Société

Zaki Chairi : « L'humour pénètre les cœurs mais aussi la raison » (vidéo)

Rédigé par | Jeudi 5 Février 2015 à 06:05



Humour. « Radicalisation djihadiste, les premiers signes qui peuvent alerter. » Très vite après la diffusion de la liste, des jeunes radicalisés ont été repérés puis envoyés sans attendre dans un centre de recherche unique en Europe. Spécialisé dans la déradicalisation, il a été mis sur pied par le gouvernement pour apprendre aux malades à (ré)intégrer la société.

Au menu du programme, cinq ateliers : « apprendre à aimer la musique », « apprendre à respecter la liberté d’expression en s’amusant » avec le premier numéro de Charlie Hebdo post-7 janvier, se plier à un régime drastique de saucissons de porc, se raser et, enfin, « l’isoloir » pour apprendre à respecter la minute de silence.

« Le phénomène est assez nouveau donc on ne sait pas bien ce qu’il faut faire avec ces jeunes mais on a des renforts qui sont venus, de grands spécialistes d’un centre de recherche à Guantanamo », lance le - faux - médecin en chef. Découvrez le résultat !

En Belgique, on a l’art de savoir tourner en dérision la campagne du gouvernement français contre le jihadisme et son infographie ouvrant la voie à des stigmatisations vis-à-vis des musulmans. A l’écran, dans le rôle du chef de l’unité spéciale antiradicalisation, on découvre Zaki Chairi, un jeune comédien qui cumule dans la vie bien des activités. Professeur de formation, il est un des responsables des scouts et guides musulmans de Bruxelles (Les Fourmis) et animateur radio sur la radio communautaire AraBel FM.

Du haut de ses 27 ans, Zaki Chairi a de l’énergie et de l’humour à revendre mais aussi bien des messages à transmettre à ses coreligionnaires et concitoyens belges, appelés à ne pas verser dans une culture de la peur de l'autre. Sa vidéo, déjà visionnée plus de 55 000 fois depuis sa publication sur YouTube lundi 2 février, a été réalisée « pour alerter les gens, surtout les pouvoirs publics, qu'ils sont en train de virer vers la folie », indique son auteur à Saphirnews. « Les musulmans en Belgique, et je pense aussi en France, sont conscients qu'il y a un problème - très minoritaire - de radicalisme. Si, par radicalisme, on parle de discours haineux et de comportements violents, évidemment qu'on sera les premiers à les combattre. » Autrement, « on se mobilisera pour défendre nos droits. Notre dignité ne sera pas sacrifiée au prix de la peur ! », lance le jeune homme. Un message qu'il a aussi décidé de marteler, mais sur un ton sérieux, à la fin de son sketch sur la déradicalisation.

C'est avec la contribution de chacun « qu'on arrivera à répondre efficacement à ces bêtises. J'ai choisi le registre de l'humour car c'est ce que je fais depuis longtemps, et la pratique du terrain m'a montré que l'humour est beaucoup plus efficace que de longs discours... L'humour pénètre les cœurs mais aussi la raison. Et si ma vidéo a pu faire rire les gens, j'espère qu'elle les amènera à réfléchir sur ce qu'ils pourraient faire, eux, à leur tour », nous dit-il.

Zaki Chairi, le reflet d’une jeunesse européenne dynamique

« L'envie de donner du sens à ce qu'on fait », c’est ce qui anime l’engagement de Zaki Chairi, y compris à travers ses vidéos humoristiques. Outre le travail mené auprès des scouts, il est aussi impliqué dans le réseau musulman EmBem (Empowering Belgium Muslims). C’est sans surprise qu’on le découvre parmi les signataires de la déclaration d’unité des musulmans de Belgique pour la citoyenneté avec de jeunes humoristes belges à l'instar d'Abdelouahid Fakir, alias Abdel en vrai, qui a su se bâtir une véritable notoriété sur la Toile depuis 2013.

« Je pense que les musulmans en Belgique étaient vraiment en attente d'une réponse forte qui émane de la communauté musulmane même, ou plutôt de ses cadres associatifs, des leaders », explique Zaki Chairi. « J'ai signé cette déclaration parce qu'à la réunion du 22 janvier j'ai vu énormément d'acteurs associatifs réunis, de tout le pays, de tout bord, de toute tendance et surtout de vrais acteurs de terrain. Pas des pantins choisis par les politiques pour nous humilier mais des gens sincères connus pour leur travail », poursuit-il. « On sentait vraiment une envie de se mouvoir en collectivité. Et je pense que nous en avions besoin, on avait besoin de sentir que, pour une fois, on allait essayer de se bouger pour un même objectif mais surtout ensemble. » Le mouvement est enclenché et l'implication soutenue de la jeunesse musulmane belge dans la dynamique est indispensable pour son développement.



Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur