Saphirnews.com : Quel a été le but de cette rencontre ?
Khaled Bentounès : Il y a de cela dix ans, nous avons réfléchi à une idée pour montrer l’ouverture que pouvait avoir l’Islam et donner un signe fort aux autres communautés, qu’elles soient religieuses ou laïques, en les invitant sous la tente d’Abraham, qui est en quelque sorte le résumé et le point de rencontre des trois monothéismes, juif, chrétien et musulman.
L’Europe se réfère à une culture judéo-chrétienne. Nous avons voulu montrer justement qu’il n’y a pas qu’une culture judéo-chrétienne. En se référant à Abraham, nous nous référons à une culture beaucoup plus lointaine et beaucoup plus proche aussi parce qu’elle intègre et englobe aussi l’Islam, comme faisant partie de l’héritage de l’Europe. Il y a eu un Islam d’occident qui a brillé d’un feu éclatant au niveau de l’Espagne, de la Sicile, du sud de la France.
L’Europe se réfère à une culture judéo-chrétienne. Nous avons voulu montrer justement qu’il n’y a pas qu’une culture judéo-chrétienne. En se référant à Abraham, nous nous référons à une culture beaucoup plus lointaine et beaucoup plus proche aussi parce qu’elle intègre et englobe aussi l’Islam, comme faisant partie de l’héritage de l’Europe. Il y a eu un Islam d’occident qui a brillé d’un feu éclatant au niveau de l’Espagne, de la Sicile, du sud de la France.
Pourquoi avoir décidé de lier la question du mal de la jeunesse à celui de l’environnement ?
K.B : Parce que nous ne voulons plus dissocier l’esprit de la jeunesse des préoccupations majeures. Si on forme un citoyen, autant former un citoyen universel, un citoyen du monde qui aspire, pas seulement à résoudre ses propres problèmes mais aussi à prendre en compte les problèmes des autres. Donc, nous avons lié et traité ces deux sujets dans la même journée avec la crise de sens des jeunes et les problèmes du réchauffement climatique et de pollution, car les humains sont liés. Comme disait le Prophète, « vous êtes tous d’Adam et Adam est de terre ». Prendre soin de la terre c’est prendre soin de nous-même.
Voilà, on essaie de semer dans la conscience de nos jeunes cette double action : une, pour l’amélioration de leur situation en étant des bâtisseurs et en ne se reposant pas sur un passé ou sur une aide extérieure. En comptant sur soi mais avec l’autre, pas contre l’autre tout en ayant une vision ouverte sur le monde et sur l’humanité.
Voilà, on essaie de semer dans la conscience de nos jeunes cette double action : une, pour l’amélioration de leur situation en étant des bâtisseurs et en ne se reposant pas sur un passé ou sur une aide extérieure. En comptant sur soi mais avec l’autre, pas contre l’autre tout en ayant une vision ouverte sur le monde et sur l’humanité.
Que représente votre mouvement dans l’espace musulman français ?
K.B : Nous galérons depuis quinze ans. On ne cesse de se battre et on a montré l’efficacité de ce mouvement, la capacité qu’il avait a structuré des citoyens, à leur donner des jambes solides sur lesquels ils se tiennent et des mains avec lesquelles ils puissent construire leur avenir. Mais nous n’avons pas, notamment au niveau des médias, d’écho et de visibilité malgré les évènements que nous organisons comme la fête de la fraternité, près de Grenoble, qui a été célébrée plusieurs années de suite et qui a réunie jusqu’à 17 000 personnes, avec des jeunes et des parents…. Mais pour passer de là à d’autres actions, il faut des moyens.
Notre mouvement ne compte que sur des bénévoles. Certes, le bénévolat est précieux mais il ne résout pas le problème. Il nous faut des moyens financiers. Nos projets sont à la cultuels, culturels et spirituels. Dans la communauté musulmane, si l’on ne parle pas que du halal et du haram, cela ne va pas. Notre mouvement est ascendant et il compte actuellement environ trois mille personnes, présents dans une dizaine de régions (Côte d’Azur, Alpes Côtes d’Azur, Rhône Alpes, la région de Toulouse, de Bordeaux, de Lille, Paris …).
