Vive indignation en Algérie à l’annonce de la mort de Ali Belaroussi et Azzedine Belkadi. Les deux diplomates algériens, en poste à Bagdad, avaient été enlevés en début de semaine par le groupe Zarkaoui. Selon le communiqué de ce groupe armé, l’assassinat des diplomates est le sort qu’il réserve aux diplomates des pays qu’il considère comme étant « infidèles ».
Guerre aux diplomates
Le groupe d’Abou Moussab al Zarqaoui a annoncé mercredi avoir assassiné le chargé d’affaires Ali Belaroussi, 62 ans, proche de la retraite, et son adjoint Azzedine Belkadi, 47 ans, deux diplomates algériens kidnappés le 21 juillet dernier à Bagdad. « Vos frères dans la branche militaire de l’Organisation Al-Qaïda en Mésopotamie ont procédé mercredi 27 juillet à l’application du verdict du tribunal islamique », indique le communiqué. Le groupe avait diffusé, la veille sur Internet un enregistrement de moins d’une minute des deux hommes. Les yeux bandés, ils déclinaient leur identité, âge, fonction et adresse. Dans le même temps, les ravisseurs publiaient un communiqué annonçant la condamnation à mort de leurs captifs.
« Ce sont deux émissaires de l’Etat algérien, qui n’applique pas la charia et qui s’est allié aux juifs et aux chrétiens. Il les a envoyés pour soutenir les bases des juifs et des chrétiens en Mésopotamie », précise le texte.
Au début du mois, la branche irakienne d'Al Qaïda avait annoncé l'exécution d'Ihab al Chérif, chef de la mission diplomatique égyptienne enlevé à Bagdad, et les représentants diplomatiques du Bahreïn et du Pakistan ont été visés par des tirs. Le dernier communiqué du groupe armé indiquait mardi: « ce sera le sort des autres diplomates et représentants du reste des gouvernements infidèles ».
« L’Algérie se souviendra »
Le cabinet du président algérien, Abdelaziz Bouteflika, a prévenu que « l'Algérie se souviendra » de ces assassinats.
« Elle poursuivra de sa froide détermination ceux qui ont osé s'attaquer si scandaleusement aux enfants d'un pays qui a tant fait pour lutter aux côtés du peuple irakien dans sa quête de souveraineté, de son unité nationale, de son intégrité territoriale, comme de la paix et de la justice », insiste la présidence algérienne.
Le pouvoir à Alger, qui avait exprimé l'espoir d'obtenir la libération de ses diplomates, s'est opposé à l'occupation de l'Irak mais est devenu ces dernières années un allié de Washington dans la guerre contre l'activisme islamique. Des partis politiques algériens, y compris des formations islamiques légales, avaient réclamé ce mercredi la libération des deux hommes en déclarant les exécutions contraires à l'islam et à l'unité arabe. A la suite de leur enlèvement, Alger a rappelé lundi son dernier diplomate encore en poste à Bagdad.
Ces attaques à répétition contre les représentations diplomatiques sont un revers pour le gouvernement irakien, qui craint d'assister à un exode des personnels diplomatiques de Bagdad. Une minute de silence a été observée ce jeudi à midi (11 heures GMT) à travers tout le territoire algérien, en hommage aux deux victimes.