Emeutes
Lundi dernier ont éclaté à Diyarbakir, chef-lieu de la région kurde, les affrontements entre minorité kurde et police turque. C’est en effet lors des funérailles de 4 des 14 combattants de la guérilla tués dans un accrochage avec les forces de l'ordre que se sont développées les guérillas urbaines. Les militants du PKK ont cherché à mobiliser la population de la ville qui compte environ 1 million d'habitants, en distribuant des tracts et en diffusant un appel à la désobéissance civile. Ces informations ont été reprises par la chaîne satellitaire kurde Roj TV, basée au Danemark et accusée par Ankara d'être pro PKK. Les assaillants, en majorité des jeunes de 13 à 18 ans, ont attaqué les véhicules blindés de la police à coups de pierres, criant «libération pour Abdullah Ocalan», le leader du PKK,arrêté au Kenya en février 1999, extradé et condamné à la prison à vie.
Les violences se sont diffusées comme une traînée de poudre, de Kiziltepe (près de la frontière syrienne), à Batman, Silopi, Yuksekova, atteignant Bagcilar dans la banlieue d’Istanbul, puis, ce dimanche, le centre ville d’Istanbul. 200 manifestants kurdes auraient attaqué avec des pierres, des bouteilles et des cocktails Molotov la police antiémeutes, qui aurait répliqué avec ses matraques et des gaz lacrymogènes. Des habitants d'un quartier de la ville seraient venus à la rescousse de la police, brandissant des couteaux et des bâtons et criant des slogans ultranationalistes.
Vendredi, le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, déclarait : «Nos forces de sécurité feront ce qu'elles ont à faire, quelles que soient les personnes servant d'instrument au terrorisme, fussent-elles des enfants ou des femmes». Accusant les rebelles d’utiliser leurs enfants comme «pions du terrorisme», il lance aux parents : «Si demain vous pleurez, cela ne servira à rien». Un manifestant de 8 ans et un enfant de 3 ans qui se trouvait sur le balcon de sa maison, ont été tués par les balles des policiers. Le premier aurait essuyé un coup de feu donné sur la foule, le second, victime d’un malencontreux tir en l’air servant à disperser les manifestants.
Ankara refuse catégoriquement de négocier avec le PKK, organisation considérée comme terroriste par les Etats-Unis et l’Union Européenne.
Les violences se sont diffusées comme une traînée de poudre, de Kiziltepe (près de la frontière syrienne), à Batman, Silopi, Yuksekova, atteignant Bagcilar dans la banlieue d’Istanbul, puis, ce dimanche, le centre ville d’Istanbul. 200 manifestants kurdes auraient attaqué avec des pierres, des bouteilles et des cocktails Molotov la police antiémeutes, qui aurait répliqué avec ses matraques et des gaz lacrymogènes. Des habitants d'un quartier de la ville seraient venus à la rescousse de la police, brandissant des couteaux et des bâtons et criant des slogans ultranationalistes.
Vendredi, le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, déclarait : «Nos forces de sécurité feront ce qu'elles ont à faire, quelles que soient les personnes servant d'instrument au terrorisme, fussent-elles des enfants ou des femmes». Accusant les rebelles d’utiliser leurs enfants comme «pions du terrorisme», il lance aux parents : «Si demain vous pleurez, cela ne servira à rien». Un manifestant de 8 ans et un enfant de 3 ans qui se trouvait sur le balcon de sa maison, ont été tués par les balles des policiers. Le premier aurait essuyé un coup de feu donné sur la foule, le second, victime d’un malencontreux tir en l’air servant à disperser les manifestants.
Ankara refuse catégoriquement de négocier avec le PKK, organisation considérée comme terroriste par les Etats-Unis et l’Union Européenne.
