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Banlieues: une partie de la droite incrimine la polygamie  16/11/2005

Plusieurs responsables politiques de droite ont brandi l'argument de la polygamie comme explication de la crise dans les banlieues.

Leurs déclarations ont provoqué la colère des associations de lutte contre le racisme.

"Ces discours prennent sciemment le risque de renforcer la xénophobie et le racisme", après trois semaines de violences, s'est indignée la Ligue des droits de l'Homme.

"En désignant du doigt un groupe spécifique et ultra-minoritaire de population, (les hommes politiques) excluent, rejettent, au risque d'aggraver encore la situation", a estimé pour sa part le Mrap.

Successivement, le ministre délégué à l'Emploi, le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale et le ministre de l'Intérieur ont mis en cause ouvertement la polygamie.

Dans un entretien publié par L'Express, Nicolas Sarkozy souligne cependant qu'il n'y a pas à lutter contre la polygamie puisqu'elle est interdite en France mais il faut, aux dires du ministre de l'Intérieur, repenser "les conditions de mise en oeuvre du regroupement familial".

Lundi, lors de son allocution radio-télévisée consacrée aux événements de ces trois dernières semaines, Jacques Chirac a prôné l'application "stricte" des règles du regroupement familial, une politique qu'il a lui-même mis en place dans les années 70 lorsqu'il était Premier ministre.

"C'est la réussite de notre politique d'intégration qui est en jeu", a déclaré le chef de l'Etat.

Pour Gérard Larcher, ministre délégué à l'Emploi, dont les propos sont rapportés par le Financial Times mercredi, les mariages multiples au sein de la population immigrée française sont un des facteurs de la discrimination raciale.

Interrogé par Reuters, l'entourage de Gérard Larcher a relativisé ces déclarations, "extraites d'une conversation a bâtons rompus dans laquelle Gérard Larcher évoquait tous les facteurs qui contribuent à la situation que l'on connaît" devant des représentants de la presse étrangère.

"La polygamie n'est pas une des causes prépondérantes (des) événements actuels", a-t-on insisté de même source.


Mais Bernard Accoyer, chef des députés UMP a renchéri.

La polygamie, "c'est l'incapacité d'apporter une éducation telle qu'elle est nécessaire dans une société organisée, normée", a-t-il déclaré au micro de RTL.

Le député de Haute-Savoie a contesté la gestion de ce dossier par les gouvernements de gauche, de 1981 à 1992.

"Il y a eu (pendant cette période) un grand nombre de familles polygames qui sont venues en France. Et cela pose, maintenant, des problèmes qui sont, notamment, en partie la cause des désordres que nous avons eus", a-t-il dit.

Ensuite, de 1997 à 2002, pendant que Lionel Jospin dirigeait le gouvernement, "les chiffres du regroupement familial ont doublé", passant "à peu près, de 17.000 à plus de 30.000 par an", a-t-il ajouté.

Dans un communiqué, le président du Front national,, Jean-Marie Le Pen, se félicite que l'un des "tabous sur le désastre de l'immigration incontrôlée" ait sauté à la faveur de la crise dans les banlieues.

Pour la Ligue des droits de l'Homme, "ni la polygamie, dont les premières victimes sont les femmes, ni le droit de vivre en famille n'expliquent la crise sociale qui s'exprime".

Elle estime, dans un communiqué, qu'"il est nauséabond et irresponsable de faire ainsi des étrangers la cause de la situation que connaît notre pays".

Le Mrap (Mouvement contre la racisme et pour l'amitié des peuples) exprime sa "consternation devant l'hystérie politique".

Par leurs propos, Gérard Larcher et Bernard Accoyer "ethnicisent une révolte révélatrice d'une faillite du modèle français d'intégration en renonçant à prendre en compte l'exclusion, la pauvreté, le chômage dans les zone de non-droit social que sont les cités populaires", dit l'organisation.