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Politique

Marseille : avec Mennucci, « le système est mort, vive le système ! »

Rédigé par | Mercredi 12 Mars 2014 à 07:00

           

Nassurdine Haidari en a gros sur le cœur contre le Parti socialiste, et plus particulièrement contre Patrick Mennucci, le candidat socialiste à la mairie de Marseille. Dans une lettre ouverte cinglante adressée au président de la République François Hollande et diffusée par Le Point, l’adjoint à la Jeunesse et aux Sports à la mairie des 1er et 7e arrondissements a dénoncé son éviction des listes pour les municipales en mars et le retour aux pratiques claniques et clientélistes que Patrick Mennucci déclaraient pourtant combattre par le passé. Nassurdine Haidari n’a cependant pas l’intention de quitter le PS dont il ne veut être « le nègre ». Il revient sur son coup de gueule pour Saphirnews tout en expliquant ses choix pour l'avenir.



Nassurdine Haidari et Patrick Mennucci, candidat socialiste à la mairie de Marseille.
Nassurdine Haidari et Patrick Mennucci, candidat socialiste à la mairie de Marseille.

Saphirnews : Que reprochez-vous au PS, et à Patrick Mennucci en particulier ?

Nassurdine Haidari : J’ai porté l’idéal républicain durant ces six longues dernières années, j’ai dû supporter l’insupportable et j'ai frôlé la mort pour faire gagner le Parti socialiste (il a été agressé en février 2012 lors de la campagne présidentielle de François Hollande, ndlr). J’attendais que le PS puisse prendre en compte cet engagement qui, sur Marseille, n’a pas d’équivalent. Mais il a fermé les yeux et a décidé de me « punir » à son tour en m’évinçant des listes. En termes de reconnaissance, on frôle l’indécence, voire l’immoralité politique. Le PS préfère récompenser ceux et celles qui abreuvent le système que nous dénoncions jadis. En se comportant de la sorte, le PS m’a trahi et a trahi la volonté de renouvellement du personnel et des méthodes politiques voulu par les Marseillais.

Quant à Patrick Mennucci, avec du recul, je dirai que c’est un petit monsieur et qu’on ne peut rien reprocher à un homme qui n’a aucune reconnaissance et aucune loyauté. Etre maire de Marseille requiert deux qualités : la première qualité est intellectuelle. Maire de Marseille requiert d’avoir une densité intellectuelle et je pense que Patrick Mennucci a une certaine connaissance de la ville qu’il pourra étoffer avec l’appui de collaborateurs compétents. Mais la deuxième qualité est aussi humaine. Maire de Marseille requiert d’avoir une densité humaine qui permette au futur magistrat de la deuxième ville de France de parler à l’ensemble des Marseillais. A Marseille, cette disposition du cœur est beaucoup plus importante que la première et là, je dois dire que je doute profondément de ses aptitudes.

En ce qui me concerne, je n’ai pas la place dans mon cœur pour la rancœur. Je pense simplement que la nature de l’homme se révèle au grand jour. Je remarque aussi que le brillant premier adjoint de sa mairie de secteur Christophe Lorenzi, un ami de 20 ans, et Morgane Turc, adjointe aux Ecoles d’une efficacité rare, sont sur la même longueur d’onde (ils ont aussi tous deux été évincés des listes socialistes, ndlr).

Nassurdine Haidari
Nassurdine Haidari

Ceci n’est-il pas simplement la parole d’un homme déçu de ne pas avoir pu intégrer les listes socialistes ?

