J’ai rencontré le Prophète Muhammad deux fois. La première rencontre fut surprenante, émotionnellement éprouvante. La seconde fut rationnelle et libératrice. Entre ces deux moments, j’ai expérimenté la force de l’amour pour « le meilleur des hommes ».
Je n’avais pas encore vécu dix saisons de pluies équatoriales quand survint la première rencontre avec l’Envoyé de Dieu. J’ai ressenti beaucoup de trouble, je n’ai pas compris grand-chose. A la seconde rencontre, j’étais réellement prêt. Militant, solidement enfermé dans mes convictions spirituelles, j’espérais secrètement trouver une harmonie entre mes aspirations intérieures et mon apparence… à l’image du dernier des Prophètes.
Je n’avais pas encore vécu dix saisons de pluies équatoriales quand survint la première rencontre avec l’Envoyé de Dieu. J’ai ressenti beaucoup de trouble, je n’ai pas compris grand-chose. A la seconde rencontre, j’étais réellement prêt. Militant, solidement enfermé dans mes convictions spirituelles, j’espérais secrètement trouver une harmonie entre mes aspirations intérieures et mon apparence… à l’image du dernier des Prophètes.
Mohammed, Nabi, le Prophète et Mamadou
Mes souvenirs d’enfant sont peuplés de visages. Beaucoup de visages de maîtres spirituels. A ma naissance, ma mère était déjà entrée dans l’âge de la piété. Par conviction ou par bigoterie, elle m’a traîné de maître spirituel à maître spirituel. Le contact avec un vrai maître est une expérience qu’il m’est impossible de décrire.
Et certains esprits trop autoritaires ne peuvent imaginer que la domination spirituelle d’un maître ne restreint point la liberté de son disciple. Freud, Jung et Lacan l’ont très certainement compris. Mais les maîtres spirituels de mon enfance ne parlaient pas de psyché. Ils parlaient de Dieu et du Coran sinon ils parlaient de valeurs et d'éthique ; parfois même de morale. Des choses incompréhensibles à un enfant. Aux enfants de mon âge, les maîtres racontaient les anecdotes de la vie de Mamadou, de Nabi, du Maître, de Mohammed, de l’Envoyé de Dieu. Les maîtres ne précisaient pas qu’il s’agissait du même personnage.
C’est par recoupement, en écoutant les conversations d’adultes, que j’ai compris que Mohammed, Mamadou, Nabi et l’Envoyé désignent la même personne. Chaque Mamadou, chaque Envoyé est prononcé avec respect et vénération. Les maîtres ajoutaient systématiquement : Salallahû alayhi wa salam. Je devinais qu’il s’agissait d’une prière en langue arabe, mais je n’en connaissais pas le sens.
Cette bénédictiton sur le Prophète est ainsi la première formule de piété que j’apprise dans mon enfance. Je la compris mieux après ma première rencontre avec le Prophète.
Et certains esprits trop autoritaires ne peuvent imaginer que la domination spirituelle d’un maître ne restreint point la liberté de son disciple. Freud, Jung et Lacan l’ont très certainement compris. Mais les maîtres spirituels de mon enfance ne parlaient pas de psyché. Ils parlaient de Dieu et du Coran sinon ils parlaient de valeurs et d'éthique ; parfois même de morale. Des choses incompréhensibles à un enfant. Aux enfants de mon âge, les maîtres racontaient les anecdotes de la vie de Mamadou, de Nabi, du Maître, de Mohammed, de l’Envoyé de Dieu. Les maîtres ne précisaient pas qu’il s’agissait du même personnage.
C’est par recoupement, en écoutant les conversations d’adultes, que j’ai compris que Mohammed, Mamadou, Nabi et l’Envoyé désignent la même personne. Chaque Mamadou, chaque Envoyé est prononcé avec respect et vénération. Les maîtres ajoutaient systématiquement : Salallahû alayhi wa salam. Je devinais qu’il s’agissait d’une prière en langue arabe, mais je n’en connaissais pas le sens.
Cette bénédictiton sur le Prophète est ainsi la première formule de piété que j’apprise dans mon enfance. Je la compris mieux après ma première rencontre avec le Prophète.
