Je n’arriverais jamais à me sortir de cet isolement dans lequel, et aussi loin que je me souvienne, je me suis enfermée.
J’ai bientôt 38 ans et je suis célibataire sans enfants. Ma dernière histoire d’amour remonte à plus de 10 ans et elle m’a fait beaucoup souffrir. Cet ex était un homme assez volage et au fond de moi j’ai toujours su qu’il me quitterait. J’étais jeune et je pensais le changer. Longtemps j’ai cru que c’était la faute à la vie, le manque de chance ou même que j’étais habitée d’un djinn amoureux.
Il y a quelques années, j’ai pris conscience d’un mal-être plus profond en moi et j’ai commencé une analyse, avec évidement comme principal but de sortir de ma solitude. Cette analyse m’a permis de me connaître et de travailler en profondeur sur mon histoire familiale et transgénérationnelle.
J’ai eu une enfance assez triste, mes parents nous ont beaucoup négligés, mes frères, mes sœurs et moi. J’ai reçu peu d’affection et mes besoins élémentaires étaient loin d’être satisfaits. J’avais conscience de notre pauvreté mais le peu que mes parents gagnaient était envoyé en Algérie. De plus, on nous élevait à la dure (coups, insultes, etc.) même devant nos amis. Mon père était un homme dur que j’osais à peine regarder dans les yeux. Ma mère l’était un peu moins mais elle était peu affectueuse, ambivalente, jugeante et culpabilisante.
En tant que fille je me sentais souvent comme l’objet de la famille et je devais servir en premier lieu aux tâches ménagères, à la cuisine, et à me marier avec un cousin auquel j’étais promise depuis ma naissance.
Après un drame familial, j’ai pu y échapper. A partir de là quelque chose s’est brisé au sein de la famille, les places de chacun se sont redistribuées et mes parents ont perdu un peu de leur emprise sur nous. Mon père a commencé à tromper ma mère avec une amie de la famille, il a complètement démissionné de ses responsabilités même s’il continuait à vivre à la maison.
Ma mère disait qu’il pouvait avoir une aventure car c’est un homme. L’injonction de la droiture et de la chasteté n’était réservée qu’aux femmes. On avait donc l’œil sur moi et mes sœurs afin de s’assurer que nous restions vierges jusqu’au mariage. Nous étions très limitées sur le choix de nos vêtements, de nos amis et nous n’avions jamais le droit de sortir seules, sauf pour aller à l’école. Nous étions très bonnes élèves mais les études n’étaient pas la priorité pour mes parents. Il fallait surtout travailler afin de leur donner une grande partie de notre salaire.
Aujourd’hui ils continuent à me harceler pour que je me marie. Ils disent que j’ai raté ma vie. Ma mère dit qu’elle n’en dort plus. Mon cas est si désespéré aux yeux de mon père qu’il a carrément voulu me présenter à un alcoolique du bled qui « hormis ce petit défaut est un homme génial » à ses yeux. Moi, je résiste et je résisterais toujours car je me veux du bien à moi et à mes futurs enfants.
Aujourd’hui j’aimerais construire ma vie de femme, me marier, avoir des enfants. J’ai rencontré plusieurs hommes mais aucun ne m’a plu. J’ai le sentiment d’être très exigeante et j’ai l’impression de chercher l’homme idéal. Un homme qui n’existe pas. J’ai l’impression d’avoir mis la barre très haut pour m’assurer qu’aucun ne puisse l’atteindre.
J’ai l’impression que mon cœur est fermé et qu’il m’est impossible d’aimer. De plus, ma vie se limite à mon travail, ma famille et à quelques amis que je vois de temps en temps. Je ne crée aucune opportunité de rencontres. C’est comme si j’errais seule dans cette vie et je me rends compte qu’elle m’apporte très peu de plaisir.
J’aimerais rencontrer un homme et connaître le bonheur d’être bien à deux. Je ne souhaite pas (plus maintenant) répondre à l’injonction parentale.
J’espère que vous pourrez m’apporter quelques éléments pour continuer à réfléchir sur cette solitude qui me désespère.
J’ai bientôt 38 ans et je suis célibataire sans enfants. Ma dernière histoire d’amour remonte à plus de 10 ans et elle m’a fait beaucoup souffrir. Cet ex était un homme assez volage et au fond de moi j’ai toujours su qu’il me quitterait. J’étais jeune et je pensais le changer. Longtemps j’ai cru que c’était la faute à la vie, le manque de chance ou même que j’étais habitée d’un djinn amoureux.