Nassurdine Haidari : Non, j’aurais accepté toute décision argumentée de mon parti, si ceux qui composaient la liste du PS marseillais étaient à la hauteur des enjeux de la deuxième ville de France et que toutes les pratiques que nous dénoncions ne servaient pas de socle à l’élaboration de ces listes. Mon cri est purement celui d’un homme effondré par l’occasion manquée du PS et de Patrick Mennucci de donner un nouveau souffle à la ville. Et en lisant les révélations de l’article du Point sur certains membres de cette liste, je me dis ne pas être dans l’erreur d’appréciation. Michel Pezet, figure historique du PS marseillais (également évincé des listes, ndlr), a confirmé mes peurs. Il fallait donc que je parle pour Marseille et les Marseillais. Car entre l’intérêt de mon Parti et celui de ma ville, je choisirai toujours l’intérêt de Marseille.

Anticor (l’association de lutte contre la corruption en politique, ndlr) vient de retoquer Patrick Mennucci en lui refusant de signer la charte éthique (qui engage tout signataire à neuf points dont le non cumul et la limitation des mandats, les bonnes pratiques de gestion, la transparence, la publicité des informations, le traitement des atteintes à la probité et la prévention du trafic d’influence, ndlr). Qu’un candidat socialiste ne voit pas sa liste validée, c’est un cas tout de même rare. Je prends cette information comme un gage de probité de ma part.

Vous a-t-on, à aucun moment, expliqué le pourquoi de votre éviction ?

Nassurdine Haidari : Aucun appel, aucune explication. Un manque de correction total.

Et depuis la parution de votre lettre ouverte, avez-vous reçu un retour de l’équipe de campagne de Mennucci ou de Solferino ?

Nassurdine Haidari : Je n’ai reçu qu’un désert de mépris de la part du PS qui prend la lourde responsabilité de ne pas répondre aux attentes des Marseillais, ce qui est dommageable pour le Parti. D’ailleurs, les sondages mettent le PS en mauvaise posture, le signe que les Marseillais ne lui accordent par leur confiance.

Vous déclarez que « d'anciennes personnes liées au système » que vous dénonciez ensemble « jadis se retrouvent sur ces listes ». Pouvez-vous nommer et dire ce que vous leur reprochez ?

Nassurdine Haidari : Les nommer serait m’exposer et exposer ma famille à de graves sanctions. J’ai peur pour ma personne. Et dans cette épreuve qui est la mienne, je ne voudrais pas y sacrifier encore une fois ma famille. Cependant, certaines personnalités sur cette liste sont connues des Marseillais (référence notamment à d’anciennes personnalités liées au clan de Jean-Noël Guérini, président du conseil général des Bouches-du-Rhône visé par plusieurs affaires de corruption, ndlr) et ils jugeront sur pièce de la fiabilité de mes déclarations. Je pense que le nouveau système Mennucci est la sophistication de l’ancien système par d’autres moyens. En d’autres termes, le système est mort, vive le système.

Membre du PS, comptez-vous rendre votre carte ?

Nassurdine Haidari : Le PS n’appartient qu’à ceux qui l’animent. J’aimerais encore avoir la force de rester au PS et, ici à Marseille, œuvrer pour le changement des méthodes et des pratiques. La désertion est impensable. Se battre et rester debout, toujours debout, voilà le sens de mon engagement. Il y a en moi un coté Césaire qui me rassure.

Pourtant, vous dites vous-même n’avoir reçu que mépris de leur part…

Nassurdine Haidari : Ce serait trop facile de quitter le PS. Je ne déserte pas. L’avenir du parti dépendra aussi de moi et de personnalités comme Christophe Lorenzi, Morgane Turc et tous ces militants qui n’ont pas peur de regarder le système droit dans les yeux pour porter le changement.

Quels sont vos engagements politiques pour la suite ?

Nassurdine Haidari : Ma parole sera plus libre. Je donnerai des consignes de vote en toute liberté. Ma voix pour Marseille ne s’éteindra pas. Je me battrai pour cette ville, pour l’égalité citoyenne et briguerai de nouveaux mandats. Baisser la tête lorsque vous êtes un descendant d’esclave n’est pas une option envisageable, il y aura toujours une mélodie qui commencera par debout et qui retentira au plus profond de votre âme.



Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur


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