Il y a beaucoup de va et vient. Beaucoup rejoignent notre groupe pour suivre une formation type BAFA et s’en vont dès qu’ils l’obtiennent. Nous sommes tout de même content de cela car ils ont quant même acquis une formation, un BAFA, qui peut leur faire décrocher un travail. C’est le cas de 80 % de ceux qui repartent. Ils le font avec un bagage.
Notre mouvement ne compte que sur des bénévoles. Certes, le bénévolat est précieux mais il ne résout pas le problème. Il nous faut des moyens financiers. Nos projets sont à la cultuels, culturels et spirituels. Dans la communauté musulmane, si l’on ne parle pas que du halal et du haram, cela ne va pas. Notre mouvement est ascendant et il compte actuellement environ trois mille personnes, présents dans une dizaine de régions (Côte d’Azur, Alpes Côtes d’Azur, Rhône Alpes, la région de Toulouse, de Bordeaux, de Lille, Paris …).
Il y a beaucoup de va et vient. Beaucoup rejoignent notre groupe pour suivre une formation type BAFA et s’en vont dès qu’ils l’obtiennent. Nous sommes tout de même content de cela car ils ont quant même acquis une formation, un BAFA, qui peut leur faire décrocher un travail. C’est le cas de 80 % de ceux qui repartent. Ils le font avec un bagage.
Vous êtes le guide de la confrérie soufie Alawiyya. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce mouvement ?
K.B : Ce n’est pas un mouvement. C’est une école de pensée. Le soufisme a existé depuis le début de l’islam. Toutes les chaînes remontent au Prophète (paix et salut de Dieu sur lui). De lui à Ali, de Ali à Al Hassan en passant par Hassan al Basri, qui est véritablement l’homme qui a donner une structure au soufisme, dans la Péninsule arabique.
Le soufisme a accompagné l’histoire de l’Islam, de la théologie musulmane, de la philosophie, avec quelques grands noms comme Al Ghazali, qu’on appelle « la preuve de l’islam » ou Ibn Arabi, qui a composé plus de 350 000 vers. L’émir Abdelkader, qui a été un héros en Algérie, qui a combattu le colonialisme et qui a été d’un humanisme extraordinaire puisqu’il a sauvé les chrétiens d’un massacre à Damas. Donc, tout ces gens là nous ont laissé un héritage spirituel considérable. Certains on vu le soufisme comme une influence venue de l’extérieur, de l’Inde ou de la Grèce. C’est une erreur et une manipulation de l’histoire !
Le soufisme a accompagné l’histoire de l’Islam, de la théologie musulmane, de la philosophie, avec quelques grands noms comme Al Ghazali, qu’on appelle « la preuve de l’islam » ou Ibn Arabi, qui a composé plus de 350 000 vers. L’émir Abdelkader, qui a été un héros en Algérie, qui a combattu le colonialisme et qui a été d’un humanisme extraordinaire puisqu’il a sauvé les chrétiens d’un massacre à Damas. Donc, tout ces gens là nous ont laissé un héritage spirituel considérable. Certains on vu le soufisme comme une influence venue de l’extérieur, de l’Inde ou de la Grèce. C’est une erreur et une manipulation de l’histoire !
Quelles sont les spécificités de cette confrérie ?
K.B : Comme toutes les confréries soufies, notre enseignement s’appuie sur l’unicité divine. Je précise qu’il y a une distinction entre les SMF et la confrérie que je représente. Ce qui caractérise peut-être l’enseignement de la confrérie c’est sa capacité à vivre avec son temps et à ne pas s’enfermer dans le passé. Il y a un ijtihad permanent (NDLR : effort de compréhension et d’interprétation d’un problème ou d’une question qui est le fait des savants musulmans).
