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Psycho

Mounia : « Mon beau-frère m’a demandée en mariage, j’ai accepté »

Rédigé par Lalla Chams En Nour | Samedi 11 Octobre 2014 à 15:55

           


Bonsoir, je me présente : Mounia, 33 ans, maman de trois enfants. Il y a dix ans, ma sœur est décédée à la suite d’une crise cardiaque, laissant ses jumeaux de 6 mois. Deux mois suivant le drame, son mari me demande en mariage, je ne me suis pas cassé la tête, j’ai fait salat al-istikhara, quelques jours après j’ai accepté.

En janvier 2005, on se marie sans avoir de sentiments l’un pour l’autre, notre préoccupation principale étant les enfants.

Le jour de nos noces, il a reçu un message : étant sa femme, je me suis permise de lire ce message, je n’aurais pas dû. C’était une femme qui regrettait de ne pas être à ma place, de ne pas avoir accepté sa demande en mariage et de ne pas s’inquiéter, que je m’occuperai bien des enfants de « ma sœur ».

Et j’ai ravalé ma fierté et me suis dit : « Maintenant qu’il est marié, il cessera cette relation. » Je me suis trompée, car cette relation dure depuis dix ans maintenant, pas un jour où l’on se dispute pas à cause d’elle, même ma belle-famille me soutient. Je l’ai menacé de partir et de tout plaquer, mais je n’arrive pas à le faire à cause des enfants.

Je ne veux pas qu’ils perdent une deuxième maman. J’ai eu avec lui un enfant qui a aujourd’hui 6 ans. Je n’arrive pas à lui faire comprendre que sa famille est plus importante, que notre vie est bien, on a bâti tellement de choses, rien à faire.

Sans parler des tchats, des rencontres, des discussions nocturnes... et j’en passe.

J’ai l’impression que j’ai perdu mon temps à vouloir quelque chose de lui, j’ai le sentiment d’avoir gâché ma vie, car je n’ai pas eu le temps de terminer mon master, trop occupée à élever les enfants et à vouloir faire tout bien pour que monsieur sente une chaleur familiale. 


Je me sens comme une bonne, je suis fatiguée physiquement et mentalement, j’en ai assez de devoir subir tout cela. Je n’arrive pas à trouver une solution. La plus radicale, c’est de partir, ou bien de fermer les yeux, mais je risque de devenir aveugle à force de pleurer.

Merci pour votre écoute.

Lalla Chams En Nour, psychanalyste

Chère Mounia,

Vous vous êtes mise dans une drôle de situation… Complexe, car vous avez voulu sauvegarder l’équilibre des enfants. But respectable, mais la règle du jeu n’a pas été bien établie dès le départ.

Votre mari n’a pas été franc, puis a mené une sorte de double vie, pratiquant le mensonge, la trahison, la duplicité. S’il aime vraiment cette femme, pourquoi ne l’a-t-il pas épousée depuis dix ans ? Pourquoi n’a-t-il pas éclairci sa situation ? Et pourquoi, vous, l’avez-vous tolérée si longtemps ?

À mon avis, cette fausseté de situation nuit tout autant à vos enfants que si vous décidiez de divorcer. Ne pourriez-vous pas prendre vos responsabilités tous les deux et réfléchir ensemble à la meilleure manière de préserver ces enfants ? Et le vôtre en commun ?
Rien de pire que des adultes qui n’assument pas leurs responsabilités ! C’est le plus mauvais exemple que l’on puisse leur donner.

Si vous étiez capables de regarder la vérité en face, cela vous aiderait : vous ne vous aimez pas, vous avez décidé de vous marier pour le confort des enfants, mais cela ne marche pas.

Pourquoi alors ne pas mettre en place une séparation avec une garde alternée, par exemple ? Vous pourriez ainsi continuer à élever vos neveux et votre fils ensemble, au moins une partie du temps ? Tout cela se discute avec un juge des affaires matrimoniales.

Mais il faut d’abord assumer ses propres erreurs. Tout le monde fait des erreurs, l’important est de le reconnaître et de voir comment corriger une situation faussée.

Vous pourriez aussi mieux vous occuper de vous. Ce n’est pas en vous « sacrifiant » ainsi que vous réglez tous les problèmes, la preuve… Je vous souhaite du courage, que, bien sûr, vous puiserez dans votre foi.

La rubrique « Psycho », qu’est-ce que c’est ?

Des psychologues et psychanalystes répondent à vos questions. Musulman(e)s du Maghreb ou de France, professionnel(le)s actif(ve)s exerçant en cabinet, ils réfléchissent à votre problématique et tentent de vous éclairer à travers leur expérience professionnelle et leur pratique spirituelle. Ils peuvent vous aider à y voir plus clair en vous-même ou à mieux décrypter le comportement des personnes de votre entourage.
Ils ne sont pas médecins, même si on les désigne parfois comme des « médecins de l’âme », mais leur rôle est de vous aider à trouver en vous-même la meilleure réponse à vos interrogations sur vos relations aux autres, votre conjoint ou conjointe, vos parents, vos frères et sœurs, vos amis, vos collègues de travail, vos voisins...
Alors, n’hésitez pas, interrogez-les, ils tenteront de vous répondre en s’éclairant des plus belles pensées de l’islam.
Contactez-les (anonymat préservé) : psycho@saphirnews.com






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