Comme le veut la tradition, Jean Paul II célébrera aujourd'hui mercredi 24 décembre, la messe de la nativité à minuit. Mais son programme a été allégé le lendemain et réduit à la lecture de la bénédiction 'urbi et orbi' pour ménager sa santé. Son médecin, le docteur Renato Buzzonetti, a recommandé de limiter les activités du pape âgé de 83 ans après les éprouvantes cérémonies organisées pour le 25e anniversaire de son pontificat le 16 octobre.
Jean Paul II est, depuis, apparu en meilleure condition physique même s'il reste handicapé par les problèmes d'élocution liés à la maladie de parkinson. Son regard est moins figé et ses tremblements moins importants, ont constaté les vaticanistes.
Un programme ajusté pour le Pape
Le pape célébrera personnellement mercredi 24 décembre la traditionnelle messe de minuit en la basilique Saint Pierre, mais il laissera officier, le lendemain, le cardinal secrétaire d'Etat Angelo pour la messe place Saint Pierre. Jean Paul II n'interviendra que pour lire son message de paix et donner sa bénédiction 'urbi et orbi' (à la ville et au monde) depuis la loggia centrale de la basilique vaticane. En raison de ses problèmes de santé, le Pape officie désormais assis. Pour l'aider, un fauteuil spécial pouvant être soulevé jusqu'au niveau de l'autel lui a été aménagé par les ouvriers du palais apostolique.
Plusieurs interventions ont été supprimées dans le programme de fin d'année. Jean Paul II donnera sa bénédiction aux fidèles le 28 décembre, comme il le fait traditionnellement chaque dimanche, mais son audience générale hebdomadaire a été annulée le mercredi 31 décembre. En revanche, le Pape présidera ce jour là, dans la basilique Saint Pierre, la traditionnelle cérémonie de remerciement à Dieu pour la fin de l'année 2003.
Seul rendez-vous confirmé par le Vatican: l'échange de vœux pour la nouvelle année avec les ambassadeurs accrédités auprès du Saint-Siège. La rencontre, prévue le lundi 12 janvier, lui donnera l'occasion de livrer une analyse de la situation politique dans les différentes régions du monde où la paix est menacée.
Sa santé est épiée par les télévisions du monde entier. Chaque commentaire de ses cardinaux donne lieu à de nouvelles spéculations.
Une ruée de dernière minute
Cette année, l’affaiblissement ne se situe pas qu’au Vatican.
Noël n'est plus ce qu'il était. Autrefois, les choses étaient simples car prévisibles. Dès novembre, la grande machine de Noël des grands magasins et des chaînes spécialisées dans le jouet pour enfant (Toys'R'Us, la Grande Récré...) faisait sonner le tiroir-caisse. Aujourd'hui, non seulement le consommateur se décide au dernier moment, mais en plus il est plutôt chiche sur la dépense. «Cette année, les gens nous ont fait peur : ils s'y sont pris très tard, depuis une dizaine de jours seulement. D'habitude, dès la fin novembre, la ruée vers les cadeaux est déjà bien amorcée», confirme Philippe Lerat, directeur du magasin la Grande Récré Cité des sciences. A J-2 avant Noël, il peut être rassuré : son magasin est bondé. Mais difficile de pronostiquer si cela va suffire à rattraper le mauvais mois de novembre (-10 % de ventes de jouets classiques par rapport à l'an dernier dans les hypermarchés.
«Les derniers jours vont être cruciaux pour sauver notre année. On est sur le fil du rasoir», assure Eric Le Mélinaire, directeur marketing de Toy'R'Us. Au petit jeu des paris, Sébastien Laveau, directeur de la Grande Récré Beaugrenelle, tente sa chance : «Je crois que les gens attendaient les promos de dernière minute.»
Car, en plus d'être long à la détente, le consommateur nouveau regarde à deux fois les étiquettes. Son panier moyen de jouets «a vachement diminué», soupire Sébastien Laveau, qui s'interroge : «Peut-être que l'an dernier les gens n'avaient pas encore conscience de la valeur de l'euro... Et puis le pays va moins bien, il y a le chômage, et tout ça...» Même grise mine dans une enseigne de la grande distribution : «C'est pas terrible. Malgré les opérations de promotion, le consommateur ne réagit pas beaucoup. On devrait tout juste atteindre le niveau de l'an dernier.» Soit, grosso modo, un ticket de caisse moyen autour de 60 euros pour les jouets des bambins. Si on ajoute les cadeaux des grands-parents, une hotte autour des 120 euros.
Derrière tout cela se cacherait, selon certains professionnels, une vraie crise existentielle. «Le consommateur est de plus en plus difficile à prévoir. Agressé par la publicité et gavé de consommation, il ne répond plus de façon aussi durable aux stimuli classiques du marketing», analyse Jacques Perrilliat, président de l'UCV (l'Union du commerce de centre-ville), qui regroupe entre autres les grands magasins. Et de pronostiquer : «On va vers une guerre des prix, mais je ne suis pas sûr qu'elle suffise à relancer la consommation.»