Il y a aussi une forme de liberté d’expression au niveau de l’homme comme de la femme qui caractérise notre groupe et il s’adapte aux besoins de la situation. Il ne parle pas d’un passé prodigieux, imaginaire et souvent dénué de tout fondements historiques. Il aborde la question de l’islam par rapport à notre époque et il prépare l’homme à affronter les réalités de son temps tout en préservant sa spiritualité, sa culture et son enracinement.
Il y a aussi une forme de liberté d’expression au niveau de l’homme comme de la femme qui caractérise notre groupe et il s’adapte aux besoins de la situation. Il ne parle pas d’un passé prodigieux, imaginaire et souvent dénué de tout fondements historiques. Il aborde la question de l’islam par rapport à notre époque et il prépare l’homme à affronter les réalités de son temps tout en préservant sa spiritualité, sa culture et son enracinement.
Vous sentez-vous concerné par le CFCM et ses mésaventures ?
K.B : J’ai été concerné puisque j’ai été l’un de ses fondateurs. J’ai fait partie du CFCM. On a travaillé pendant trois ans à construire ce conseil avec plusieurs ministres. On a fondé un grand espoir sur ce CFCM même si dès le départ, j’ai toujours dit que cela serait difficile parce que la communauté musulmane de France est atomisée. Elle l’est encore dans le découpage national, ethnique ou autre et j’avais dis qu’il fallait attendre encore quelques générations pour qu’il y ait une réelle représentativité qualitative.
Nous avions quant même un léger espoir que le CFCM soit un interlocuteur au niveau de l’Etat et des collectivités locales, pour défendre les intérêts des musulmans et les exigences du culte (cimetières, viandes halal…) C’est une grande déception car nous sommes restés à la querelle des chapelles et des personnes au point d’oublier la mission confiée. C’est pour cela que je me suis retiré du CFCM depuis bientôt un an et demi.
Nous avions quant même un léger espoir que le CFCM soit un interlocuteur au niveau de l’Etat et des collectivités locales, pour défendre les intérêts des musulmans et les exigences du culte (cimetières, viandes halal…) C’est une grande déception car nous sommes restés à la querelle des chapelles et des personnes au point d’oublier la mission confiée. C’est pour cela que je me suis retiré du CFCM depuis bientôt un an et demi.
Comment jugez-vous la situation générale des musulmans de France ? Parleriez-vous de progrès ou de recul ?
K.B : La situation est globalement positive. Il y a une question qui se pose aux musulmans : êtes-vous à la hauteur des défis qui vous sont lancés ? C’est précisément ce défi qui est positif. N’oublions pas que nous sommes dans une année électorale. Nous allons voir et entendre beaucoup de chose sur l’islam.
Oui, il y a une potentialité dans l’islam qui en gêne certains, mais que les musulmans doivent pouvoir communiquer de la manière la plus convenable en jouant la citoyenneté, la responsabilité, la participation dans leur commune ou dans leur département, sur le terrain, sans culpabiliser et sans avancer leur race ou leur religion.
Certains musulmans donnent une image de l’islam qui est même choquante pour les musulmans eux-mêmes. Comment voulez-vous qu’elle ne choque pas les autres ? A nous musulmans de voir quelle image citoyenne construire. L’islam porte par son ouverture, par sa civilisation, une richesse pour l’Europe qui ne peut que la féconder.
Oui, il y a une potentialité dans l’islam qui en gêne certains, mais que les musulmans doivent pouvoir communiquer de la manière la plus convenable en jouant la citoyenneté, la responsabilité, la participation dans leur commune ou dans leur département, sur le terrain, sans culpabiliser et sans avancer leur race ou leur religion.
Certains musulmans donnent une image de l’islam qui est même choquante pour les musulmans eux-mêmes. Comment voulez-vous qu’elle ne choque pas les autres ? A nous musulmans de voir quelle image citoyenne construire. L’islam porte par son ouverture, par sa civilisation, une richesse pour l’Europe qui ne peut que la féconder.