Mohammed Moussaoui : « Traiter d'un phénomène marginal qu'est le port de la burqa ne me paraît pas compatible avec la période de crise économique que la France vit actuellement. »
Saphirnews : Tout d'abord, quelle est votre opinion sur l'éventuelle création d'une commission d'enquête sur la pratique du port de la burqa et du niqab ?
Mohammed Moussaoui : Je suis très étonné de la procédure. Demander une commission d'enquête parlementaire n'est pas quelque chose de simple, et est normalement utilisée pour des problèmes de société importants.
Or, là, il s'agit – qu'on le veuille ou non – d'un phénomène très marginal. Demander une commission parlementaire pour traiter d'un phénomène marginal ne me paraît pas compatible avec la période que nous vivons actuellement. Nous traversons une crise économique qui a jeté des centaines de milliers de familles dans le désarroi et l'angoisse. Il aurait été préférable que les députés qui demandaient cette commission d'enquête demandent plutôt une commission d'enquête sur les nombreux licenciements qui touchent des centaines de milliers de familles.
Par ailleurs, je tiens à préciser que l'ensemble des musulmans de France, dans leur immense majorité, aspire à vivre leur religion dans la sérénité, loin de tout extrémisme. Les personnes qui se sont exprimées ont quand même fait un amalgame entre l'islam et le port de la burqa, ce qui a eu pour effet de stigmatiser, une fois de plus, les musulmans de France.
D'autre part, pour l'immense majorité des savants musulmans, le port de la burqa n'est pas une prescription religieuse. C'est un phénomène rare et régional dans le monde entier, bien que cette pratique soit présente dans certaines régions du monde musulman. La communauté musulmane de France ne souhaite pas être identifiée à ces phénomènes rares et marginaux.
D'une façon générale, je pense que le port de la burqa, dans une société comme la nôtre, ne permet évidemment pas à la femme d'avoir une vie sociale normale, d'accéder, par exemple, aux services administratifs sans difficultés, et ce, pour des raisons que tout le monde peut comprendre, puisqu'il faut pouvoir identifier la personne en face.
Souvent on avance que ces femmes sont victimes de pression de la part de leur mari, ce qui n'est pas toujours le cas. Pour ma part, en tant que musulman de France, je souhaite tout simplement à ces femmes de rejoindre la pratique religieuse du juste milieu, loin des extrêmes, qui leur permettrait de vivre pleinement leur vie religieuse et sociale dans notre pays qu'est la France. De plus, cette pratique n'est pas une obligation ni une recommandation pour la majorité des musulmans.
Enfin, le port de la burqa n'a rien à voir avec le port du voile, qui, selon l'immense majorité des écoles juridiques musulmanes, est une obligation religieuse.
Or, là, il s'agit – qu'on le veuille ou non – d'un phénomène très marginal. Demander une commission parlementaire pour traiter d'un phénomène marginal ne me paraît pas compatible avec la période que nous vivons actuellement. Nous traversons une crise économique qui a jeté des centaines de milliers de familles dans le désarroi et l'angoisse. Il aurait été préférable que les députés qui demandaient cette commission d'enquête demandent plutôt une commission d'enquête sur les nombreux licenciements qui touchent des centaines de milliers de familles.
Par ailleurs, je tiens à préciser que l'ensemble des musulmans de France, dans leur immense majorité, aspire à vivre leur religion dans la sérénité, loin de tout extrémisme. Les personnes qui se sont exprimées ont quand même fait un amalgame entre l'islam et le port de la burqa, ce qui a eu pour effet de stigmatiser, une fois de plus, les musulmans de France.
D'autre part, pour l'immense majorité des savants musulmans, le port de la burqa n'est pas une prescription religieuse. C'est un phénomène rare et régional dans le monde entier, bien que cette pratique soit présente dans certaines régions du monde musulman. La communauté musulmane de France ne souhaite pas être identifiée à ces phénomènes rares et marginaux.
D'une façon générale, je pense que le port de la burqa, dans une société comme la nôtre, ne permet évidemment pas à la femme d'avoir une vie sociale normale, d'accéder, par exemple, aux services administratifs sans difficultés, et ce, pour des raisons que tout le monde peut comprendre, puisqu'il faut pouvoir identifier la personne en face.
Souvent on avance que ces femmes sont victimes de pression de la part de leur mari, ce qui n'est pas toujours le cas. Pour ma part, en tant que musulman de France, je souhaite tout simplement à ces femmes de rejoindre la pratique religieuse du juste milieu, loin des extrêmes, qui leur permettrait de vivre pleinement leur vie religieuse et sociale dans notre pays qu'est la France. De plus, cette pratique n'est pas une obligation ni une recommandation pour la majorité des musulmans.
