Des centaines, voire des milliers de femmes en Ouzbékistan auraient été stérilisées sans leur consentement ces dernières années.
Un scandale couve en Ouzbékistan. Le gouvernement, présidé par le très autoritaire Islam Karimov, aurait mis en place un programme secret consistant à stériliser les femmes à leur insu et cela, afin de freiner la croissance démographique de ce pays à majorité musulmane.
Des centaines, voire des milliers de femmes, ayant souvent déjà enfanté, auraient ainsi été stérilisées sans leur consentement ces dernières années. Selon des gynécologues qui ont accepté de témoigner pour la BBC sous couvert de l’anonymat, les autorités les obligent à stériliser un nombre précis de patientes qui viennent leur rendre visite. Un quota leur est communiqué : en cas d'échec, les médecins risquent de ne plus exercer leur profession.
« Mon quota est de quatre femmes par mois », témoigne ainsi l'un d'entre eux. Dans les zones rurales, les professionnels de santé sont invités à stériliser encore plus de femmes, parfois jusqu’à huit par semaine selon des sources médicales. « Sur le papier, les stérilisations devraient être volontaires, mais les femmes n’ont pas vraiment le choix », a déclaré un autre médecin d'un hôpital provincial. « Il est très facile de manipuler une femme, surtout si elle est pauvre. Vous pouvez dire que sa santé va en prendre un coup si elle continue à avoir des enfants (…) que la stérilisation est la meilleure solution pour elle. Ou vous pouvez simplement effectuer l'opération », ajoute-t-il.
Des centaines, voire des milliers de femmes, ayant souvent déjà enfanté, auraient ainsi été stérilisées sans leur consentement ces dernières années. Selon des gynécologues qui ont accepté de témoigner pour la BBC sous couvert de l’anonymat, les autorités les obligent à stériliser un nombre précis de patientes qui viennent leur rendre visite. Un quota leur est communiqué : en cas d'échec, les médecins risquent de ne plus exercer leur profession.
« Mon quota est de quatre femmes par mois », témoigne ainsi l'un d'entre eux. Dans les zones rurales, les professionnels de santé sont invités à stériliser encore plus de femmes, parfois jusqu’à huit par semaine selon des sources médicales. « Sur le papier, les stérilisations devraient être volontaires, mais les femmes n’ont pas vraiment le choix », a déclaré un autre médecin d'un hôpital provincial. « Il est très facile de manipuler une femme, surtout si elle est pauvre. Vous pouvez dire que sa santé va en prendre un coup si elle continue à avoir des enfants (…) que la stérilisation est la meilleure solution pour elle. Ou vous pouvez simplement effectuer l'opération », ajoute-t-il.
Des témoignages de femmes en cascade
Adolat était l'une des femmes ouzbèkes stérilisées à son insu. Elle, qui a toujours rêvé d’avoir quatre enfants, s’est retrouvée du jour au lendemain stérile après la naissance de son deuxième enfant par césarienne. « J'ai été choqué, j'ai pleuré et demandé : "Mais pourquoi ?" ». Ce à quoi le médecin lui a répondu que c’était « la loi en Ouzbékistan ». Une autre mère a déclaré à la BBC avoir connu des mois de douleur et de saignements abondants après la naissance de son fils sans en comprendre le sens. Après un contrôle par ultrasons, elle a découvert que son utérus lui avait tout bonnement été retiré. « Ils m’ont juste dit : "Pourquoi avez-vous besoin d’avoir plus d'enfants? Vous en avez déjà deux." », raconte-t-elle.
Pire encore est l'histoire de Nigora. La jeune femme a dû subir une césarienne d'urgence. Le lendemain, on lui a appris qu'elle avait été stérilisée. Le même jour, son nouveau-né est mort. Nigora a 24 ans et n'aura jamais d'enfants.
