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SMSI: des journalistes se plaignent d'avoir été manipulés par les organisateurs  28/11/2005

Plusieurs journalistes dont la signature accompagne une pétition dénonçant une campagne hostile à la Tunisie lancée par "certaines parties étrangères" à l'occasion du récent Sommet mondial sur la société de l'information (SMSI) disent avoir été victimes d'une manipulation des autorités tunisiennes, organisatrices de cet événement chapeauté par les Nations unies.

Au total, près de 200 journalistes ont signé le 18 novembre, en fin de SMSI, un texte qui, dans sa forme initiale, saluait d'une phrase anodine l'accueil "chaleureux" réservé aux professionnels de l'information par les organisateurs.

Or, dans la version finale, relayée par les médias tunisiens et plusieurs agences de presse, le texte s'est transformé en "communiqué des représentants de la presse internationale assurant la couverture des travaux du SMSI à Tunis", faisant dire aux journalistes signataires qu'ils n'avaient "subi aucune contrainte ni entrave" durant leur séjour tunisien.


Dans ce texte, comptant cette fois une vingtaine de lignes, les prétendus signataires, parmi lesquels des journalistes occidentaux, arabes, latino-américains et asiatiques, ainsi qu'un membre de la délégation des Etats-Unis, qualifient de "partiaux" les auteurs de la campagne de "propagande éhontée" à l'encontre de la Tunisie, qu'ils accusent d'"acharnement gratuit" préjudiciable à "l'intérêt national de ce pays émergent".

Directement visé par ce texte, le secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), Robert Ménard, qui avait été refoulé à son arrivée à Tunis où il comptait participer au SMSI, a estimé lundi que l'incident "apporte la preuve de ce que sont les responsables du régime tunisien: des manipulateurs et des menteurs". "Ils ont berné des journalistes en leur faisant signer un texte qui n'était pas le vrai, et ils ont utilisé ça contre nous et contre l - es gens qui les mettaient en cause", a-t-il déclaré à l'agence Associated Press (AP). "Le texte a été signé par de nombreux journalistes, et même par un collaborateur de chez nous. Cela nous apprendra à être plus prudents".

Journaliste pour la revue "Médias" de RSF, Cédric Gervet a reconnu avoir signé un texte en fin de sommet, après s'être fait aborder deux fois par des représentants de l'organisation: "C'était du racolage actif", raconte-t-il.

Lui aussi signataire, Eric Chaverou de Radio France explique qu'il était en pleine interview quand on lui a réclamé son paraphe pour saluer "le bon déroulement, la bonne organisation pratique du sommet". Le reporter, qui "récuse totalement une quelconque adhésion" au texte final, évoque une mésaventure "très désagréable". Valia Shami, envoyée spéciale de Radio-Orient à Tunis, affirme pour sa part n'avoir "jamais signé un tel texte".

Ce "communiqué" salue également les conditions de travail, "la sécurité et le bien-être des journalistes, leur liberté de communication et d'accès aux sources de l'information".