Enfin, le port de la burqa n'a rien à voir avec le port du voile, qui, selon l'immense majorité des écoles juridiques musulmanes, est une obligation religieuse.
Quel est donc, un an après les élections, le bilan du CFCM ?
Mohammed Moussaoui : Beaucoup d'éléments ont évolué. Par exemple, pour la construction des lieux de culte, les choses se sont améliorées, sans pour autant qu'on les attribue au présent mandat.
C'est une évolution continue : les progrès, démarrés il y a quelques années, se sont accentués ces derniers temps. On a vu de grands projets de construction de mosquées voir le jour. Le dialogue avec les pouvoirs publics, au niveau local et national, s'est nettement amélioré.
Tout au long de cette année, nous avons essayé de dialoguer et de travailler, ensemble, avec le bureau central des cultes. La coopération était très fructueuse. Nous avons pu faire avancer de nombreux dossiers concernant le culte musulman dans un climat de sérénité et de transparence.
C'est une évolution continue : les progrès, démarrés il y a quelques années, se sont accentués ces derniers temps. On a vu de grands projets de construction de mosquées voir le jour. Le dialogue avec les pouvoirs publics, au niveau local et national, s'est nettement amélioré.
Tout au long de cette année, nous avons essayé de dialoguer et de travailler, ensemble, avec le bureau central des cultes. La coopération était très fructueuse. Nous avons pu faire avancer de nombreux dossiers concernant le culte musulman dans un climat de sérénité et de transparence.
Concernant les constructions de mosquées, quel est le bilan chiffré ?
Mohammed Moussaoui : Je ne peux pas vous donner le chiffre exact mais, actuellement, il est question de presque 2000 lieux de culte et d'une soixantaine de grands projets en construction.
En ce sens, une circulaire du ministère de l'Intérieur chargé du culte, diffusée le 25 mai dernier, est importante pour nous. Elle permet de recadrer la situation juridique des constructions de lieux de culte et favorise le dialogue entre les associations locales musulmanes et les maires de commune, au même titre que la circulaire sur les cimetières mis en place l'an dernier.
La circulaire du 25 mai clarifie certaines aspects liés aux lieux de culte : la construction, la rénovation, le financement, les baux emphytéotiques, tout ce dont ont besoin les porteurs de projets de lieu de culte. D'ailleurs, cela concerne non pas uniquement les lieux de culte musulman, mais tous les lieux de culte.
En ce sens, une circulaire du ministère de l'Intérieur chargé du culte, diffusée le 25 mai dernier, est importante pour nous. Elle permet de recadrer la situation juridique des constructions de lieux de culte et favorise le dialogue entre les associations locales musulmanes et les maires de commune, au même titre que la circulaire sur les cimetières mis en place l'an dernier.
La circulaire du 25 mai clarifie certaines aspects liés aux lieux de culte : la construction, la rénovation, le financement, les baux emphytéotiques, tout ce dont ont besoin les porteurs de projets de lieu de culte. D'ailleurs, cela concerne non pas uniquement les lieux de culte musulman, mais tous les lieux de culte.
Et sur l'abattage rituel ?
Mohammed Moussaoui : Dès le mois de juillet 2008, nous avions eu quelques craintes, avec un projet de règlement européen visant la révision ou le remplacement de la directive européenne de 1993.
Le dernier vote du Parlement européen est allé dans le sens que nous souhaitions, c'est-à-dire la protection de la liberté religieuse.
L’évolution de ce projet nous satisfait globalement, puisque l’abattage rituel n’a finalement pas été remis en cause. Nous attendons maintenant la confirmation du vote du Parlement, avec le vote du Conseil des ministres européens, qui a lieu ce 22 juin.
Le dernier vote du Parlement européen est allé dans le sens que nous souhaitions, c'est-à-dire la protection de la liberté religieuse.
L’évolution de ce projet nous satisfait globalement, puisque l’abattage rituel n’a finalement pas été remis en cause. Nous attendons maintenant la confirmation du vote du Parlement, avec le vote du Conseil des ministres européens, qui a lieu ce 22 juin.
Quelles avancées relevez-vous concernant la question du halal ?
Mohammed Moussaoui : Une des tâches les plus importantes était de sauvegarder l'abattage rituel, c'est-à-dire l'existence même du halal. Pour la fête de l'Aïd el-Kébir, des avancées ont été faites dans certaines régions. Globalement, la création de sites d'abattage temporaire a été encouragé, avec une augmentation significative de ces lieux.
Il y a eu aussi une sensibilisation des abattoirs pérennes pour qu’ils soient exceptionnellement utilisés à cette occasion. De plus, certaines communes ont encouragé des structures mobiles, voire les ont financées.