La première rencontre
La scène eut lieu au mois de ramadan. Chaque année, la mosquée du quartier invitait quelque maître spirituel célèbre pour animer les veillées traditionnelles du ramadan. Ces veillées se tenaient en plein air, aux abords de la mosquée. Elle se passait à la lumière de quelques lampes à huile disposées autour du maître et de son assistant. L’auditoire était installé en demi-cercle sur des tapis de sol. Les orateurs s’installaient au centre du demi-cercle, visibles de tous sous des angles différents.
Ma mère était une habituée des ces veillées de ramadan. Elle trouvait aussi moyen de m’y entraîner. L’ambiance était généralement trop pieuse pour un enfant de mon âge. Je m’ennuyais fort souvent et quand je ne m’endormais pas, je souhaitais vivement qu’une pluie soudaine vienne interrompre la réunion comme c’était déjà arrivé une fois ou deux.
Pour me distraire, je regardais le maître et son assistant, au centre de la foule. A mes yeux d’enfant, tous les maîtres se ressemblaient. Ils portaient tous un bonnet ou un turban. Ils avaient tous de grands yeux limpides à me faire peur. Ils avaient les mains propres, très propres. Et en leur présence, tous les autres adultes se faisaient petits, polis et pieux.
Le jour de la rencontre, le maître parlait du dernier jour du Prophète. Il raconta la dernière ablution et la tristesse de chaque goutte d’eau. Il décrivit la dernière prière collective dans la mosquée de Médine où le Prophète se rendit appuyé sur ses compagnons. Il détailla les dernières conversations en insistant sur la tristesse de chacun. La voix du maître semblait s’enrayer lorsqu’il mima le prophète empruntant un cure-dent à son épouse Aïcha. Le dernier cure-dent du Prophète. Il avait un sanglot dans la voix lorsqu’il commenta la conversation du Prophète avec l’ange de la mort venu chercher son âme. L’illustre mourant invitait l’ange à accomplir son devoir. Le maître parla du dernier souffle, du linceul, du faisceau de lumière qui s’éleva du corps vers les cieux. Son visage était déjà inondé de larmes lorsqu’il commenta le refus de Saydinan 'Umar d’accepter la mort du Prophète. Il s’essuya les larmes pour relever la sagesse de Saydinan Abû Bakr qui acceptait le fait.
L’émotion était palpable. Je revois ces dizaines de visages adultes en pleurs. Des visages familiers, mes références habituelles. Dans la pénombre de la nuit équatoriale, les uns à côté des autres, ils étaient déformés par les sanglots. Je recherchai du soutien dans le regard de ma mère. Elle ne me vit pas, elle essuyait ses larmes avec un pan de son foulard. J’aurais aimé pleurer moi aussi. Je le souhaitais intimement. Mais je n’avais pas mal et mes yeux restaient secs. Je crus que le Prophète venait de mourir dans la journée et je compris qu’il était un personnage de la plus haute importance. Plus important que tous les maîtres spirituels que j’avais déjà vus.
Cette nuit-là, je fis un rêve. Je le racontai à ma mère qui me demanda de ne jamais le raconter à personne. J’étais débout en pleine nature au milieu d’un grand drap blanc et doux. Je tournais sur moi-même en regardant le ciel d’où tombait le drap. Peut-être est-ce le drap qui tournait autour de moi ? La sensation onirique était floue. Mais je pivotais lentement comme une toupie en fin de mouvement. Pour embrasser l’espace ou pour contrôler ma vitesse de rotation, j’écartais un bras puis l’autre. Autour de moi, le drap blanc s’enroulait, très doux et sans fin comme un linceul infini.
Ma mère était une habituée des ces veillées de ramadan. Elle trouvait aussi moyen de m’y entraîner. L’ambiance était généralement trop pieuse pour un enfant de mon âge. Je m’ennuyais fort souvent et quand je ne m’endormais pas, je souhaitais vivement qu’une pluie soudaine vienne interrompre la réunion comme c’était déjà arrivé une fois ou deux.
