Les attentats de Charm El Cheikh ont suscité de vives protestations de la part des autorités religieuses musulmanes. Sunnites et chiites ont condamné sans hésitation. La station balnéaire située dans le Sinaï a été la cible de voitures piégées, faisant état de 88 morts selon le dernier bilan.
Dans la nuit du vendredi 22 au samedi 23 juillet, une énorme déflagration a touché l’un des lieux les plus touristiques de l’Egypte. Grand complexe touristique au décor paradisiaque, la station balnéaire accueille en moyenne un million de touristes par an. C’est dire l’importance économique qu’occupe cette ville à touristes.
Quand on pénètre dans les lieux, difficile de se rendre compte de la grande pauvreté et de la misère sociale que connaît l’Egypte. La fracture entre les égyptiens et les touristes ne s’explique pas, elle se vit. Comme tant d’autres pays du monde arabe tels le Maroc, la Tunisie, l’Egypte vit en grande partie de son tourisme.
Hosni Moubarak, président depuis 1981, est en position de faiblesse dans un pays qui se rebelle peu à peu. Les attentats ne semblent pas arranger les affaires de Moubarak, qui multiplie du coup les apparitions à la télévision égyptienne et ses visites aux victimes des attentats.
Des actes maléfiques…
« Ce sont des actes maléfiques contraires aux principes de l’islam et à toutes les valeurs de l’humanité », tels sont les mots sortis d’un communiqué de l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI). Basée à Djeddah en Arabie Saoudite, l’OCI regroupe prés de 57 états. Son secrétaire général, le professeur Ekmeleddin Ihsanoglu, a déclaré que « la recrudescence de ces ignobles crimes, ces derniers temps, impose à tous la nécessité de suivre des voies nouvelles pour un appui efficace à l’action islamique commune visant à lutter contre ce fléau qui a causé d’énormes dégâts au monde islamique, dénaturé l’image et la réputation des musulmans de par le monde et qui aujourd’hui menace les intérêts stratégiques suprêmes de la Oummah islamique. »[1]
Même réaction du côté des autorités chiites. Selon l’AFP, Seyyed Mohammad Hussein Fadlallah, autorité chiite libanaise, a émis une fatwa qui n’est autre qu’un décret religieux. « Nous interdisons les actes barbares contre les innocents qui n'ont aucun lien avec les revendications politiques des terroristes (…) Il ne s'agit pas d'opérations martyres mais d'actes suicidaires barbares qui ne vaudront à leurs auteurs que la punition de Dieu », ajoute-t-il.
En Egypte, c’est le quotidien indépendant al-Masri al-Yom qui sonne la condamnation. Le journal n’hésite pas à critiquer la grande institution d’Al Azhar, qui est « faible et incapable de faire face à l’idéologie salafiste (responsable des attentats ndlr), nous avons besoin d'une campagne nationale pour un retour à notre véritable islam », conclut-t-il.
[1] http://www.oic-oci.org/index_french.asp