Persepolis, littéralement « la cité perse » en grec, est le nom de l'ancienne capitale de l'Iran. C'est aussi le titre du film tiré de la BD éponyme en 4 tomes, publiés à partir de l'année 2000, de l'Iranienne Marjane Satrapi. Récit tout à la fois autobiographique et historique, Persepolis nous raconte, par série de flash-backs, la grande et la petite histoire à travers le regard d'une enfant qui grandit jusqu'à devenir jeune femme.
Une autobiographie au franc-parler, drôle et grave
La petite histoire, c'est celle de Marjane, petite fille de huit ans, née à Téhéran, dont l'arrière-grand-père était l'avant-dernier roi qadjar, renversé par le père du chah en 1925. Papa ingénieur, maman styliste, elle grandit et, avec son esprit frondeur, nous fait vivre les bouleversements politiques de son pays : chute du chah, révolution, instauration de la République islamique, guerre contre l'Irak…
À 14 ans, elle part pour Vienne poursuivre ses études, mais surtout parce que ses parents veulent protéger cette adolescente devenue rebelle sous un régime de plus en plus répressif. Solitude de l'exil, premières libertés, premières amours. À 18 ans, retour en Iran, dépression, vie à l'université, mariage, divorce… Puis départ pour Paris en 1994.
À 14 ans, elle part pour Vienne poursuivre ses études, mais surtout parce que ses parents veulent protéger cette adolescente devenue rebelle sous un régime de plus en plus répressif. Solitude de l'exil, premières libertés, premières amours. À 18 ans, retour en Iran, dépression, vie à l'université, mariage, divorce… Puis départ pour Paris en 1994.
Une fresque qui se veut universelle
La grande histoire, c'est celle de son pays, l'Iran, racontée à travers les événements proches de Marjane. Crise irano-soviétique de 1946, grand-père communiste, oncle Anouche qui sort des geôles du shah mais sera exécuté sous la révolution islamique, recrutement de jeunes lors de la guerre Iran-Irak à qui l'on remet une clé en plastique qui leur ouvrira les portes du Paradis, surveillance policière des gardien(ne)s de la révolution…
Ce film serait-il une critique du régime iranien en bonne et due forme ? Ce n'est pas directement le propos. Toute la force de Persepolis s'appuie sur l'universalité de l'histoire rendue par l'abstraction du dessin noir et blanc. Chacun peut finalement s'identifier et y reconnaître son propre vécu. « Une Chilienne m'a écrit que son pays a vécu la même chose que l'Iran pendant le coup d'État de Pinochet et un Chinois m'a confié que mon histoire lui rappelait la révolution culturelle », témoigne Marjane Satrapi.
Vécu familial aussi. Trois générations de femmes sont ici mises en scène, portées par les voix de Chiara Mastroianni (Marjane révoltée et toujours en autodérision), de Catherine Deneuve (mère douce et protectrice) et de Danielle Darrieux (grand-mère impertinente et boosteuse).
La poésie du graphisme et l'onirisme des scènes, doublés d'un humour ravageur dans les dialogues, apportent, pour leur part, la distance nécessaire à des événements pourtant tragiques. De plus, ils nous font pardonner l'insolence assumée de la réalisatrice quand elle réunit, le temps d'un rêve enfiévré, deux grands barbus que sont Marx et Dieu, qui lui assènent, le poing levé, pour qu'elle se remette de sa dépression : « N'oublie pas, la lutte continue ! »
Film d'animation certes – dont les 650 personnages ont tous été dessinés à la main, avec crayons, gommes et feutres –, Persepolis est plutôt destiné aux adultes. Lesquels emmèneront leurs enfants à partir de 10-12 ans pour les éveiller à une forme d'intelligence créative ancrée dans la réalité politique.
Ce film serait-il une critique du régime iranien en bonne et due forme ? Ce n'est pas directement le propos. Toute la force de Persepolis s'appuie sur l'universalité de l'histoire rendue par l'abstraction du dessin noir et blanc. Chacun peut finalement s'identifier et y reconnaître son propre vécu. « Une Chilienne m'a écrit que son pays a vécu la même chose que l'Iran pendant le coup d'État de Pinochet et un Chinois m'a confié que mon histoire lui rappelait la révolution culturelle », témoigne Marjane Satrapi.
Vécu familial aussi. Trois générations de femmes sont ici mises en scène, portées par les voix de Chiara Mastroianni (Marjane révoltée et toujours en autodérision), de Catherine Deneuve (mère douce et protectrice) et de Danielle Darrieux (grand-mère impertinente et boosteuse).
La poésie du graphisme et l'onirisme des scènes, doublés d'un humour ravageur dans les dialogues, apportent, pour leur part, la distance nécessaire à des événements pourtant tragiques. De plus, ils nous font pardonner l'insolence assumée de la réalisatrice quand elle réunit, le temps d'un rêve enfiévré, deux grands barbus que sont Marx et Dieu, qui lui assènent, le poing levé, pour qu'elle se remette de sa dépression : « N'oublie pas, la lutte continue ! »
Film d'animation certes – dont les 650 personnages ont tous été dessinés à la main, avec crayons, gommes et feutres –, Persepolis est plutôt destiné aux adultes. Lesquels emmèneront leurs enfants à partir de 10-12 ans pour les éveiller à une forme d'intelligence créative ancrée dans la réalité politique.
Persepolis, film d'animation français (1 h 35), de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud.
Sortie en DVD le 27 décembre 2007.
Sortie en DVD le 27 décembre 2007.