Aujourd’hui, le premier ministre J.P Raffarin ouvrira à l’Assemblée Nationale le dossier sur la réforme des retraites. Concernant les réformes de l’Education Nationale, dont certains établissements universitaires mais aussi secondaires sont en grève depuis plus de trois semaines, une nouvelle table ronde avec les enseignants est prévue principalement autour de la question de la décentralisation. C’est aussi la journée déclarée « jour de grève générale reconductible » par grand nombre de syndicats. Un nouveau mardi noir est annoncé…
Un appel au calme…
Jacques Barrot, le président du groupe UMP à l’Assemblée Nationale met en garde « contre une radicalisation des syndicats ». « Il y a un certain nombre de gens qui comprennent l'intérêt de cette réforme (...) Au milieu il reste des îlots de contestation parfois violente qui correspondent à un paysage politique et syndical qui n'est pas sans nous inquiéter », a souligné Jacques Barrot, invité du grand jury RTL-Le Monde-LCI. « Cela implique de la part des politiques que nous sommes un devoir impérieux, c'est celui de résister à toutes ces intimidations qui exaspèrent les Français ». Allant jusqu’à encourager le gouvernement en place à résister, il en va du devoir du premier ministre… « Si nous devions faire preuve de mollesse, cette exaspération finirait d'emmener ces Français exaspérés vers l'extrême droite », a-t-il ajouté…
Cependant, le premier ministre J.P Raffarin entend user de la diplomatie et appelle au calme… Jean-Pierre Raffarin n'a « pas l'intention d'utiliser l'article 49-3 » dans le débat sur les retraites. Après avoir laissé les pointures de son gouvernement monter au créneau, le Premier ministre vient en personne mardi à l'Assemblée nationale défendre son projet de loi. Une épreuve qu'il entend aborder « dans le calme ».Dans un entretien publié mardi dans « La Croix », le chef du gouvernement assure être prêt à se donner le temps nécessaire, « y compris l'été s'il le faut ». « Je souhaite que le débat ne soit pas précipité et qu'on prenne tout son temps », explique-t-il. « Il convient de garder le calme dans ce genre de situation ».
Sauver le système par répartition
Le premier ministre se donne donc du temps et de la patience pour expliquer, voire justifier la réforme des retraites, selon lui inévitable. Son but : sauver le système par répartition…Avec les départs massifs en retraite de la génération des « baby-boomers », un Français sur trois aura en effet plus de 60 ans en 2040 et il manquerait près de 43 milliards d'euros dans les caisses dès 2020. Pour ce faire, le gouvernement a choisi d'allonger la durée de cotisation, plutôt que de baisser les pensions ou d'augmenter les cotisations. L'article 3 de ce projet de loi pose donc le principe de « l'égalité de traitement des assurés ». En clair, d'ici 2008, les fonctionnaires cotiseront 40 ans comme dans le privé, et plus 37 ans et demi. Dès lors, la durée de cotisation publique comme privée passera à 41 ans en 2012 et 42 ans en 2020, avec ajustements en fonction des conditions démographiques et économiques.
Des syndicats pas prêts de lâcher…
Quatre syndicats (CGT, FO, Unsa, FSU) appellent pour la sixième fois à cesser le travail dans le public et dans le privé et à manifester pour réclamer le retrait du 'projet Fillon' et de nouvelles négociations. La CGT, majoritaire à la RATP, a déposé le 3 juin un préavis de grève illimité. Les lignes de métro 2, 6, 8, 9, 10 risquent d'être particulièrement touchées, ainsi que la ligne B du RER et l'ensemble des réseaux d'autobus à Paris et en banlieue. Outre les transports, où une quasi-paralysie est à craindre, des préavis de grève ont été déposés dans de nombreux autres secteurs : banques, postes et télécommunications, hôpitaux, police, ports et docks, routiers...
La grève des éboueurs devrait également se poursuivre dans plusieurs villes de province, dont Bordeaux, Calais et Marseille, où des habitants excédés ont mis le feu à des sacs d'ordures.
Des sondages divergents !
Quant aux Français, les sondages divergent. Selon l'institut CSA, 66% approuveraient la grogne de la rue, tandis qu'ils ne seraient plus que 52% selon une enquête Publicis commandée par Matignon. En défilant de Bastille à Concorde, les manifestants, eux, ont décidé de se faire entendre jusqu'aux abords du Palais-Bourbon pour mettre le gouvernement sous pression. Ce qui n'empêche pas Jean-Pierre Raffarin de rester serein…
Des syndicats loin de lâcher prise, un gouvernement prêt à tenir, mais jusqu’où ?