Le président français Jacques Chirac accompagné de Bernadette Chirac s’est rendu en Tunisie la semaine dernière. Le couple était accompagné d'une importante délégation. Les médias s'attendaient à des entretiens avec le président Tunisien Zine El Abidine Ben Ali sur la situation en matière de Droits de l'homme. Le chef d'Etat français a pourtant loué 'l'avance' de la Tunisie dans le respect des Droits de l'homme, dans un pays où la presse privée reste muette, où la 'guerre' contre l'Islam est d'actualité.
'Le premier des droits de l'Homme, c'est de manger, d'être soigné, de recevoir une éducation et d'avoir un habitat ' a déclaré M Chirac en Tunisie. Estimant que la Tunisie était 'très en avance sur beaucoup d'autres pays'. Avec de tels propos, selon Noel Mamère, Chirac a déshonoré la France.
La liberté d'expression en danger
Pendant la visite officielle du chef d'Etat, Robert Ménard, secrétaire général de RSF demandait au président français d'user de toute son affluence auprès de Ben Ali afin de libérer la presse privée tunisienne.'Vous ne pouvez plus feindre de croire que le régime tunisien est un régime libre et démocratique sous prétexte d'intérêts économiques et sécuritaires. Nous vous demandons, à vous qui vous présentez souvent comme un proche du président Ben Ali, d'obtenir des garanties sur la liberté de la presse, inexistantes dans ce pays, et sur une réelle indépendance de l'audiovisuel, récemment ouvert au secteur privé', écrivait-t-il. Après l'intervention de Chirac, la déception est plus que grande pour RSF. D'autant plus que le directeur de l'hebdomadaire tunisien, Al fajr est emprisonné depuis 1991, un journaliste de l'hebdomadaire est également condamné à une lourde peine de prison.
Une militante pour les droits de l'homme consternée
Radhia Nasraoui s'est engagée dans une grève de la faim depuis la 15 octobre. Elle accuse les autorités de vouloir faire taire son engagement en faveur de la défense des Droits de l'homme. Elle a accueilli les propos du chef de l'Etat français avec consternation. 'Les gens ont été choqués que le président Chirac parle du droit de manger comme étant le premier droit' , a-t-elle déclaré. 'On ne peut pas soutenir une dictature comme celle de Ben Ali. Chirac n'est pas le président de n'importe quel pays. Il est le président de la France, celle de 1789, des droits de l'homme, de la Commune, de Mai 68', ajoute-t-elle.
La 'guerre' contre l'Islam
Depuis quelques années, le gouvernement tunisien a engagé des efforts considérables à l'encontre de la religion musulmane. Selon Salah Karder, journaliste tunisien, le gouvernement orchestre une réelle 'guerre' contre l'Islam. En France, on assiste actuellement à un débat pour interdire le port du voile. En Tunisie, depuis longtemps, pour toutes les filles qui fréquentent un établissement scolaire ou universitaire ainsi que pour celles qui occupe des fonctions dans l'administration, port du voile est formellement interdit.
Contrôle des fidèles se rendant à la mosquée, fermeture des lieux de prières à l'exception des horaires de prière font partie de l'arsenal répressif à l'encontre de l'Islam en Tunisie. 'Le régime en place a même ordonné à ses flics d'agresser celles qui portent le voile dans la rue' selon Salah Karder. 'Il a banalisé la marginalisation des pratiquants dans la société en les privant de travail, de passeport, et de presque tous leurs droits' ajoute-t-il