Concernant le marché même du halal, la commission « halal » s'est réunie plusieurs fois. Elle avance petit à petit sur le dossier. Nous ne voulons pas brusquer les choses, nous savons que cela nécessite beaucoup de réflexions. Il faut chercher le consensus.
Il y a eu aussi une sensibilisation des abattoirs pérennes pour qu’ils soient exceptionnellement utilisés à cette occasion. De plus, certaines communes ont encouragé des structures mobiles, voire les ont financées.
Concernant le marché même du halal, la commission « halal » s'est réunie plusieurs fois. Elle avance petit à petit sur le dossier. Nous ne voulons pas brusquer les choses, nous savons que cela nécessite beaucoup de réflexions. Il faut chercher le consensus.
La commission « Halal » a-t-elle pris des décisions pour mieux encadrer ce marché ?
Mohammed Moussaoui : Elle s’est déjà fixé un objectif : créer un cahier des charges opposable à tous les professionnels, à tous les niveaux, du sacrificateur jusqu'au producteur. On a des éléments importants dans ce dossier qui ont été avancés. Il y a aussi une réflexion sur les organismes de contrôle et les agréments donnés aux sacrificateurs, avec une possibilité d'étendre à d'autres organismes liés au CFCM. Pour l'instant, ce sont les trois grandes mosquées [Paris, Évry, Lyon, ndlr] qui détiennent la compétence de délivrer des cartes sacrificateurs.
Quand sera présenté ce cahier des charges ?
Mohammed Moussaoui : J'espère qu'il sera présenté en conseil d'administration du CFCM avant la fin 2009, et que des décisions seront prises en concertation avec les professionnels. Nous voulons surtout associer tous les acteurs sur ce dossier pour garantir la réussite de la démarche.
Ce dossier fait partie des priorités, d'autant plus que le CFCM avait avancé à plusieurs reprises, dans ses mandats précédents, la possibilité que le marché du halal puisse financer son fonctionnement. Au- delà de servir la communauté musulmane et de clarifier le marché halal, pour la survie du CFCM, il est important que ce marché puisse l'aider à développer ses activités.
Ce dossier fait partie des priorités, d'autant plus que le CFCM avait avancé à plusieurs reprises, dans ses mandats précédents, la possibilité que le marché du halal puisse financer son fonctionnement. Au- delà de servir la communauté musulmane et de clarifier le marché halal, pour la survie du CFCM, il est important que ce marché puisse l'aider à développer ses activités.
Et les avantages pour les consommateurs musulmans ?
Mohammed Moussaoui : Lorsque l’on parle de cahier des charges, on parle de méthodes de traçabilité et de contrôle qui permettront au consommateur d'être bien averti. La finalité est de s'accorder sur un ou des label(s) halal, tous reconnus pour leur sérieux. Le consommateur pourra ainsi vérifier facilement l'authenticité et la traçabilité des produits qu'il va consommer.
Qu’en est-il de l’organisation du pèlerinage ?
Mohammed Moussaoui : Nous avons pu mettre le doigt sur des difficultés, en termes d'organisation. Un des objectifs du CFCM est de créer une mission « Pèlerinage » en partenariat avec les autorités saoudiennes, pour être un interlocuteur privilégié au niveau de la France et pour aider à son déroulement.
Bien que le CFCM ne puisse pas être mandaté par l'État français comme son représentant, on pourrait imaginer une mission « Pèlerinage» comme dans les pays musulmans, où celle-ci est chargée de l’organiser du départ jusqu'au retour. Le tout, en faisant en sorte que le principe de la laïcité ne soit pas violé, et que la souveraineté de l'Arabie Saoudite soit respectée.
Nous essaierons d'envoyer une commission du CFCM en Arabie Saoudite, qui se chargera de voir sur place les possibilités que peut avoir cette mission « Pèlerinage ». En partenariat avec plusieurs associations, dont les Scouts musulmans, nous essaierons, au moment des départs, de porter une aide aux pèlerins dans les aéroports principaux. En termes d'information, nous diffuserons également un guide à toutes les Régions, par le biais des CRCM.
Bien que le CFCM ne puisse pas être mandaté par l'État français comme son représentant, on pourrait imaginer une mission « Pèlerinage» comme dans les pays musulmans, où celle-ci est chargée de l’organiser du départ jusqu'au retour. Le tout, en faisant en sorte que le principe de la laïcité ne soit pas violé, et que la souveraineté de l'Arabie Saoudite soit respectée.
Nous essaierons d'envoyer une commission du CFCM en Arabie Saoudite, qui se chargera de voir sur place les possibilités que peut avoir cette mission « Pèlerinage ». En partenariat avec plusieurs associations, dont les Scouts musulmans, nous essaierons, au moment des départs, de porter une aide aux pèlerins dans les aéroports principaux. En termes d'information, nous diffuserons également un guide à toutes les Régions, par le biais des CRCM.