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Les musulmans priés de déménager

Rédigé par lila13@hotmail.co.uk | Samedi 9 Mai 2009 à 00:00

           

La salle de prière du quartier Guynemer doit fermer pour des questions de sécurité. Où iront prier les musulmans ? La question, délicate, embarrasse.



Il est 14 heures, vendredi, dans le quartier Guynemer à Creil. Des musulmans déroulent leur tapis sur le parking au pied des immeubles. Ils sont une cinquantaine à s’être installés sur le bitume pour la prière. Devant eux, un petit escalier descend au lieu de culte dans le sous-sol d’un HLM. La pièce est archicomble. Plus de cent fidèles agenouillés se serrent.
La « mosquée » de Guynemer fonctionne depuis dix-huit ans en dehors de toute règle élémentaire de sécurité. Il y a un mois, une commission de contrôle a de nouveau donné un avis défavorable à la poursuite de l’accueil du public dans ces 130 m2. « Ça fait près de vingt ans que cela dure, confirme Mohamed Mihoubi, président de l’association cultuelle et culturelle de Guynemer. Jusqu’à présent les autorités savaient, mais elles toléraient. »

Mais le dossier est relancé et les réunions se multiplient en mairie et en sous-préfecture. Lors de l’une de ces réunions, Oise-Habitat, le propriétaire, a fait cette précision surprenante : « A ce jour, aucun représentant du bailleur n’a pu pénétrer dans les locaux. » Il a donc décidé de taper du poing sur la table en « attirant l’attention de la municipalité sur la pratique du culte musulman dans un sous-sol ».

Jean-Claude Villemain, le maire, connaît bien la situation. « Au début, c’était un local associatif qui peu à peu est devenu un lieu de prière. Il y a eu un accès de faiblesse de certaines autorités. » Aujourd’hui, un ultimatum est posé : la salle de prière doit fermer au plus tard dans un an. Mais où déménager ? Jean-Claude Villemain reste évasif : « Nous sommes en train de chercher un terrain pour que l’association puisse construire son local. Il existe trois ou quatre pistes possibles. »
La question embarrasse beaucoup. « Le sujet est sensible et toutes les parties ont peur de le prendre en main », avoue l’un des négociateurs. Aux querelles de courants au sein de l’islam s’ajoutent les dissensions entre les différentes sensibilités locales.

Pourtant, « lors de la construction de la Grande Mosquée du plateau Rouher, Jean Anciant (NDLR : maire de l’époque) avait souhaité qu’elle soit celle de tous les musulmans et que les petites salles de prière soient fermées », indique le maire. Officiellement, Creil compte trois salles de prière, officieusement beaucoup plus. Omar, qui fréquente aussi Guynemer, estime que si la municipalité leur octroie un terrain ou un local, « les autres communautés musulmanes vont réclamer la même chose ».

Tout le monde est d’accord au moins sur un point : « Il n’est pas normal que le culte musulman se pratique dans une cave », soulignent le maire de Creil et le sous-préfet.

Nathalie Revenu
Leparisien.fr




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