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laïcité ou islamophobie ?

Rédigé par Bouchene Salem | Vendredi 28 Novembre 2003 à 00:00

Le port du foulard à l’école, notamment avec l’affaire des sœurs Lévy, et dans les institutions publiques a relancé le débat sur la laïcité en cette fin d’année 2003. Depuis, les déclarations à caractère raciste à l’endroit des musulmans et de l’Islam ont coulé à profusion. Une étude de la Commission nationale consultative des Droits de l'homme (CNCDH), dont une copie est parue ce mercredi 26 novembre, reconnaît l’existence d’un racisme anti-musulman.



Le port du foulard à l’école, notamment avec l’affaire des sœurs Lévy, et dans les institutions publiques a relancé le débat sur la laïcité en cette fin d’année 2003. Depuis, les déclarations à caractère raciste à l’endroit des musulmans et de l’Islam ont coulé à profusion. Une étude de la Commission nationale consultative des Droits de l'homme (CNCDH), dont une copie est parue ce mercredi 26 novembre, reconnaît l’existence d’un racisme anti-musulman.

 

 

Une islamophobie ambiante

Depuis le 11 septembre 2001, il ne se passe plus un jour sans que l’Islam et les musulmans fassent l’objet d’un article ou d’un reportage. Le débat autour du voile à l’école et dans les institutions publiques, supposé remettre en cause le principe de la laïcité, a accentué ce phénomène. Mais force est de constater que nombre de ces articles et reportages sont le vecteur de déclarations violentes et racistes à l’endroit des citoyens de confession musulmane.

A coup de surenchère sensationnelle qui associe quasi systématiquement Islam et intégrisme ou Islam et terrorisme, ces médias s’adonnent  à une rage islamophobe.

Constatant que depuis quelques mois, des actes de violence ont touché des symboles religieux musulmans, que des 'livres haineux' et certains médias appellent à la haine de l’Islam, la CNCDH - organe placé auprès du Premier ministre composé de représentants des associations et de l'administration - a cherché à savoir si un racisme spécifique touchait désormais les musulmans.

Les faits de violence comme les réactions hostiles dans le débat sur la place de l'Islam dans la société française sont bien réels. Et les conclusions de l’étude de la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH), qui devrait être publiée dans le rapport annuel en mars 2004, le confirme. Ainsi la CNCDH reconnaît l’existence d’un racisme anti-musulman en augmentation constante. Pour les auteurs de cette étude, il s'agirait 'd'une peur irraisonnée et un rejet total de l'islam à la fois comme religion, mode de vie, projet communautaire et culturel .

 

Des déclarations aux actes

'Moi, je suis un peu islamophobe. Cela ne me gêne pas de le dire'1, 'quand on n’aime la république on va ailleurs'2, 'la religion la plus con, c’est comme même bien l’islam'3, 'les fils d’Allah se multiplient comme des rats'4, 'stratégie pour noyauter de la République'5…., autant de déclarations islamophobes et faisant appel à la haine sans que les médias et les représentants politiques ne les condamnent.

 

Pis encore, ces déclarations semblent s’être accompagnées de passages aux actes violents.  On constate une recrudescence ' des passages à l’acte' tels que la diffusion de tracts anti-musulmans, l'existence de sites Internet diffusant une propagande nettement raciste à l'égard de l'Islam, les tentatives d'incendie de lieux de culte, les profanations de cimetières musulmans, les violences verbales ou physiques frappant des personnalités liées à l'Islam.

Mais fautes de moyens statistiques permettant de les répertorier (le ministère de l'intérieur n'en fait pas une catégorie spécifique et ces faits ne sont pas non plus répertoriés par les organisations communautaires, comme cela est fait pour les actes antisémites) il est difficile de les dénombrer. Ainsi, pour la CNCDH, les statistiques existantes 'sont bien en deçà du chiffre réel', notamment en ce qui concerne les injures et violences légères.

Où sont donc les humanistes, les défenseurs de la liberté de conscience et de culte et les défenseurs de la laïcité ? Il semble que représentants politiques et intellectuels français mènent des combats sélectifs, abandonnant ceux qui sortent du cadre de leurs intérêts.
L'hostilité envers l'islam est 'encore peu reconnue et trop faiblement combattue' estime la CNCDH. C’est pourquoi elle recommande d'améliorer l'enseignement des faits religieux à l'école, de 'favoriser des lieux de culte visibles' et surtout de 'mener une politique publique forte de lutte contre les discriminations'.

Un débat pour réagir
La Laïcité se définit comme l’indépendance de l’Etat et des institutions publiques à l’égard des influences et organisations religieuses. Cela signifie que les représentants du service public sont tenus de ne pas afficher leurs convictions religieuses dans le cadre de leurs fonctions.

Cependant, l’orientation donnée aujourd’hui au débat sur la laïcité semble vouloir étendre cette règle aux usagers même du service public, donc aux citoyens. Ainsi nombreux sont ceux qui voudraient une loi interdisant le port de signes religieux à l’école et dans les institutions publiques, loi qui serait également applicable aux usagers du service publique.

Mais cette orientation donnée au débat ne remet t-elle pas en cause le principe même de la laïcité et la liberté de conscience et de culte des individus ?

C’est pour clarifier le débat sur la laïcité et pour dénoncer l’escalade des actes islamophobes que l’association AVENIR de l’université Villetaneuse (93), organise une conférence débat le mardi 2 décembre à 17 h (amphi 4). Deux sociologues (Vincent Geisser et Françoise Gaspard), une écrivain (Saida Kada) et un professeur (Charles Ranouil) sont invités à s'exprimer sur ces sujets. La parole sera également donnée aux auditeurs qui pourront s'exprimer et poser leurs questions. 

1-Claude Imbert, membre du Haut Conseil d’Etat à l’intégration et fondateur du magazine le point

2-Xavier Darcos, ministre délégué à l’enseignement scolaire parlant des français portant le voile

3-Michel Houllbecq, écrivain

4-Oriana Fallaci- journaliste

5-L’express dénonçant un 'protocole de Sion' musulman