Cette campagne secrète aurait commencé depuis 2009, estiment les ONG. « Nous parlons de dizaines de milliers de femmes qui ont été stérilisées dans tout le pays », a déclaré Sukhrob Ismailov, qui dirige Expert Working Group, l'une des rares ONG opérant en Ouzbékistan. En 2010, le groupe a recueilli des preuves selon lesquelles quelque 80 000 femmes ont été stérilisées. Une estimation impossible à vérifier dans les faits, mais qui se confirment avec les témoignages, toujours plus nombreux, de femmes, aujourd'hui détruites.
Pire encore est l'histoire de Nigora. La jeune femme a dû subir une césarienne d'urgence. Le lendemain, on lui a appris qu'elle avait été stérilisée. Le même jour, son nouveau-né est mort. Nigora a 24 ans et n'aura jamais d'enfants.
Cette campagne secrète aurait commencé depuis 2009, estiment les ONG. « Nous parlons de dizaines de milliers de femmes qui ont été stérilisées dans tout le pays », a déclaré Sukhrob Ismailov, qui dirige Expert Working Group, l'une des rares ONG opérant en Ouzbékistan. En 2010, le groupe a recueilli des preuves selon lesquelles quelque 80 000 femmes ont été stérilisées. Une estimation impossible à vérifier dans les faits, mais qui se confirment avec les témoignages, toujours plus nombreux, de femmes, aujourd'hui détruites.
Le régime ouzbek rejette les accusations
Selon des médecins, les stérilisations permettent également de faire baisser le taux de mortalité maternelle. L'équation est simple : moins de femmes donnent d'enfants, moins d'entre elles meurent. « L'Ouzbékistan semble être obsédé par le nombre et les classements internationaux », a expliqué Steve Swerdlow, directeur de Human Rights Watch pour la région Asie centrale.
Officiellement, l’Ouzbékistan encourage la stérilisation mais également l’avortement, si les ressources financières de la famille ne lui permettent pas de faire face à l’arrivée de plusieurs enfants. Mais face aux témoignages, toujours plus nombreux, de femmes dans le cas d'Adolat ou de Nigora, le gouvernement nie les faits et accuse ces femmes de diffamation. Il assure, en outre, que la contraception chirurgicale n'est pas très répandue en Ouzbékistan et qu’il est réalisé uniquement sur la base du volontariat.
Toutefois, certains médecins citent le nombre croissant d’accouchements pratiqués avec césarienne comme preuve du programme de stérilisation en Ouzbékistan. La césarienne rendrait « plus facile » la ligature des trompes.
L'Ouzbékistan, dont le régime est souvent accusé de graves violations des droits humains, est le pays le plus peuplé d'Asie centrale avec 28 millions d'habitants. La répression politique, au nom notamment de la lutte contre le terrorisme, est monnaie courante depuis l'installation au pouvoir d'Islam Karimov, en 1990.
Officiellement, l’Ouzbékistan encourage la stérilisation mais également l’avortement, si les ressources financières de la famille ne lui permettent pas de faire face à l’arrivée de plusieurs enfants. Mais face aux témoignages, toujours plus nombreux, de femmes dans le cas d'Adolat ou de Nigora, le gouvernement nie les faits et accuse ces femmes de diffamation. Il assure, en outre, que la contraception chirurgicale n'est pas très répandue en Ouzbékistan et qu’il est réalisé uniquement sur la base du volontariat.
Toutefois, certains médecins citent le nombre croissant d’accouchements pratiqués avec césarienne comme preuve du programme de stérilisation en Ouzbékistan. La césarienne rendrait « plus facile » la ligature des trompes.
L'Ouzbékistan, dont le régime est souvent accusé de graves violations des droits humains, est le pays le plus peuplé d'Asie centrale avec 28 millions d'habitants. La répression politique, au nom notamment de la lutte contre le terrorisme, est monnaie courante depuis l'installation au pouvoir d'Islam Karimov, en 1990.