Pour me distraire, je regardais le maître et son assistant, au centre de la foule. A mes yeux d’enfant, tous les maîtres se ressemblaient. Ils portaient tous un bonnet ou un turban. Ils avaient tous de grands yeux limpides à me faire peur. Ils avaient les mains propres, très propres. Et en leur présence, tous les autres adultes se faisaient petits, polis et pieux.
Le jour de la rencontre, le maître parlait du dernier jour du Prophète. Il raconta la dernière ablution et la tristesse de chaque goutte d’eau. Il décrivit la dernière prière collective dans la mosquée de Médine où le Prophète se rendit appuyé sur ses compagnons. Il détailla les dernières conversations en insistant sur la tristesse de chacun. La voix du maître semblait s’enrayer lorsqu’il mima le prophète empruntant un cure-dent à son épouse Aïcha. Le dernier cure-dent du Prophète. Il avait un sanglot dans la voix lorsqu’il commenta la conversation du Prophète avec l’ange de la mort venu chercher son âme. L’illustre mourant invitait l’ange à accomplir son devoir. Le maître parla du dernier souffle, du linceul, du faisceau de lumière qui s’éleva du corps vers les cieux. Son visage était déjà inondé de larmes lorsqu’il commenta le refus de Saydinan 'Umar d’accepter la mort du Prophète. Il s’essuya les larmes pour relever la sagesse de Saydinan Abû Bakr qui acceptait le fait.
L’émotion était palpable. Je revois ces dizaines de visages adultes en pleurs. Des visages familiers, mes références habituelles. Dans la pénombre de la nuit équatoriale, les uns à côté des autres, ils étaient déformés par les sanglots. Je recherchai du soutien dans le regard de ma mère. Elle ne me vit pas, elle essuyait ses larmes avec un pan de son foulard. J’aurais aimé pleurer moi aussi. Je le souhaitais intimement. Mais je n’avais pas mal et mes yeux restaient secs. Je crus que le Prophète venait de mourir dans la journée et je compris qu’il était un personnage de la plus haute importance. Plus important que tous les maîtres spirituels que j’avais déjà vus.
Cette nuit-là, je fis un rêve. Je le racontai à ma mère qui me demanda de ne jamais le raconter à personne. J’étais débout en pleine nature au milieu d’un grand drap blanc et doux. Je tournais sur moi-même en regardant le ciel d’où tombait le drap. Peut-être est-ce le drap qui tournait autour de moi ? La sensation onirique était floue. Mais je pivotais lentement comme une toupie en fin de mouvement. Pour embrasser l’espace ou pour contrôler ma vitesse de rotation, j’écartais un bras puis l’autre. Autour de moi, le drap blanc s’enroulait, très doux et sans fin comme un linceul infini.
L’exemple du Prophète
Depuis cette nuit de ramadan, le Prophète de l’islam a trouvé une place de choix dans le champ de mes intérêts de préado et, plus tard, d’ado. Chaque anecdote de sa noble vie, chaque détail de sa riche existence prit une dimension extraordinaire à mes yeux.
Son père oublié dans la littérature, sa mère rarement évoquée dans les mosquées et les cercles spirituels, ses honorables épouses et ses précieux enfants s’installèrent confortablement dans mon affection et ma curiosité. Parfois, je rêvais d’être une cuillerée d’Abû Bakr avec un soupçon de 'Umar et une pincée d’Othman dans une bonne dose d’Ali. Tous ces illustres personnages occupaient mes rêves avec une admiration et un respect sans bornes.
L’exemple du Prophète me semblait le plus beau et curieusement le plus accessible. Ce n’était qu’une question d’effort. Le Prophète n’était pas Dieu. Il n’avait jamais rien créé. Mais il avait été choisi par Dieu ; pourtant il ne savait ni lire ni écrire. J’avais donc toutes mes chances, avec tous mes atouts, pour me rapprocher de son exemple.
Je devais en profiter pendant que j’étais encore vivant. Suivre l’exemple du Prophète c’est suivre la voie de l’excellence spirituelle. Comme lui, je devais apprendre et appliquer ce que Dieu nous révélait. Vivre selon ce que je savais. La perspective paraît simple et extraordinairement rassurante.
