La journée de solidarité fixée le lundi de Pentecôte a été contestée par la majorité des Français. Les syndicats appellent à la grève tandis que certaines entreprises et municipalités ont décidé de maintenir le jour férié du 16 mai.
Plus de la moitié des francais ( 66%) serait contre la suppression du jour férié : le lundi de Pentecôte. Le sondage CSA publié vendredi dans Le Parisien traduit bien l’opposition de plus en plus manifeste à la décision du gouvernement de rendre ouvré ce jour jusqu’à présent férié. Une opposition, également, ressentie chez les syndicats. Depuis jeudi, FO appelle à « s'opposer à l'obligation de travailler gratuitement ». Il propose des « arrêts de travail » et des « grèves ». La CFTC, elle, a saisi en référé le tribunal administratif de Paris. Elle reproche au texte du gouvernement de porter une « atteinte grave et manifestement illégale à plusieurs libertés fondamentales ».
Une « immense pagaille »
Les partis politiques ont également réagis. « Cette journée de solidarité va être une immense pagaille. Le gouvernement devrait prendre une disposition simple, supprimer cette réforme qui n'en est pas une », le premier secrétaire du PS François est catégorique. Selon lui, cette journée travaillée et non payée « va désorganiser les entreprises et les administrations, sans apporter d'ailleurs de financement pérenne pour les personnes concernées ». Décrétée suite à la canicule meurtrière de l'été 2003, cette « journée de solidarité » pour les personnes âgées et handicapées est en effet censé rapporter deux milliards d'euros via les cotisations supplémentaires versées par les entreprises, dans le cadre d’un jour de travail non payé aux salariés.
Dans la majorité présidentielle, certains élus ont exprimé la grogne de leurs concitoyens. « Il faut tenir compte de la France d'en bas », a ainsi déclaré jeudi dans Le Figaro le député-maire UMP de Nîmes Jean-Paul Fournier. Résultats : de nombreuses municipalités, de tout bord politique, ont décidé de considérer le lundi de Pentecôte comme un jour férié pour leurs agents. Alors, école ou pas école, crèche ou pas crèche
Pas d’assouplissement
Même désordre du côté des entreprises. A ce jour, seulement onze branches professionnelles sur 274 sont arrivés à un accord pour cette journée, selon le ministère du Travail, dont un seul fixe le lundi de Pentecôte comme journée de solidarité. Les autres laissent le choix à l'entreprise. Pour sa part, la direction de la SNCF a annoncé jeudi qu'elle mettrait en place un « service normal », comme en semaine, pour les TER et Transilien, ainsi qu'un service normal pour les TGV et Corail. Le service sera « adapté aux demandes des entreprises pour le fret ». Pour autant, le lundi de Pentecôte sera « férié » pour ses salariés, contrairement à ce qu'elle avait décidé en février, en contrepartie d'une légère « augmentation de la durée journalière de service » des cheminots. Biensurs on risque d’avoir de nouvelles grèves qui vont dans ce sens là. En effet, les syndicats de la SNCF sont contre les 1minutes 42 que l’on leur impose chaque jour. La direction de la société ferroviaire est appelée à prendre ses responsabilité. Matignon, prend quant à elle toutes ses précautions : « les directions sont libres d'organiser comme elles l'entendent cette journée au profit des personnes dépendantes ».
Malgré les critiques et les inquiétudes sur l’impact éventuel de sa mesure sur le référendum sur la Constitution européenne, le gouvernement entend maintenir le cap. La secrétaire d'Etat aux Personnes âgées, Catherine Vautrin, a confirmé vendredi au Parisien, qu'il n'y aura pas d'assouplissement concernant la journée de solidarité pour cette année. Une campagne de presse grand public sera par ailleurs à l’ordre du jour du séminaire gouvernemental de jeudi prochain pour mieux « vendre » cette mesure.