Question kurde sur la sellette
12 millions de kurdes vivraient en Turquie, sur une population totale de 72 millions, représentant ainsi 16 % de la population du pays. Depuis 1984, de nombreux affrontements entre forces gouvernementales et rebelles kurdes se sont déroulés faisant quelque 37 000 morts et entraînant le déplacement de plus de 3 millions de personnes. Un cessé le feu avait été décrété unilatéralement en 1999, par le PKK, lors de l’arrestation au Kenya de leur chef, Abdullah Ocalan. C’est en 2004 que l’organisation séparatiste illégale, a repris les armes. Renouvelant ainsi les opérations d’embuscades le long des routes et les attentats à la bombe dans les villes, ils ont fait l'an dernier, environ 84 morts parmi les forces de l'ordre.
« Comment peut-on résoudre le problème uniquement par la matraque, par la répression et l'imposition du silence ? Nous voulons que cette mentalité change », a déclaré Ahmet Turk, co-président du DTP (Parti de la société démocratique). Le DTP est le parti kurde crée en 2005 par Leyla Zana et Orhan Dogan, deux ex-députés kurdes, emprisonnés pendant dix ans pour complicité avec la guérilla. Appelant, tout son peuple « à se tenir à l'écart de la violence et à ne pas agir avec une mentalité agressive » car « la violence n'amène que d'autres violences», Ahmet Turk insiste sur le fait que « Les kurdes estiment qu'ils sont toujours considérés comme des citoyens de seconde zone ». Pour le PKK, ce terrain de recrutement des jeunes est fertile, «Il n'y a pas de travail, pas d'école, pas assez de logements et ces jeunes déracinés n'ont rien à perdre», explique un conseiller de la municipalité, membre du DTP.
Malgré les petits efforts fournis par la Turquie pour mieux intégrer les kurdes, en autorisant notamment la diffusion limitée de programmes en langue kurde à la radio et à la télévision, cette langue reste interdite dans tous les établissements publics. Ces efforts minimes dans la reconnaissance de la nation kurde, répondent surtout à une opération de rapprochement avec l’Union Européenne, dont l’entrée en son sein attise toute la convoitise d’Ankara. Les kurdes se sentent plus que jamais mis à l’écart et utilisés dans des actions purement politiques qui ne correspondent pas à leurs attentes. Umit Firat, intellectuel kurde, déplore que «l'Etat turc n'a toujours pas compris l'essence historique, politique et sociale de la question kurde, pour ne la considérer que comme un problème de sécurité, et c'est pourquoi elle dure toujours».
« Comment peut-on résoudre le problème uniquement par la matraque, par la répression et l'imposition du silence ? Nous voulons que cette mentalité change », a déclaré Ahmet Turk, co-président du DTP (Parti de la société démocratique). Le DTP est le parti kurde crée en 2005 par Leyla Zana et Orhan Dogan, deux ex-députés kurdes, emprisonnés pendant dix ans pour complicité avec la guérilla. Appelant, tout son peuple « à se tenir à l'écart de la violence et à ne pas agir avec une mentalité agressive » car « la violence n'amène que d'autres violences», Ahmet Turk insiste sur le fait que « Les kurdes estiment qu'ils sont toujours considérés comme des citoyens de seconde zone ». Pour le PKK, ce terrain de recrutement des jeunes est fertile, «Il n'y a pas de travail, pas d'école, pas assez de logements et ces jeunes déracinés n'ont rien à perdre», explique un conseiller de la municipalité, membre du DTP.
Malgré les petits efforts fournis par la Turquie pour mieux intégrer les kurdes, en autorisant notamment la diffusion limitée de programmes en langue kurde à la radio et à la télévision, cette langue reste interdite dans tous les établissements publics. Ces efforts minimes dans la reconnaissance de la nation kurde, répondent surtout à une opération de rapprochement avec l’Union Européenne, dont l’entrée en son sein attise toute la convoitise d’Ankara. Les kurdes se sentent plus que jamais mis à l’écart et utilisés dans des actions purement politiques qui ne correspondent pas à leurs attentes. Umit Firat, intellectuel kurde, déplore que «l'Etat turc n'a toujours pas compris l'essence historique, politique et sociale de la question kurde, pour ne la considérer que comme un problème de sécurité, et c'est pourquoi elle dure toujours».