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L'école, l'adulte et l'enfant

Rédigé par Ismaili Miloud | Mercredi 15 Octobre 2003 à 00:00

           


Le professeur, l’adulte et l’institution entendent-ils cet appel au secours ? L’adolescent a besoin d’une certaine sérénité pour se développer et d’un certain réalisme de la part des adultes qui l’entourent. Il faudrait qu’on parvienne à être à la fois plus réalistes et plus modérés. Comment mieux adapter la réponse aux maux des adolescents ? Renforcer la santé scolaire est l’une des priorités. Et en particulier ; former les infirmières, les médecins et les assistances sociales afin qu’ils puissent mieux intervenir et de façon plus coordonnée. Il faut leur donner les moyens en nombre et en formation et non nécessairement créer de nouvelles structures mais adapter aux réels besoins des jeunes celles qui existent.

L’adulte a perdu le sens de l’écoute. Il ne porte guère une oreille attentive aux difficultés adolescentes. La réalité montre que les jeunes demeurent souvent seuls face à leur souffrance.

Conséquence : le suicide grimpe en flèche : 800 suicides adolescents par an et entre
100 000 et 150 000 tentatives par an si l’on inclut ceux et celles qui ne parviennent pas jusqu'à l’hôpital. Cela est trop ! Il existe beaucoup de non-réponse à cette souffrance. Il y a trop peu de ponts entre le monde adulte, l’équipe éducative (conseiller d’éducation, surveillants, assistances sociales etc…) et les jeunes. « Cet écart entre ce que les jeunes disent sur leur vie et ce à quoi l’on s’intéresse est à l’origine de cette incompréhension. L’un des enjeux nouveaux pour nos recherches sera donc de mieux connaître ce décalage » explique Marie Choquet, épistémologiste (Libération 13/5/1). Le système de prise en charge des jeunes en difficulté n’est pas adapté. Il faut beaucoup réfléchir sur ce que l’on fait à leur égard, dans le respect de leur personne. Les élèves et les jeunes en difficulté ne l’oublions pas sont des êtres qui possèdent un savoir et un savoir-faire. Ils ont un passé, une expérience, un potentiel. L‘école feint d’ignorer son savoir, piétine son passé comme s'il n’avait jamais vécu, qu’il n’avait pas d’histoire. On fait comme si on allait les reconstruire à partir de rien sur le moule que nous pensons être bon pour lui. Il y à quelque chose d’abusif, dans la façon dont on agit à leur égard. Cette stigmatisation, cette indifférence, je ne connais rien de plus terrible, dès lors qu’on vous dit : vous êtes ceci ou cela. Et rien d’autres.

Les responsables politiques et éducatifs sauront-ils faire de l’école le lieu par excellence de la transmission du savoir qui permettent aux enfants et aux jeunes de s’insurger pour mieux s’élever, de raisonner contre le mépris, combattre l’égoïsme et les ouvrir à toutes les fenêtres du monde. Dans l’état actuel des choses ; les bons esprits ne s’étonneront pas de voir que les élèves ne croient pas aux valeurs affichées par l’école quand ils vivront au sein même du collège, les formes de mépris et de ségrégation que condamnent les cours d’instructions civiques.

Dans l’école d’aujourd’hui, les élèves s’ennuient : ennui qui génère du stress et de la violence. Un rapport officiel indique que sur 30 000 collégiens : 21,7% ont des « rapports tendus » avec les enseignants Marianne (29/1/1). Ils effraient le monde des adultes. Marie Choquet observe les « comportements de plus en plus individualistes des adultes », devenus « de plus en plus intolérants, plus vulnérables aussi » Elle y voit la conséquence des valeurs qui ont fait passer la valorisation et l’estime de soi au premier plan, au détriment du groupe. Alors, dit-elle « les gens ne supportent plus rien des autres. Et veulent avant tout préserver leur sécurité au détriment parfois des jeunes et de leurs préoccupations »

Les errements des jeunes ne peuvent pas nous laisser indifférents. « Stigmatiser le péril jeune permet assurément de rejeter une partie du poids écrasant de cette culpabilité collective » juge de son coté Robert Muchembled dans un ouvrage collectif violence et délinquance des jeunes. Une culpabilité qui provient des échecs des adultes, des politiques en premier plan. « Les adolescents sont les témoins concernés de nos doutes ; de nos vulnérabilités » écrit encore la psychologue Martine Gruère. Perte de repères, difficulté à trouver sa place dans l’univers salarié, poids des différences économiques et sociales…Plus qu’hier, les jeunes auraient pourtant besoin de réponses de la part des adultes, claires à défaut d’être rassurantes. Et il est peu probable que les débats de la campagne électorale aient répondu à ces attentes.





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