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Ramadan

Quand commence le mois de Ramadan ?

Rédigé par Bamba Amara | Mercredi 6 Novembre 2002 à 00:00

           

'A défaut de Khalif qualifié', la communauté musulmane en France doit, déterminer le début et la fin du mois de Ramadan. Test de degré d'unité et de cohésion de la communauté, chaque début de Ramadan soulève son lot de divergences. Monsieur Khalil Merroun, Recteur de la Mosquée d'Evry (91)lance un appel à la communauté musulmane de France en ce début de Ramadhan 1423



Quand commence le mois de Ramadan ?

Le calendrier islamique est un calendrier lunaire, fondé sur les rotations de la lune autour de la terre. Le calendrier chrétien (ou 'grégorien') est basé sur la révolution de la terre autour du soleil. Ainsi l’année chrétienne compte 365 jours et 1/4. tandis que l’année musulmane compte 12 mois dont chacun compte 29 ou 30 jours. De ce fait, chaque année, le mois de Ramadan commence 11 jours plus tôt que l’année précédente, par rapport au calendrier chrétien qui est d’usage en France. Le jour du 1er Ramadan suscite donc, chaque année, interrogations voire controverses.


Ce que disent les textes
Le Coran est pourtant assez clair sur la question : « Quiconque parmi vous verra poindre le croissant jeûnera tout le mois. » Dans la pratique, le prophète de l’Islam a précisé cette idée à diverses occasions.

Suivant le calendrier islamique, le mois de Ramadan est précédé du mois de Chahbâne. Si tout se passe comme il faut, le début du Ramadan est déterminé par l'apparition du croissant lunaire le 29ème jour au soir du mois de Chahbâne. Mais il est possible que des conditions météorologiques empêchent l’apparition du croissant lunaire. Dans ce cas, le prophète recommande de compter 30 jours pour le mois de Chahbâne. Puis le 31-ième jour devient le 1er Ramadan :
« Jeûnez dès que vous voyez le Croissant et rompez le Jeûne dès que vous le revoyez. Mais s'il se cache à vos regards, que Shahbân soit de trente jours. »


Ce que dit la science
Les connaissances en astronomie ont considérablement évolué depuis l’avènement de l’Islam. La lune a été beaucoup étudiée. Son orbite est connue. Sa vitesse de rotation autour de la terre et autour d’elle-même sont suffisamment maîtrisées. Les astronomes sont à même de calculer à la seconde près, le moment, la durée de l’apparition de la lune dans le ciel de chaque pays tout au long de l’année. Des calculs sont déjà effectués et ces données sont enregistrées à l’avance et mis à la disposition du public. Il est donc scientifiquement possible savoir le début de chaque mois lunaire quel que soit l’état du ciel. Depuis le mois de janvier dernier, certains reponsables ont annoncé le mercredi 06 novembre comme le 1er Ramadan 1423. Il y a peu de chance que cette date évolue. Mais la science n’est pas infaillible. Les calendriers musulmans annoncent le 6 novembre comme le « jour du doute » !


Les positions politiques
Au sein de notre communauté, l’on retrouve ces deux attitudes. Certains se fient aux calculs modernes. D’autres s’en remettent à la méthode traditionnelle. Pour une large majorité de musulmans, les calculs ne sont qu’une modernisation de la tradition. Ce qui n’empêche pas les décalages dans les dates de début et de fin de Ramadan au sein des habitants d’un même pays.
A ces prises de positions dogmatiques, il faut ajouter les affinités politiques souvent difficiles à déclarer. Certains dirigeants musulmans et certains pays du monde musulman commencent toujours le Ramadan en même temps que l’Arabie Saoudite (leur employeur ou leur bailleur.) Pour protester ou contester le leadership saoudien, d’autres musulmans se démarquent de la Mecque. Et jamais ils ne commencent ni ne finissent le Ramadan en même temps que la même.


Le message du recteur
Ce suivisme et cette contestation à la fois dogmatiques et politiques ont existé au sein de la communauté musulmane en France. Au fil des années, les attitudes ont bien évolué. Ces quatre ou cinq dernières années, un consensus s’est progressivement instauré. Résultat des efforts conjugués des stations de radio communautaire, des sites Internet et des responsables d’associations islamiques et de mosquées. Est-il permis d’y voir un niveau supérieur de maturité ? ou un niveau plus grand d’autonomie de l’Islam en France ? De l’avis de Monsieur  Khalil Merroun, recteur de la mosquée d’Evry (91) : « à défaut de Khalif qualifié, les dirigeants se doivent de privilégier le travail collégial. »
Il fut, un moment, question d’un conseil consultatif fixant le début et la fin du Ramadan ainsi que les dates des fêtes religieuses. Cette initiative s’est effacée devant le projet de Conseil Représentatif des musulmans de France. Lancé par un gouvernement de gauche, ce projet est aujourd’hui confié à un gouvernement de droite. Saura-t-il voir le jour ? Si oui, sous quelle forme ?


De l’avis de Monsieur Khalil Merroun, « les acteurs de la communauté ont intérêt à travailler de manière solidaire sur les propositions du Ministre de l’Intérieur. » D’où cet appel qu’il lance aux musulmans de France dans l’esprit du Ramadan qui est « un mois d’unité, un mois de pardon, un mois réconciliation et de concorde… » Avant de souhaiter un « Bon Mois de Ramadan à tous », M Khalil Merroun ajoutera : « Nous devons rester fidèles à la tradition du prophète en évitant toute polémique. L’unité de la communauté, l’emporte sur toute confrontation polémique. J’invite tous mes frères et toutes mes sœurs de France à se souvenir des paroles du Coran : « Ancrez-vous au pacte de Dieu et ne vous divisez pas. » C’est notre intérêt. Le contexte international l’exige. »






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