Sur le vif

Zyed et Bouna : les policiers confortés dans leur défense

Rédigé par La Rédaction | Samedi 21 Mars 2015 à 06:00



Dix ans après la mort de Zyed et Bouna, électrocutés dans un transformateur EDF, la procureure adjointe de la République de Rennes, Delphine Dewailly, a demandé, jeudi 19 mars, la relaxe pour les deux policiers jugés depuis lundi pour « non-assistance à personne en danger ». « On n’apaise pas la douleur d’un drame en créant une nouvelle injustice », a justifié la procureure adjointe. Le jugement a été mis en délibéré au 18 mai.

Pendant cinq jours de débats intenses et ponctués de larmes, l’action de la police le 27 octobre 2005 a été passée au crible, depuis l’intervention sur un chantier de Livry-Gargan, jusqu’à l’électrocution de Zyed et Bouna dans un local abritant une réactance.

La semaine a été marquée par le témoignage de Muhittin Altun, mardi et mercredi, qui était avec Zyed et Bounna, seul rescapé du transformateur électrique. « J'ai des traces en moi, c'est difficile », a expliqué le jeune homme, toujours très affecté par le drame. Couvert de cicatrices à causes des brûlures qu'il a enduré, il porte aussi les traces sur lui de cette journée d'octobre 2005.

« Je n'ai aucune conscience qu'il y a un danger réel »

Autre temps fort du procès, l’examen des messages radio échangés entre Sébastin Gaillemin, qui poursuivait les jeunes, et Stéphanie Klein, la policière au standard. « S'ils rentrent sur le site EDF, je ne donne pas cher de leur peau », avait déclaré Sébastien Gaillemin, la phrase sur laquelle repose en grande partie le procès.

Ce dernier a expliqué au tribunal avoir « pris la décision de ne pas aller vers les deux individus mais de faire le tour du terrain ». N’ayant pas trouvé d’autre entrée, il n’a « aucune chance de les interpeller », cesse de les poursuivre et part interpeller d'autres jeunes. « Je ne réagis pas du tout », déclare pour sa part Stéphanie Klein, avant de fondre en larmes. « Je n'ai aucune conscience qu'il y a un danger réel à ce moment-là », affirme encore la policière.

Une centaine de manifestants se sont réunis mercredi 18 mars, dans le centre-ville de Rennes; « contre les violences policières », malgré l’interdiction du rassemblement par le préfet d’Ille-et-Vilaine. « 2005 Clichy-sous-Bois : la France s'embrase, 2015, organisons nous contre la police » pouvait-on lire sur leurs banderoles.

A l’ouverture du procès, lundi 16 mars, le président du tribunal correctionnel de Rennes, Nicolas Léger, avait tenu à préciser que ce n’était « pas le procès de la police (…) ni des émeutes ». Quatre jours après, les familles sont encore plus dépités après le réquisitoire de la procureur avec le sentiment que le tribunal est demeuré sourd à leur détresse. Le verdict est attendu en mai. Aucune plainte en appel ne pourra alors être déposée.

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