Plusieurs jeunes de Villepinte, dont quatre à l'image, sont venus assister au meeting de Marine Le Pen lundi 1er mai. © Saphirnews.com
Quelques 6 000 personnes se sont rendues à Villepinte, lundi 1er mai, en pleine fête du Travail, pour encourager Marine Le Pen dans sa bataille électorale, à moins d’une semaine du second tour de la présidentielle. Donnée largement perdante au soir du premier tour, la candidate ne cesse depuis de progresser dans les intentions de vote. A la veille du grand débat qui l’opposera à Emmanuel Macron, les apparences ont été soignées. Seuls deux mots d’ordre ont transparu du meeting organisé dans le Parc des expositions : « Marine présidente » et « Choisir la France ». Nulle mention du Front national et du nom Le Pen. Dernière conquête du Front national, Nicolas Dupont-Aignan, qui a ouvert l’événement, prendra bien soin d’ailleurs de ne pas le rappeler lors de son allocution.
Contrairement aux allégations du FN, il n’y a pas eu 25 000 personnes dans le hall 5B qui a été divisé en deux par un large rideau noir. Par ailleurs, la candidate d’extrême droite est encore loin de rassembler un public aux origines très diversifiées. Dans la foule, un groupe de sept jeunes, pour la plupart dits issus de l'immigration ou des Outre-mer et originaires des quartiers populaires de Villepinte, n’est pas passé inaperçu.
« On était curieux, on s’est dit qu’on allait faire une sortie entre potes et que ça allait être marrant. On n’avait pas d’appréhension, on s’est juste dit qu’on verra sur place à quoi ressemble un meeting de Marine Le Pen », nous explique Thierry-Pierre, 17 ans. Et ils n’ont pas été déçus. Ils imitaient les partisans de la candidate FN en applaudissant et chantant avec eux, s’amusant à partager leurs photos, vidéos et impressions sur le réseau social Snapchat.
Contrairement aux allégations du FN, il n’y a pas eu 25 000 personnes dans le hall 5B qui a été divisé en deux par un large rideau noir. Par ailleurs, la candidate d’extrême droite est encore loin de rassembler un public aux origines très diversifiées. Dans la foule, un groupe de sept jeunes, pour la plupart dits issus de l'immigration ou des Outre-mer et originaires des quartiers populaires de Villepinte, n’est pas passé inaperçu.
« On était curieux, on s’est dit qu’on allait faire une sortie entre potes et que ça allait être marrant. On n’avait pas d’appréhension, on s’est juste dit qu’on verra sur place à quoi ressemble un meeting de Marine Le Pen », nous explique Thierry-Pierre, 17 ans. Et ils n’ont pas été déçus. Ils imitaient les partisans de la candidate FN en applaudissant et chantant avec eux, s’amusant à partager leurs photos, vidéos et impressions sur le réseau social Snapchat.
L'attitude de journalistes déplorée
« On a pas mal rigolé parce que la situation était assez cocasse. Nous ne partagions pas les mêmes idées que les gens autour de nous et, parfois, cela me mettait mal à l’aise. Les gens s’enflamment dès qu’elle parle d’islam et d’immigration. Ils sont direct à fond. Quand ça parle d’économie, en revanche, ça dort un peu », raconte Thierry-Pierre. Son camarade Mohamed, 19 ans, va dans le même sens : « On n’a pas trop l’habitude de voir ce genre de réactions face à ce genre de propos. Quand Marine Le Pen parlait de la réduction du seuil d’immigration, voir des militants fiers de ce projet pour moi c’est… assez inhabituel ! »
Les jeunes villepintois ont suscité une forte attraction auprès de certains journalistes couvrant l’événement. Pensant avoir à faire à des militants FN d’un nouveau genre, ils se sont rués sur eux pour les interroger. Amusés, ils se sont prêtés au jeu et ont fait mine d’adhérer aux idées de Marine Le Pen mais ont très vite été gênés par la teneur des questions.
