En surfant sur Internet, je suis tombée par hasard sur un site qui propose des soirées spéciales rencontres maghrébines. Dire que ce concept fut créé par un rabbin américain, qui, n’acceptant plus de voir les membres de sa communauté contracter des mariages mixtes ou s'éterniser dans le célibat, organisa ce type de « rencontres rapides ».
Merci, Monsieur le rabbin ! Grâce à vous les arabes vont pouvoir se multiplier !

J’en parle à mes copines célibataires et leur propose d’y participer. Nous sommes samedi. Nous sommes trois nanas, seules. Nous n’avons rien de prévu, aucunes sorties en vue et nous rêvons d’avoir la même situation que nos amies qui se sont « casées » grâce à leur mektoub. Alors sait-on jamais ?!

Nous arrivons à la soirée, énervées. Je me suis disputée avec Messaouda. Elle a détruit mon fard à joue Chanel.
Quand j’aurais quelqu’un dans ma vie, elle pourra casser tout ce qu’elle voudra mais pour l’instant, je m’achète tous, toute seule, alors faut faire attention !

Quoi ! C’est payant ! Il y a intérêt à ce qu’on trouve l’âme sœur. Il est hors de question de payer pour rien !
L’organisatrice prend le temps de nous expliquer le principe qui reste relativement simple. Nous avons chacun un numéro d’attribué. Nous serons mises en présence de sept interlocuteurs, en tête-à-tête, pendant 10 minutes. A la fin, nous communiqueront aux organisateurs les numéros des personnes que nous souhaitons revoir et s'il y a réciprocité, les coordonnées de ces personnes nous seront transmises. Chouette !

C’est parti, pour le premier candidat. Je l’écoute parler.
« Je veux me marier donc si tu acceptes, je peux venir demander ta main, demain…mariage… moi et le mariage…mariée… mari… mariage… »
Nan ! Nan ! Tu ne corresponds pas du tout, mais alors, pas du tout à l’homme idéal. En plus, moi, je ne veux pas me marier tout de suite. Et pis, je ne peux pas te donner une réponse immédiatement. Je ne peux pas savoir, si je veux t’épouser.
Il est pas bien dans sa tête !

C’est parti pour le deuxième candidat.
« keski ti li belle, keski ti li jolie… »
C’est une blague ! Je n’ai pas payé 20 € pour pouvoir discuter avec un clandos alors qu’à Barbès c’est gratuit ! Ahhhh ! C’est pas possible !!!! Ca me rend malade !!!! C’est long 10 minutes. Vivement le gong !

Allez ! Au suivant.
« Plaisir charnelle… le meilleur de tous… assure bien… les filles me kiffent…nous sommes en 2007… plaisir charnelle… »
Tu as oublié que tu étais arabe ! Tu as oublié l’éducation inculquée par nos anciens ! Il est pas bien dans sa tête !

Au tour des autres candidats.
C’est bon ! Je veux rentrer. Nan ! Je ne veux revoir personnes. Je veux rentrer à ma maison ! En plus, je me sens po bien lo !

A mon réveil, le lendemain, j’ai mal à ma tête. Elle tourne et m’empêche de me lever. Je reste, alors, allonger dans mon lit, avec mon mal de crane. Qu’est ce qu’il fait notre médecin de famille ? Il en met du temps pour venir me soigner.

« Comprends pas docteur ce qu’il m’arrive, comprends pas pourquoi ma tension a baissée à ce point. Je fais une dépression ? »
Ce qu’il m’apprend est pire que le cauchemar de Darwin, c’est le cauchemar de tous les célibataires. Les médecins appellent, mon malaise, le syndrome du speed dating. Lors de ce type de rencontre, chaque célibataire prend conscience de la situation tragique du monde. La réalité est trop dure. Comment accepter, en une soirée, que sa vie est fouttue ! Se résilier à se dire qu’on finira sa vie, seul !

Il paraît que c’est hyper dangereux pour la santé. Les médecins ont averti les autorités du danger mais, en vain, car il existe un lobby puissant qui empêche de toucher au marché du célibat.
Normal, lorsqu’il s’agit d’un secteur d’activité qui brasse des milliards de dollars.
Je serais curieuse de connaître les membres de ce groupe de pression… Serait-ce le créateur du speed date ou les membres de sa communauté ?

J’appelle ma mère à mon secours.
Ahhhhh !!!! Ma ! Mama !!!! Je suis malade !!!
« Le t’bib m’a expliqué le mal qui te ronge, ma fille. Tu sais, ton cousin du bled, celui qui se lève tous les matins, à cinq heures pour traire les vaches, il t’attend toujours alors si tu veux bien de lui, cet été, avec ton père, on peut te préparer le mariage. On invitera tout le village… »
Ahhhhh !!!!!........ Nannnnnnnnn !!!!!!....Je vais mourir !!!!!!