Il y a quelques années, j’ai pris conscience d’un mal-être plus profond en moi et j’ai commencé une analyse, avec évidement comme principal but de sortir de ma solitude. Cette analyse m’a permis de me connaître et de travailler en profondeur sur mon histoire familiale et transgénérationnelle.
J’ai eu une enfance assez triste, mes parents nous ont beaucoup négligés, mes frères, mes sœurs et moi. J’ai reçu peu d’affection et mes besoins élémentaires étaient loin d’être satisfaits. J’avais conscience de notre pauvreté mais le peu que mes parents gagnaient était envoyé en Algérie. De plus, on nous élevait à la dure (coups, insultes, etc.) même devant nos amis. Mon père était un homme dur que j’osais à peine regarder dans les yeux. Ma mère l’était un peu moins mais elle était peu affectueuse, ambivalente, jugeante et culpabilisante.
En tant que fille je me sentais souvent comme l’objet de la famille et je devais servir en premier lieu aux tâches ménagères, à la cuisine, et à me marier avec un cousin auquel j’étais promise depuis ma naissance.
Après un drame familial, j’ai pu y échapper. A partir de là quelque chose s’est brisé au sein de la famille, les places de chacun se sont redistribuées et mes parents ont perdu un peu de leur emprise sur nous. Mon père a commencé à tromper ma mère avec une amie de la famille, il a complètement démissionné de ses responsabilités même s’il continuait à vivre à la maison.
Ma mère disait qu’il pouvait avoir une aventure car c’est un homme. L’injonction de la droiture et de la chasteté n’était réservée qu’aux femmes. On avait donc l’œil sur moi et mes sœurs afin de s’assurer que nous restions vierges jusqu’au mariage. Nous étions très limitées sur le choix de nos vêtements, de nos amis et nous n’avions jamais le droit de sortir seules, sauf pour aller à l’école. Nous étions très bonnes élèves mais les études n’étaient pas la priorité pour mes parents. Il fallait surtout travailler afin de leur donner une grande partie de notre salaire.
Aujourd’hui ils continuent à me harceler pour que je me marie. Ils disent que j’ai raté ma vie. Ma mère dit qu’elle n’en dort plus. Mon cas est si désespéré aux yeux de mon père qu’il a carrément voulu me présenter à un alcoolique du bled qui « hormis ce petit défaut est un homme génial » à ses yeux. Moi, je résiste et je résisterais toujours car je me veux du bien à moi et à mes futurs enfants.
Aujourd’hui j’aimerais construire ma vie de femme, me marier, avoir des enfants. J’ai rencontré plusieurs hommes mais aucun ne m’a plu. J’ai le sentiment d’être très exigeante et j’ai l’impression de chercher l’homme idéal. Un homme qui n’existe pas. J’ai l’impression d’avoir mis la barre très haut pour m’assurer qu’aucun ne puisse l’atteindre.
J’ai l’impression que mon cœur est fermé et qu’il m’est impossible d’aimer. De plus, ma vie se limite à mon travail, ma famille et à quelques amis que je vois de temps en temps. Je ne crée aucune opportunité de rencontres. C’est comme si j’errais seule dans cette vie et je me rends compte qu’elle m’apporte très peu de plaisir.
J’aimerais rencontrer un homme et connaître le bonheur d’être bien à deux. Je ne souhaite pas (plus maintenant) répondre à l’injonction parentale.
J’espère que vous pourrez m’apporter quelques éléments pour continuer à réfléchir sur cette solitude qui me désespère.
Lalla Chams en Nour, psychanalyste
Chère Nassima,
Peut-être n'avez-vous pas appris à aimer dans cette famille où la dureté semble l'emporter sur la tendresse ?
« Un père dur », dites-vous. Justement, le père joue un rôle important dans l’éducation d’une fille. Son comportement peut conditionner plus tard son attitude envers les hommes. S’il est injuste, autoritaire, tyrannique, cela entraînera de nombreuses conséquences sur le développement affectif de sa fille.
Vous rêvez du prince charmant, dites-vous, peut-être faute de l’avoir rencontré dans votre petite enfance en la personne de... votre père. La petite fille a besoin de s’attacher à son père quand elle parvient à gagner de l’autonomie vis-à-vis de sa mère. Elle a besoin de l’idéaliser, d’en faire son héros. Nous ne sommes pas loin du prince charmant.... Freud parle du complexe d’Œdipe. Le père permet à sa fille de sortir d’une fusion étouffante, par exemple. Son rôle est de faciliter une sorte de séparation psychique. Cela permet aussi de faire l’apprentissage de la tendresse quand la mère est peu démonstrative. Si le père est « dur » comme vous dites, comment apprendre à l’aimer ? comment lui faire confiance ? Comment faire l’apprentissage du don de soi ? Impossible.
