Ce jeudi 24 janvier ‒ jeudi 12 rabi‘ al-awwal 1434 ‒, la plupart des musulmans ont fêté le Mawlid, la naissance du Prophète ; la plupart, et non tous, certains musulmans remettant en question le caractère licite de cette fête, il est vrai, non canonique.
Historiquement, la forme de révérence au Prophète que constitue la commémoration de sa naissance est seconde, et d’ailleurs tardive (elle apparaît quelques cinq siècles après sa mort). La première forme observée est celle de la zyâra ou « visite spirituelle » : d’abord sur sa tombe à Médine, puis dans la maison qui l’a vu naître, à La Mecque, dans le quartier de Souq al-Layl.
C’est al-Khayzouran (morte en 789), la mère du calife abbasside Haroun ar-Rachid, qui fera transformer cette humble demeure en un lieu de prière, où les gens viendront témoigner leur révérence au Prophète et recevoir une part de sa bénédiction (tabarruk). Le géographe valencien Ibn Joubayr (1145-1217) rapporte que le lieu demeurait ouvert toute la journée de manière exceptionnelle chaque 12 rabi‘ al-awwal, jour de la naissance de Muhammad.
La visite et le rituel de célébration ne différaient pas alors, fondamentalement, des formes anciennes du culte des saints en islam. Le statut supérieur du Prophète imposera des formes spécifiques, qui sont peu ou prou les mêmes d’une extrémité à l’autre du monde musulman, avec, notamment, des poèmes à la gloire de Muhammad, souvent chantés, et la préparation de mets de fêtes, souvent sucrés et que les fidèles s’échangent entre voisins.
De l’Atlantique au Turkestan chinois, les différentes confréries soufies ont beaucoup contribué à l’élaboration des formes spécifiques, locales, de ces rites, mais surtout à les diffuser. Célébrations essentiellement populaires, elles prendront une forme officielle sous la dynastie chiite des Fatimides, au XIIe siècle et, en 1207-1208, à Irbil, sous le règne de Mouzaffar ad-Din Göbkuri, beau-frère de Saladin, dans le cas des sunnites.
Historiquement, la forme de révérence au Prophète que constitue la commémoration de sa naissance est seconde, et d’ailleurs tardive (elle apparaît quelques cinq siècles après sa mort). La première forme observée est celle de la zyâra ou « visite spirituelle » : d’abord sur sa tombe à Médine, puis dans la maison qui l’a vu naître, à La Mecque, dans le quartier de Souq al-Layl.
C’est al-Khayzouran (morte en 789), la mère du calife abbasside Haroun ar-Rachid, qui fera transformer cette humble demeure en un lieu de prière, où les gens viendront témoigner leur révérence au Prophète et recevoir une part de sa bénédiction (tabarruk). Le géographe valencien Ibn Joubayr (1145-1217) rapporte que le lieu demeurait ouvert toute la journée de manière exceptionnelle chaque 12 rabi‘ al-awwal, jour de la naissance de Muhammad.
La visite et le rituel de célébration ne différaient pas alors, fondamentalement, des formes anciennes du culte des saints en islam. Le statut supérieur du Prophète imposera des formes spécifiques, qui sont peu ou prou les mêmes d’une extrémité à l’autre du monde musulman, avec, notamment, des poèmes à la gloire de Muhammad, souvent chantés, et la préparation de mets de fêtes, souvent sucrés et que les fidèles s’échangent entre voisins.
De l’Atlantique au Turkestan chinois, les différentes confréries soufies ont beaucoup contribué à l’élaboration des formes spécifiques, locales, de ces rites, mais surtout à les diffuser. Célébrations essentiellement populaires, elles prendront une forme officielle sous la dynastie chiite des Fatimides, au XIIe siècle et, en 1207-1208, à Irbil, sous le règne de Mouzaffar ad-Din Göbkuri, beau-frère de Saladin, dans le cas des sunnites.
Une pratique condamnée par Ibn Taymiyya
C’est un autre Kurde, le célèbre théologien Ibn Taymiyya (1263-1328), qui, le premier, dénoncera cette pratique comme constituant une « innovation blâmable ». Il écrit ainsi dans son traité intitulé Du droit chemin et des errements des damnés de l’enfer : « L’institution par certains d’une fête commémorant la naissance du Prophète […] qui vise soit à ressembler aux chrétiens dans leur manière de commémorer la Nativité, soit à exprimer leur amour et leur vénération pour le Prophète, n’était pas pratiquée par les Anciens […]. Si une telle démarche était porteuse d’un bien, fût-il relatif, ce sont ces derniers qui étaient fondés à l’adopter. Car leur amour et leur vénération pour le Prophète étaient éminemment supérieurs aux nôtres, de même qu’était éminemment supérieur au nôtre leur souci de pratiquer le bien. »
La position du hanbalite Ibn Taymiyya n’est pas le fait d’une école juridique en particulier : le malékite Ibn al-Hajj (mort en 1337) et le chaféite Ibn Hajar al-Haytami (né en 1503) condamneront la célébration du Mawlid avec véhémence.
Cette position, représentée aujourd’hui par les wahhabites, n’en est pas moins minoritaire, pour ne pas dire marginale. Les oulémas passés et présents s’accordent en effet à voir dans la commémoration du Mawlid une « innovation louable » (bid‘a hasana). Le grand exégète as-Souyouti (né en 1445) écrit ainsi : « Célébrer l’anniversaire de la naissance du Prophète pour se réunir, réciter des passages du Coran, raconter des récits qui relatent la naissance du Prophète et les signes qui l’ont accompagnée, servir de la nourriture, [tout ceci] constitue une innovation louable ; et celui qui y prend part recevra une récompense, car il aura par là même manifesté sa révérence pour le rang du Prophète et exprimé sa joie [au jour anniversaire] de sa noble naissance. »
La position du hanbalite Ibn Taymiyya n’est pas le fait d’une école juridique en particulier : le malékite Ibn al-Hajj (mort en 1337) et le chaféite Ibn Hajar al-Haytami (né en 1503) condamneront la célébration du Mawlid avec véhémence.
Cette position, représentée aujourd’hui par les wahhabites, n’en est pas moins minoritaire, pour ne pas dire marginale. Les oulémas passés et présents s’accordent en effet à voir dans la commémoration du Mawlid une « innovation louable » (bid‘a hasana). Le grand exégète as-Souyouti (né en 1445) écrit ainsi : « Célébrer l’anniversaire de la naissance du Prophète pour se réunir, réciter des passages du Coran, raconter des récits qui relatent la naissance du Prophète et les signes qui l’ont accompagnée, servir de la nourriture, [tout ceci] constitue une innovation louable ; et celui qui y prend part recevra une récompense, car il aura par là même manifesté sa révérence pour le rang du Prophète et exprimé sa joie [au jour anniversaire] de sa noble naissance. »
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