Depuis les attentats du 11 septembre les musulmans américains vivent une véritable traque justicière de la part du FBI. Toutes sortes de lois visant à surveiller de près la moindre activité des musulmans ont été mises en place. En France, juste après les attentats plusieurs intervenants politique ont insistés sur le fait qu’il ne fallait surtout pas assimiler Islam et terrorisme.
L’amalgame a pourtant été fait, le mouvement missionnaire Tabligh qui subi depuis le 11 septembre une forte exposition médiatique a été mise en directe relation avec le terrorisme d’Al-Qaïda par la chaîne M6
Hier un reportage du journal télévisé de 20 heures faisait l’écho de manière impressionnante à son tour la découverte récente d’un réseau de « recrutement de jeunes musulmans » à Saint- Denis: le Tabligh qui a pourtant été fondé et reconnu par les autorités française dans les années 70.
Le Tabligh, un mouvement suspecté
Du réseau Al-Qaïda, en passant par l’explosion du Limburg, et le parcours de Richard Reid, pour en arriver enfin au « réseau Tabligh » Les informations s’entrechoquent, défilent se juxtaposent, aucune transition n’est faite pour séparer la foule d’informations. C’est ce qui nous était hier présenté au journal de 20 heures : l’enquête sur Richard Reid aurait permis aux enquêteurs français de découvrir « un véritable réseau de recrutement de jeunes musulmans basé en région parisienne » En effet Hassan El-Shégir qui a été influencé une parti de sa vie par le mouvement Tabligh a été incarcéré pour avoir aidé Richard Reid dans sa tentative d’attentat contre le vol Paris-Miami en décembre 2001.
Les plans serrés autour du modeste lieu de culte de Saint-Denis se succèdent, le contraste assombri de la caméra accentue la dramatisation, les fidèles ne soupçonnant même pas la présence d’une caméra dissimulée au préalable s’expriment à visages brouillés ; « Ils ont refusé de s’exprimer à visages découverts » disent-ils. Les responsables des lieus de cultes sont soupçonnés de recruter des jeunes afin de les envoyer en « stage » en Afghanistan.
Les dirigeants qui réunissent chaque jeudi soir et vendredi des dizaines de fidèles de toutes origines ne s’expriment jamais sur ces amalgames. Un fidèle interrogé par un journaliste de TF1 s’exclame : « Nous on est tous des frères, on aime tout le monde ! C’est-à-dire on est pas des gens qui cherchent la guerre, on est pas des gens qui cherchent à se battre, c’est à dire nous on sait qu’on veut le bien pour toute l’humanité ! » Ces paroles sont celles véhiculées chaque semaine aux dizaines de jeunes musulmans présents. Même si le Tabligh est étroitement surveillé par la DST et les RG, la grande majorité des fidèles sont bien loin du modèle intégriste à la Khaled Kelkal.
Qui sont-ils réellement ?
De jeunes français pour beaucoup d’entre eux, ils s’appellent Mohamed, Daoud, Abdallah mais de plus en plus Eric, Thomas ou Didier. De genre masculin, mais parfois accompagnés de jeunes femmes arborant le foulard, ils sont âgés de 18 à35 ans et vivent essentiellement en banlieue. Eux, se sont les nouveaux convertis ou reconvertis à l’islam, militant de la Jama’at at-Tabligh « association de la transmission » en arabe. Selon le sociologue Gilles Kepel, le plus grand mouvement transnational à ce jour. Son but est à travers différentes sorties qui peuvent aller jusqu’au Pakistan de prendre conscience de l’importance du message islamique à travers la propagation de la foi et l’exhortation à un retour à la pratique religieuse. Le centre présent depuis avril 1972 à Saint-Denis s’est installé sous le non d’association foi et pratique. Le mouvement se voulant apolitique et non violent est devenu juvénile depuis 1980, les jeunes parcourent les rues des quartiers sensibles pour « apporter la bonne parole aux dealers et aux casseurs. »
La consultation qui a pour objectif l'élection d'une instance représentative à partir des mosquées devrait être organisée dans les prochains mois. Ce qui devrait amener les dirigeants Tabligh à s’exprimer d’avantage sur ce mouvement très méconnu du public français.