombreux musulmans qui étaient au-dessus du seuil de richesse à l'époque (1 300€) et qui payaient leur zakat al-maal sont maintenant en dessous du seuil de richesse actuel (4 759€) et ne sont donc plus tenus de payer la zakat », souligne le CTMF. Ce sont donc potentiellement des millions d'euros qui ne sont pas redistribués aux bénéficiaires de la zakat, une obligation qui fait partie des cinq piliers de l'islam.
« Jusqu'aux débuts des années 2000, la valeur de l'or était correcte. C'est après qu'elle a augmenté de façon exponentielle. Mais si la valeur de l'or a augmenté et l'argent a diminué, pourquoi continuer à privilégier l'or comme métal de référence ? », interroge Mohamed Najah, pour qui « la prescription de la zakat a été établie dans le but de lutter contre la pauvreté et l'adoption du nissab d'or va aujourd’hui à l'encontre de cette finalité ».
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« Jusqu'aux débuts des années 2000, la valeur de l'or était correcte. C'est après qu'elle a augmenté de façon exponentielle. Mais si la valeur de l'or a augmenté et l'argent a diminué, pourquoi continuer à privilégier l'or comme métal de référence ? », interroge Mohamed Najah, pour qui « la prescription de la zakat a été établie dans le but de lutter contre la pauvreté et l'adoption du nissab d'or va aujourd’hui à l'encontre de cette finalité ».
Le débat ouvert
Il ne s'agit pas, pour le CTMF, d'exclure l'or du calcul du nissab car « il est légiféré » mais « c'est aux gens de sciences, à chaque époque, de voir ce qui est le plus compatible avec l'esprit de l'islam », de sorte à continuellement « faire profiter les pauvres », signale-t-il.
Les musulmans de France finiront-ils alors par adopter massivement le nissab d'argent - le plus bas par rapport à l'or - pour l'évaluation de la zakat al-maal ? Si le CTMF formule le voeu de voir son avis être adopté par des conseils de fatwas dans le monde, le Conseil français du culte musulman (CFCM) ne veut pas trancher.
Ce dernier a rappelé lundi 17 juillet, à l'occasion de l'annonce de la nouvelle année hégirienne 1445, avoir « fait le choix de respecter les différents avis des écoles musulmanes » sur la question et « laisse à chacun la possibilité de se référer à l’avis religieux qui correspond à son choix en matière de jurisprudence » : un nissab correspondant à la valeur de 85 grammes d’or 24 carats ou de 595 grammes d’argent pur.
Dans les deux cas, « si l’épargne d’une personne, sur une année lunaire, atteint le nissab, elle doit s’acquitter de 2,5 % (soit 1/40e) du montant total de son épargne en le versant notamment aux plus démunis ».
Mise à jour : La Grande Mosquée de Paris et Musulmans de France ont fait savoir, mardi 18 juillet, que, selon leur avis théologique, l’or est la « seule référence pour calculer le nissab de la zakat al-maal concernant la monnaie fiduciaire, en l’occurrence l’euro pour les musulmans de France » et que « le calcul du nissab doit se baser sur le cours actuel de l’or ». Pour ces deux organisations musulmanes, le montant du nissab pour le début de l'année 1445 est donc de 4 750 €.
Pour télécharger l'application @saphirnews en un clic, c'est par ici
Lire aussi :
Muharram 1445 : la date du nouvel an musulman annoncée, l'heure de payer la zakat en vue
Tout savoir sur la zakât
La philosophie de la zakât
Et aussi :
Abderrahmane Lahlou : « La zakât joue un rôle dans le développement économique et social »
Tareq Oubrou : « Philosophie du don : la vocation de l’islam est d’allier spiritualité et solidarité »
Combattre la pauvreté dans le monde : un devoir religieux de tout-e musulman-e
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Dans les deux cas, « si l’épargne d’une personne, sur une année lunaire, atteint le nissab, elle doit s’acquitter de 2,5 % (soit 1/40e) du montant total de son épargne en le versant notamment aux plus démunis ».
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