Le Prophète ne mangeait jamais à sa faim, alors il fallait toujours manger aux deux tiers de ma faim. Le Prophète se levait-il tôt pour passer le tiers de la nuit en prière, alors il fallait me lever en pleine nuit pour passer le tiers de ma nuit en prière et veiller à ne pas manger à ma faim si d’aventure je devais manger le lendemain. Car l’Envoyé de Dieu jeûnait tous les lundis et tous les jeudis. Et il fallait donc jeûner le lundi et le jeudi. Puis, la nuit venue, il fallait en passer le tiers à prier en se gardant de manger à sa faim, etc.
Un vendredi midi, l’imam de la mosquée fit un long sermon expliquant que « jamais la bouche du prophète n’était vide d’un dhikr », une louange à Dieu. Alors il me fallait continuellement répéter une louange, tout au long de la journée, après avoir passé le tiers de la nuit en prière sans oublier de jeûner chaque lundi et chaque jeudi en prenant soin de laisser un tiers de mon estomac pour l’eau et un tiers pour l’air…
Son père oublié dans la littérature, sa mère rarement évoquée dans les mosquées et les cercles spirituels, ses honorables épouses et ses précieux enfants s’installèrent confortablement dans mon affection et ma curiosité. Parfois, je rêvais d’être une cuillerée d’Abû Bakr avec un soupçon de 'Umar et une pincée d’Othman dans une bonne dose d’Ali. Tous ces illustres personnages occupaient mes rêves avec une admiration et un respect sans bornes.
L’exemple du Prophète me semblait le plus beau et curieusement le plus accessible. Ce n’était qu’une question d’effort. Le Prophète n’était pas Dieu. Il n’avait jamais rien créé. Mais il avait été choisi par Dieu ; pourtant il ne savait ni lire ni écrire. J’avais donc toutes mes chances, avec tous mes atouts, pour me rapprocher de son exemple.
Je devais en profiter pendant que j’étais encore vivant. Suivre l’exemple du Prophète c’est suivre la voie de l’excellence spirituelle. Comme lui, je devais apprendre et appliquer ce que Dieu nous révélait. Vivre selon ce que je savais. La perspective paraît simple et extraordinairement rassurante.
Le Prophète ne mangeait jamais à sa faim, alors il fallait toujours manger aux deux tiers de ma faim. Le Prophète se levait-il tôt pour passer le tiers de la nuit en prière, alors il fallait me lever en pleine nuit pour passer le tiers de ma nuit en prière et veiller à ne pas manger à ma faim si d’aventure je devais manger le lendemain. Car l’Envoyé de Dieu jeûnait tous les lundis et tous les jeudis. Et il fallait donc jeûner le lundi et le jeudi. Puis, la nuit venue, il fallait en passer le tiers à prier en se gardant de manger à sa faim, etc.
Un vendredi midi, l’imam de la mosquée fit un long sermon expliquant que « jamais la bouche du prophète n’était vide d’un dhikr », une louange à Dieu. Alors il me fallait continuellement répéter une louange, tout au long de la journée, après avoir passé le tiers de la nuit en prière sans oublier de jeûner chaque lundi et chaque jeudi en prenant soin de laisser un tiers de mon estomac pour l’eau et un tiers pour l’air…
La seconde rencontre, le soulagement
La surenchère comportementale était quotidienne. Chaque hadith que j’apprenais, chaque anecdote de la Sira venait s’incruster dans un schéma de pensée et apportait une contrainte ou une privation nouvelle. Bientôt, j’étais trop avancé dans le mythe prophétique pour m’interroger sur le mystère prophétique. Les contradictions évidentes m’étaient égales. Je les rangeais volontiers sur le compte de mon ignorance. Et chaque contradiction était une occasion d’apprendre et de chercher en profondeur jusqu’à trouver un indice, aussi maigre soit-il, qui me conforte dans ma contradiction et ma recherche de perfection.
C’est lors d’une telle recherche qu’un ami égyptien m’offrit un recueil d’articles. Certains des textes étaient en anglais et traitaient de sujets très divers. L’un d’eux portait sur le Prophète de l’islam. Il était signé du Pr. Muhammad Hamidullah dont je n’avais jamais entendu parler.