Vous êtes en analyse, vous apprenez donc à découvrir les ombres portées sur vous par votre éducation. Comme cette difficulté à trouver un homme correspondant à votre désir.
L’analyse permet aussi de découvrir et d’assumer son désir. Je parle du désir d’être, de se perfectionner, de se créer soi-même. De devenir Soi. Il est légitime chez tous les humains. C’est ce qui fonde notre humanité. L’analyse permet aussi de réparer les blessures de l’amour endurées dans l’enfance. Elles sont inévitables, font partie de l’apprentissage. Elles feront votre richesse quand vous les aurez assumées.
Peut-être n'avez-vous pas appris à aimer dans cette famille où la dureté semble l'emporter sur la tendresse ?
« Un père dur », dites-vous. Justement, le père joue un rôle important dans l’éducation d’une fille. Son comportement peut conditionner plus tard son attitude envers les hommes. S’il est injuste, autoritaire, tyrannique, cela entraînera de nombreuses conséquences sur le développement affectif de sa fille.
Vous rêvez du prince charmant, dites-vous, peut-être faute de l’avoir rencontré dans votre petite enfance en la personne de... votre père. La petite fille a besoin de s’attacher à son père quand elle parvient à gagner de l’autonomie vis-à-vis de sa mère. Elle a besoin de l’idéaliser, d’en faire son héros. Nous ne sommes pas loin du prince charmant.... Freud parle du complexe d’Œdipe. Le père permet à sa fille de sortir d’une fusion étouffante, par exemple. Son rôle est de faciliter une sorte de séparation psychique. Cela permet aussi de faire l’apprentissage de la tendresse quand la mère est peu démonstrative. Si le père est « dur » comme vous dites, comment apprendre à l’aimer ? comment lui faire confiance ? Comment faire l’apprentissage du don de soi ? Impossible.
Vous êtes en analyse, vous apprenez donc à découvrir les ombres portées sur vous par votre éducation. Comme cette difficulté à trouver un homme correspondant à votre désir.
L’analyse permet aussi de découvrir et d’assumer son désir. Je parle du désir d’être, de se perfectionner, de se créer soi-même. De devenir Soi. Il est légitime chez tous les humains. C’est ce qui fonde notre humanité. L’analyse permet aussi de réparer les blessures de l’amour endurées dans l’enfance. Elles sont inévitables, font partie de l’apprentissage. Elles feront votre richesse quand vous les aurez assumées.
La rubrique « Psycho », qu’est-ce que c’est ?
Des psychologues et psychanalystes répondent à vos questions. Musulman(e)s du Maghreb ou de France, professionnel(le)s actif(ve)s exerçant en cabinet, ils réfléchissent à votre problématique et tentent de vous éclairer à travers leur expérience professionnelle et leur pratique spirituelle. Ils peuvent vous aider à y voir plus clair en vous-même ou à mieux décrypter le comportement des personnes de votre entourage.
Ils ne sont pas médecins, même si on les désigne parfois comme des « médecins de l’âme », mais leur rôle est de vous aider à trouver en vous-même la meilleure réponse à vos interrogations sur vos relations aux autres, votre conjoint ou conjointe, vos parents, vos frères et sœurs, vos amis, vos collègues de travail, vos voisins...
Alors, n’hésitez pas, interrogez-les, ils tenteront de vous répondre en s’éclairant des plus belles pensées de l’islam.
Contactez-les (anonymat préservé) : psycho@saphirnews.com
Des psychologues et psychanalystes répondent à vos questions. Musulman(e)s du Maghreb ou de France, professionnel(le)s actif(ve)s exerçant en cabinet, ils réfléchissent à votre problématique et tentent de vous éclairer à travers leur expérience professionnelle et leur pratique spirituelle. Ils peuvent vous aider à y voir plus clair en vous-même ou à mieux décrypter le comportement des personnes de votre entourage.
Ils ne sont pas médecins, même si on les désigne parfois comme des « médecins de l’âme », mais leur rôle est de vous aider à trouver en vous-même la meilleure réponse à vos interrogations sur vos relations aux autres, votre conjoint ou conjointe, vos parents, vos frères et sœurs, vos amis, vos collègues de travail, vos voisins...
Alors, n’hésitez pas, interrogez-les, ils tenteront de vous répondre en s’éclairant des plus belles pensées de l’islam.
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