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Sur le vif

Face aux critiques visant la France, les tirs à boulets rouges de Macron sur la presse anglo-saxonne

Rédigé par | Lundi 16 Novembre 2020 à 17:00

           


© Jacques Paquier / CC BY 2.0
© Jacques Paquier / CC BY 2.0
Emmanuel Macron tire à boulets rouges sur les médias anglo-américains en accusant plusieurs d'entre eux de « légitimer » les violences au travers de leur traitement des sujets liés à la lutte contre le terrorisme, de l'islamisme radical et de la laïcité en France.

Dans un article publié dimanche 15 novembre dans le New York Times, le journaliste Ben Smith affirme que « le président a quelques comptes à régler avec les médias américains ». Ce que leur reproche le chef de l'Etat : « Notre biais, notre obsession du racisme, nos points de vue sur le terrorisme, et notre réticence à exprimer notre solidarité, même un instant, avec sa République assiégée. »

Le président, qui s'est dit « excédé » de la « déformation de ses propos » contre le « séparatisme islamiste » et non « islamique », aurait affirmé son agacement de constater que la presse anglo-saxonne « a préféré dénoncer le système d’intégration français » plutôt que de dénoncer les attentats qui ont frappé le pays ces dernières semaines dont la décapitation de Samuel Paty. Un agacement que l'on retrouve dans les propos du président relayés par le journaliste. « Lorsque la France avait été attaquée il y a cinq ans, toutes les nations du monde nous avaient soutenus », en faisant référence aux attentats de novembre 2015 qui avaient fait pas moins de 130 victimes.

« Et quand je vois, dans ce contexte, de nombreux journaux qui, je pense, viennent de pays qui partagent nos valeurs, qui écrivent dans un pays qui est l’enfant naturel des Lumières et de la Révolution Française, et qui légitiment ces violences, qui disent que le cœur du problème, c’est que la France est raciste et islamophobe, je dis : les fondamentaux sont perdus », aurait déclaré Emmanuel Macron, pour qui les médias anglo-saxons et particulièrement américains « cherchent à imposer leurs propres valeurs à une société différente », selon les mots de Ben Smith.

« Je ne vais pas changer mon droit parce qu’il choque ailleurs »

Ce manque de solidarité de certains pays étrangers, le président l'a aussi pointé du doigt au cours d’un entretien paru dimanche 16 novembre à la revue Le Grand Continent « Il y a cinq ans, quand on a tué ceux qui faisaient des caricatures, le monde entier défilait à Paris et défendait ces droits. Là, nous avons eu un professeur égorgé, plusieurs personnes égorgées. Beaucoup de condoléances ont été pudiques », affirme-il, avant de revenir sur la vague de protestation survenue dans le monde arabo-musulmans après son discours d’hommage à Samuel Paty à la Sorbonne.

« On a eu, de manière structurée, des dirigeants politiques et religieux d’une partie du monde musulman – qui a toutefois intimidé l’autre, je suis obligé de le reconnaitre – disant : "Ils n’ont qu’à changer leur droit." Ceci me choque et en tant que dirigeant, je ne veux choquer personne, je suis pour le respect des cultures, des civilisations, mais je ne vais pas changer mon droit parce qu’il choque ailleurs », martèle-t-il. « Nous sommes en train d’accepter que des dirigeants, des chefs religieux, mettent un système d’équivalence entre ce qui choque et une représentation, et la mort d’un homme et le fait terroriste – ils l’ont fait –, et que nous soyons suffisamment intimidés pour ne pas oser condamner cela. »

Comme il l’a fait lors de l'interview accordée Al Jazeera, le président a de nouveau affirmé que la France était « un pays de liberté où aucune religion n’est menacée, où aucune religion n’est malvenue » tant qu’elles ne l’emportent pas sur les principes républicains.

Si le président parle sans détour parler d’un combat contre la barbarie et l’obscurantisme il se refuse à tomber dans le piège du choc des civilisations, « fantasme dans lequel certains voudraient nous entraîner », précise-t-il. Pour lui, il s’agit avant tout de ne pas opérer un « retour en arrière de l’histoire colossal » avec les débats liés à la liberté d'expression. « Le combat de notre génération en Europe, ce sera un combat pour nos libertés. Parce qu’elles sont en train de basculer. Et donc, ce ne sera pas la réinvention des Lumières, mais il va falloir défendre les Lumières face à l’obscurantisme. Cela est sûr. »

Le chef de l'Etat est décidé à afficher sa fermeté à l'heure où le projet de loi contre les séparatismes, qui pourrait porter nommément sur « la défense des valeurs républicaines » selon LCI, est appelé à être présenté en conseil des ministres le 9 décembre pour un examen au Parlement au début de l'année 2021.

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