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Une juge égyptienne témoigne dans la presse de la fraude électorale  24/11/2005

Une juge égyptienne a publiquement témoigné jeudi de la fraude qu'elle a observée dans sa commission de dépouillement à Damanhour, au nord du Caire, au début de la seconde phase des législatives.

"Je témoigne à travers cette tribune de la fraude qui a eu lieu à Damanhour et j'appelle tous ceux qui en ont été les témoins ou y ont participé à parler", a appelée Noha Al Zeini, vice-présidente du parquet administratif, dans un témoignage publié par le quotidien égyptien Al Masri Al Yom.

Mme Al Zeini a dénoncé la participation de juges à la fraude, en annonçant la victoire du candidat du Parti national démocrate (PND - au pouvoir), Mustapha El-Fiqi, alors que les résultats quasi définitifs indiquaient une avance très nette en faveur du candidat des Frères musulmans, Gamal Hishmat.
Elle affirme que le président de la commission l'avait contraint à quitter la salle de dépouillement juste avant le décompte final, et que les résultats avaient par la suite été manipulés.

Un membre du ministère de l'intérieur participait également, contrairement à la règle, à la séance de dépouillement.

Selon elle, des membres de la commission ont affirmé avant l'annonce des résultats qu'une défaite de M. El-Fiqi, président de la Commission des affaires étrangères au Parlement aurait des conséquences graves.

"Des juges ont abandonné leurs indépendance et leur fierté au profit d'avantages matériels", déplore-t-elle.

Elle conclut son témoignage en appelant les juges à boycotter les élections jusqu'à ce qu'elles soient complètement transparentes.

"J'appelle les juges à ne plus superviser les élections jusqu'à ce qu'ils acquièrent une indépendance réelle qui leur permette de contrôler l'ensemble du processus électoral du début jusqu'à sa fin".

Conformément à la loi égyptienne, les bureaux de vote doivent être dirigés par des magistrats.

Le club des magistrats égyptiens (syndicat professionnel des juges) avait demandé mercredi au gouvernement de faire appel à l'armée pour protéger les bureaux électoraux, accusant la police de collusion avec les hommes de mains lors de la deuxième phase des élections législatives qui a eu lieu dimanche.

Les résultats des législatives égyptiennes qui doivent s'achever le 7 décembre, ont confirmé une percée sans précédant des frères musulmans.