Ce texte fut une révélation pour moi. Plus que le contenu de l’article, c’est l’ambiance générale qui me captiva. Ce M. Hamidullah était très certainement musulman et il était même professeur. Pour autant, il parlait du Prophète comme l’on parle d’un homme ordinaire, tributaire d’une histoire personnelle et familiale, plongé dans un contexte social et au confluent d’intérêts et d’influences divers.
La culture arabe du Prophète, les valeurs dans lesquelles il fut élevé, ses doutes et ses certitudes, toute son humanité, son arabité ainsi que le contexte de sa vie quotidienne apparaissaient sous la plume du Pr. Hamidullah sans amoindrir la magie du caractère prophétique de la mission que Dieu lui a confiée. Ce texte m’a conduit à la rencontre du Prophète. Sans larmes et sans émotion, j’ai ouvert les yeux sur la nature divine de la prophétie et sa place dans la construction de la religion ainsi que dans la relation de Dieu à chacune de Ses créatures.
Je me suis donc renseigné sur Hamidullah. J’ai pu acquérir les deux tomes de « La Vie du Prophète » qu’il avait écrits. Et j’y ai rencontré le Prophète Muhammad : un humain rendu extraordinaire par la volonté de Dieu qui l’a choisi comme exemple à l’humanité tout entière.
Cette nouvelle rencontre avec le Prophète m’a profondément soulagé. L’austérité qui plombait mon rapport à la foi a soudainement fait place au plaisir d’obéir à Dieu, à la joie d’être musulman et au bonheur d’être moi, une petite pièce éphémère dans le gigantesque échiquier de Dieu. En rencontrant ce Prophète, ma foi en Dieu n’était plus une charge, mais était une chance de plus pour traverser mon expérience humaine dans de meilleures conditions.
Parfois, je rêve encore que je tourne dans l’énorme drap blanc qui tombe du ciel. Je tourne et je tourne mais je n’ai plus peur du linceul du Prophète, même s’il monte dans les Cieux.
C’est lors d’une telle recherche qu’un ami égyptien m’offrit un recueil d’articles. Certains des textes étaient en anglais et traitaient de sujets très divers. L’un d’eux portait sur le Prophète de l’islam. Il était signé du Pr. Muhammad Hamidullah dont je n’avais jamais entendu parler.
Ce texte fut une révélation pour moi. Plus que le contenu de l’article, c’est l’ambiance générale qui me captiva. Ce M. Hamidullah était très certainement musulman et il était même professeur. Pour autant, il parlait du Prophète comme l’on parle d’un homme ordinaire, tributaire d’une histoire personnelle et familiale, plongé dans un contexte social et au confluent d’intérêts et d’influences divers.
La culture arabe du Prophète, les valeurs dans lesquelles il fut élevé, ses doutes et ses certitudes, toute son humanité, son arabité ainsi que le contexte de sa vie quotidienne apparaissaient sous la plume du Pr. Hamidullah sans amoindrir la magie du caractère prophétique de la mission que Dieu lui a confiée. Ce texte m’a conduit à la rencontre du Prophète. Sans larmes et sans émotion, j’ai ouvert les yeux sur la nature divine de la prophétie et sa place dans la construction de la religion ainsi que dans la relation de Dieu à chacune de Ses créatures.
Je me suis donc renseigné sur Hamidullah. J’ai pu acquérir les deux tomes de « La Vie du Prophète » qu’il avait écrits. Et j’y ai rencontré le Prophète Muhammad : un humain rendu extraordinaire par la volonté de Dieu qui l’a choisi comme exemple à l’humanité tout entière.
Cette nouvelle rencontre avec le Prophète m’a profondément soulagé. L’austérité qui plombait mon rapport à la foi a soudainement fait place au plaisir d’obéir à Dieu, à la joie d’être musulman et au bonheur d’être moi, une petite pièce éphémère dans le gigantesque échiquier de Dieu. En rencontrant ce Prophète, ma foi en Dieu n’était plus une charge, mais était une chance de plus pour traverser mon expérience humaine dans de meilleures conditions.
Parfois, je rêve encore que je tourne dans l’énorme drap blanc qui tombe du ciel. Je tourne et je tourne mais je n’ai plus peur du linceul du Prophète, même s’il monte dans les Cieux.