« Il y a beaucoup de journalistes qui sont venus nous voir. On ne va pas se voiler la face, c’est surtout à cause de nos origines ethniques. On était tous des personnes de couleur, ça je peux le comprendre. Mais après, nous prendre pour des étrangers alors qu’on habite à Villepinte, c’est dur à avaler », témoigne Mohamed. « De quelle nationalité êtes-vous ? », « Vos parents viennent d’où ? », « A quel âge êtes-vous arrivés en France ? », énumère-t-il. « Que des questions en rapport à nos origines ou à nos nationalités supposées ! Au début, je l’ai un peu mal pris. Puis j’ai laissé passer parce que c’est leur travail de questionner. Ils ont peut-être des consignes à respecter », tempère-t-il.
Les jeunes villepintois ont suscité une forte attraction auprès de certains journalistes couvrant l’événement. Pensant avoir à faire à des militants FN d’un nouveau genre, ils se sont rués sur eux pour les interroger. Amusés, ils se sont prêtés au jeu et ont fait mine d’adhérer aux idées de Marine Le Pen mais ont très vite été gênés par la teneur des questions.
« Il y a beaucoup de journalistes qui sont venus nous voir. On ne va pas se voiler la face, c’est surtout à cause de nos origines ethniques. On était tous des personnes de couleur, ça je peux le comprendre. Mais après, nous prendre pour des étrangers alors qu’on habite à Villepinte, c’est dur à avaler », témoigne Mohamed. « De quelle nationalité êtes-vous ? », « Vos parents viennent d’où ? », « A quel âge êtes-vous arrivés en France ? », énumère-t-il. « Que des questions en rapport à nos origines ou à nos nationalités supposées ! Au début, je l’ai un peu mal pris. Puis j’ai laissé passer parce que c’est leur travail de questionner. Ils ont peut-être des consignes à respecter », tempère-t-il.
« Tu ressens une xénophobie latente »
« On se sentait observés. Les vigiles nous regardaient, ils avaient les yeux rivés sur nous. Mais ça on a l’habitude », remarque Berken, 18 ans. « Je pense que les gens savaient qu’on n’était pas des sympathisants. Ils n’ont pas osé nous parler et nous, pareil parce qu’on s’en fout » ajoute Thierry-Pierre. « Malgré tout ce qu’on peut dire sur la dédiabolisation, quand tu es un Français issu de l’immigration et que tu vas à un meeting de Marine Le Pen, tu ressens une xénophobie latente », renchérit-il. Il pointe une dérive médiatique consécutive à l’attrait des journalistes pour les minorités qui votent FN : « Ils se disent "Tiens, on va interroger le petit renoi" et faire comme s’il y avait de la diversité dans les meetings de Marine. »
Au-delà de l’aspect quelque peu divertissant, cette expérimentation sociale a eu pour vertu d’enrichir la troupe de Villepintois. « Le meeting m’a fait réfléchir sur la façon de penser de certaines personnes. J’ai vu certains militants fiers de crier leur patriotisme. En soi, ce n’est pas gênant mais eux, ils veulent faire l’impasse sur les immigrés et les étrangers qui ont eux aussi leur place sur le territoire. Ma conviction est renforcée : je vais aller voter pour Macron », annonce Mohamed. Même son de cloche chez ses amis qui sont en âge de voter : « Même si on n’est pas pro-Macron, on va voter contre le FN. » A Villepinte, commune où Jean-Luc Mélenchon (35 %) est arrivé en pole position suivi d'Emmanuel Macron (23 %) et de Marine Le Pen (15 %), l'abstention ne passera pas par eux.
Au-delà de l’aspect quelque peu divertissant, cette expérimentation sociale a eu pour vertu d’enrichir la troupe de Villepintois. « Le meeting m’a fait réfléchir sur la façon de penser de certaines personnes. J’ai vu certains militants fiers de crier leur patriotisme. En soi, ce n’est pas gênant mais eux, ils veulent faire l’impasse sur les immigrés et les étrangers qui ont eux aussi leur place sur le territoire. Ma conviction est renforcée : je vais aller voter pour Macron », annonce Mohamed. Même son de cloche chez ses amis qui sont en âge de voter : « Même si on n’est pas pro-Macron, on va voter contre le FN. » A Villepinte, commune où Jean-Luc Mélenchon (35 %) est arrivé en pole position suivi d'Emmanuel Macron (23 %) et de Marine Le Pen (15 %), l'abstention ne passera pas par eux.
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