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Bush aurait envisagé de bombarder Al-Jazira: la presse britannique bâillonnée  23/11/2005

Trois quotidiens britanniques ont affirmé mercredi qu'ils avaient été menacés de poursuites s'ils publiaient les détails d'une conversation confidentielle dans laquelle George W. Bush aurait évoqué avec Tony Blair son souhait de bombarder la chaîne de télévision Al-Jazira.

Dans un mouvement apparemment sans précédent, Lord Goldsmith, l'Attorney general, a fait savoir au Daily Mirror, qui avait sorti l'affaire mardi, au Guardian et au Times qu'ils risquaient d'être poursuivis s'ils publiaient le détail de cette conversation, rapportée dans un mémorandum classé "top secret" apparemment obtenu par le Mirror.

Lord Goldsmith a invoqué la section cinq de la loi sur les secrets officiels, selon les journaux, qui affirment que cette mesure est sans précédent.

Aucun des journaux n'a publié mercredi de nouvelle révélation, et le Daily Mirror a précisé qu'il avait accepté de se conformer à la demande des autorités, lesquelles, a-t-il précisé, avaient été prévenues avant la publication de mardi.

Ce jour-là, le quotidien populaire avait fait état en première page d'un "mémo top secret" de Downing Street, retraçant une conversation datant selon le quotidien du 16 avril 2004, dans laquelle le Premier ministre britannique Tony Blair aurait dissuadé le président américain George W. Bush d'attaquer le siège d'Al-Jazira, basée au Qatar.

Le quotidien citait un responsable du gouvernement britannique selon lequel la menace de M. Bush n'avait pas de fondement et avait été faite sur le mode humoristique. Mais selon une autre source, "Bush était très sérieux, de même que Blair".

Downing Street s'est refusé à tout commentaire. La Maison Blanche a pour sa part qualifié de "farfelu" et d'"inconcevable" l'article du Daily Mirror, dans un courrier électronique adressé à l'AFP.

Dans un communiqué publié mardi soir à Doha, Al-Jazira a pour sa part indiquée "vérifier" les informations du Daily Mirror pour être "absolument sûre de l'authenticité" du document. "Si le rapport est correct, cela serait à la fois choquant et préoccupant (...) et soulèverait de sérieux doutes concernant la version de l'Administration américaine sur de précédents incidents ayant impliqué des journalistes et des bureaux d'Al-Jazira", a ajouté la chaîne.

L'ancien secrétaire d'Etat britannique à la Défense, Peter Kilfoyle (travailliste), qui s'était opposé à la guerre en Irak, a appelé Tony Blair à s'expliquer devant les députés, si un tel mémo existait.

Mais l'affaire n'a pas été abordée lors de la séance traditionnelle de questions au Premier ministre mercredi à la Chambre.

Le mémo, a rapporté le Mirror, avait fait surface en mai 2004 dans le bureau d'un ancien député travailliste Tony Clarke. La semaine dernière, un de ses collaborateurs Leo O'Connor, a été inculpé pour l'avoir obtenu illégalement, et un troisième homme, David Keogh, a été inculpé pour le lui avoir remis. Les deux hommes doivent comparaître la semaine prochaine.

Le Mirror a précisé que le mémo avait depuis été rendu à Downing Street.