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Islamophobie : après les mots, les morts
Cher Youssef,
Je comprends votre colère et je la partage. J'ai moi-même signé, avec de nombreux amis engagés dans le dialogue interreligieux et la coexistence active, un appel à la solidarité contre l'islamophobie. Mais je ne peux adhérer aux propos que vous tenez dans cette tribune. Je les trouve excessifs. Lorsque vous dénoncez, par exemple, LES hommes politiques, LES hauts fonctionnaires et LES journalistes, le journaliste que je suis (engagé dans le dialogue des cultures et dans le respect de toutes les religions) aurait préféré que vous écriviez DES hommes politiques, DES hauts fonctionnaires et DES journalistes. On ne combat pas la haine par d'autres haines, on ne combat pas l'amalgame par d'autres amalgames. Oui, seule la lutte paie, mais de quelle lutte parlez-vous ? S'il s'agit d'une nouvelle lutte des classes ou des religions, elle ne fera qu'ajouter aux problèmes déjà existants. Moi je crois à une autre lutte : celle de l'éducation, celle de la citoyenneté, celle des consciences. Une lutte pacifique et non-violente tournée vers le respect inconditionnel de l'autre et la coexistence active. Je connais aujourd'hui de nombreux jeunes qui s'engagent dans cette voie. Il faut les encourager les encourager. Cette voie est à la fois la plus efficace (dans la durée) et la plus réaliste. Dans le climat de violence que nous connaissons aujourd'hui, nous n'avons pas besoin d'invectives. Nous avons besoin d'apprendre à nous respecter et à vivre ensemble.
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