Algériens, Tunisiens, Comoriens, et même, Asiatiques… Dans la foule bigarrée qui jaillit hier après-midi de la Grande Mosquée de Lyon une fois le grand prêche hebdomadaire terminé, rares, très rares même, sont les partisans d'une interdiction du voile intégral (niqab).
La décision du gouvernement déclenche chez ces fidèles à peu près autant d'enthousiasme que la curiosité mise à les faire réagir sur le sujet, la plupart pressant le pas à la simple vue d'un carnet de notes. « Je suis indignée, ça touche à la liberté d'expression », glisse une musulmane portant le hidjab (voile simple).
Tout en enfilant à nouveau ses chaussures, ce père de famille, coiffé d'un kofia comorien, livre son opinion après beaucoup d'hésitations : « L'interdiction, c'est mauvais : ça ne me choque pas que des femmes portent le niqab, et la France est un grand pays laïc qui doit laisser le droit à chacun de pratiquer sa religion comme il le veut. »
Surgissent trois jeunes bavardes en djellaba, dont l'une, originaire du Sénégal, laisse parler sa colère. « Je me sens stigmatisée, des regards lourds pèsent sur moi dans la rue à cause de ce débat, et je dis que les médias y sont pour beaucoup. Les gens associent les musulmans au 11-Septembre [les attentats aux Etats-Unis, ndlr] et ça fait mal. Je vais rentrer au Sénégal parce qu'ici, c'est trop lourd. »
Deux jeunes musulmans campés devant le porche nous interrogent sur notre démarche, mais se dérobent à la première question. « Vous dire ce que je pense de cette interdiction, pas question : j'attends l'avis du mufti d'Arabie Saoudite », vitupère l'un d'eux, vite repris par Kamel Kabtane, le recteur de la Grande Mosquée, qui lui rappelle la primauté des imams locaux.
« S'il y a une loi qui interdit le niqab, eh bien, qu'ils la mettent en pratique, mais que les médias arrêtent d'en parler parce que ça dramatise les choses, ce n'est pas bon pour la paix, et je crains que certains jeunes se radicalisent », avertit cette responsable d'entreprise portant le foulard.
Un jeune musulman des Minguettes prône la voie du dialogue pour convaincre les femmes et leur entourage de renoncer au voile intégral, auquel il est hostile : « Ça va dégénérer si les CRS viennent verbaliser [les contrevenantes]. Et puis moi, j'en ai marre qu'on mélange tout ! Comme si l'islam était terroriste ! Non, notre religion, c'est le respect. »
A cet instant, une femme au visage masqué par un niqab - la seule sur 2 000 fidèles - quitte la salle de prière, mais ignore nos sollicitations. A l'étage de la Grande Mosquée, où il a regagné le salon, Kamel Kabtane repose sa tasse de café en tiquant.
« La France est malade, et l'exutoire, ce sont les musulmans. Comme responsables religieux, nous risquons d'avoir de plus en plus de mal à convaincre certains jeunes de ne pas suivre des fatwas (avis juridiques) étrangers. Notre crédit s'érode. »
Sur le fauteuil d'en face, un musulman de Vaulx-en-Velin soupire. « Sarkozy est en train de saper l'islam de France après l'avoir construit. On ferait mieux de nous donner les moyens de la citoyenneté. »
Auteur : Nicolas Ballet - 24/04/2010
Source : LeProgres.fr
La décision du gouvernement déclenche chez ces fidèles à peu près autant d'enthousiasme que la curiosité mise à les faire réagir sur le sujet, la plupart pressant le pas à la simple vue d'un carnet de notes. « Je suis indignée, ça touche à la liberté d'expression », glisse une musulmane portant le hidjab (voile simple).
Tout en enfilant à nouveau ses chaussures, ce père de famille, coiffé d'un kofia comorien, livre son opinion après beaucoup d'hésitations : « L'interdiction, c'est mauvais : ça ne me choque pas que des femmes portent le niqab, et la France est un grand pays laïc qui doit laisser le droit à chacun de pratiquer sa religion comme il le veut. »
Surgissent trois jeunes bavardes en djellaba, dont l'une, originaire du Sénégal, laisse parler sa colère. « Je me sens stigmatisée, des regards lourds pèsent sur moi dans la rue à cause de ce débat, et je dis que les médias y sont pour beaucoup. Les gens associent les musulmans au 11-Septembre [les attentats aux Etats-Unis, ndlr] et ça fait mal. Je vais rentrer au Sénégal parce qu'ici, c'est trop lourd. »
Deux jeunes musulmans campés devant le porche nous interrogent sur notre démarche, mais se dérobent à la première question. « Vous dire ce que je pense de cette interdiction, pas question : j'attends l'avis du mufti d'Arabie Saoudite », vitupère l'un d'eux, vite repris par Kamel Kabtane, le recteur de la Grande Mosquée, qui lui rappelle la primauté des imams locaux.
« S'il y a une loi qui interdit le niqab, eh bien, qu'ils la mettent en pratique, mais que les médias arrêtent d'en parler parce que ça dramatise les choses, ce n'est pas bon pour la paix, et je crains que certains jeunes se radicalisent », avertit cette responsable d'entreprise portant le foulard.
Un jeune musulman des Minguettes prône la voie du dialogue pour convaincre les femmes et leur entourage de renoncer au voile intégral, auquel il est hostile : « Ça va dégénérer si les CRS viennent verbaliser [les contrevenantes]. Et puis moi, j'en ai marre qu'on mélange tout ! Comme si l'islam était terroriste ! Non, notre religion, c'est le respect. »
A cet instant, une femme au visage masqué par un niqab - la seule sur 2 000 fidèles - quitte la salle de prière, mais ignore nos sollicitations. A l'étage de la Grande Mosquée, où il a regagné le salon, Kamel Kabtane repose sa tasse de café en tiquant.
« La France est malade, et l'exutoire, ce sont les musulmans. Comme responsables religieux, nous risquons d'avoir de plus en plus de mal à convaincre certains jeunes de ne pas suivre des fatwas (avis juridiques) étrangers. Notre crédit s'érode. »
Sur le fauteuil d'en face, un musulman de Vaulx-en-Velin soupire. « Sarkozy est en train de saper l'islam de France après l'avoir construit. On ferait mieux de nous donner les moyens de la citoyenneté. »
Auteur : Nicolas Ballet - 24/04/2010
Source : LeProgres.fr