Pardonner veut dire « accorder à quelqu’un son pardon pour son acte, ne pas lui en tenir rigueur ». Il veut aussi dire « supporter, tolérer, excuser tel comportement » (Larousse) ou « considérer avec indulgence une erreur, un défaut, une imperfection, une faiblesse, en trouvant une excuse (à quelqu’un) » (CNRTL).
Nous pouvons pardonner à quelqu’un et à soi de faire quelque chose qui ne nous convient pas. Mais qu’en est-il lorsque nous manquons d’indulgence vis-à-vis de nous-même ou vis-à-vis des autres ? Qu’en est-il lorsque nous nous culpabilisons, ou nous autoflagellons ? La culpabilité est-elle productive ? Permet-elle de recommencer les expériences ? Est-elle à l’origine du désespoir et de la souffrance ?
Nous pouvons pardonner à quelqu’un et à soi de faire quelque chose qui ne nous convient pas. Mais qu’en est-il lorsque nous manquons d’indulgence vis-à-vis de nous-même ou vis-à-vis des autres ? Qu’en est-il lorsque nous nous culpabilisons, ou nous autoflagellons ? La culpabilité est-elle productive ? Permet-elle de recommencer les expériences ? Est-elle à l’origine du désespoir et de la souffrance ?
La culpabilité n’est pas productive et elle empêche de se pardonner
Selon Windy Dryden (Se libérer de sa culpabilité, Leduc.s éd., 2007), « la culpabilité est un sentiment négatif et perturbant qui survient en présence d’une des trois principales conditions suivantes. Premièrement, une personne se sent coupable lorsqu’elle considère avoir enfreint par l’un de ses actes un code moral, un principe, une règle ou une valeur éthique et qu’elle applique à cette interprétation une attitude intransigeante. La deuxième forme de culpabilité s’attache aux conséquences d’un acte que l’on a commis ou pas de ce qu’on a fait ou de ce que l’on n’a pas fait. Le troisième type, la culpabilité existentielle, relève d’une attitude intransigeante de l’individu vis-à-vis de sa personnalité en général, indépendamment de ce qu’il a fait ou n’a pas fait au cours de sa vie ».
Comme on peut le constater, le sentiment de culpabilité peut être un frein au pardon. On peut se sentir coupable d’avoir dit ou fait, et parfois même d’avoir pensé. Le problème qui se pose est que lorsque nous culpabilisons nous ne sommes plus ancrés dans l’instant présent. Nous sommes hantés par des pensées et des sentiments négatifs qui empêchent de raisonner et d’être « ici et maintenant ». Des pensées qui amplifient ce sentiment de culpabilité et l’entretiennent… Des pensées telles que « je n’aurai pas dû », « c’est mal ce que j’ai fait », « je suis un mauvais garçon, une mauvaise fille, je suis nul-le, je ne mérite pas »…
Nous pouvons simplement faire face à la situation même si elle parait désagréable et tirer des leçons de nos actes, qui est la meilleure attitude pour avancer. D’ailleurs, ces pensées génèrent des émotions telles que la peur qui peut accompagner le sentiment de culpabilité. La peur de dire, la peur de faire, la peur de ne pas être à la hauteur de ce que l’on nous demande, ou tout simplement de ce que l’on exige de soi-même.
Comme on peut le constater, le sentiment de culpabilité peut être un frein au pardon. On peut se sentir coupable d’avoir dit ou fait, et parfois même d’avoir pensé. Le problème qui se pose est que lorsque nous culpabilisons nous ne sommes plus ancrés dans l’instant présent. Nous sommes hantés par des pensées et des sentiments négatifs qui empêchent de raisonner et d’être « ici et maintenant ». Des pensées qui amplifient ce sentiment de culpabilité et l’entretiennent… Des pensées telles que « je n’aurai pas dû », « c’est mal ce que j’ai fait », « je suis un mauvais garçon, une mauvaise fille, je suis nul-le, je ne mérite pas »…
Nous pouvons simplement faire face à la situation même si elle parait désagréable et tirer des leçons de nos actes, qui est la meilleure attitude pour avancer. D’ailleurs, ces pensées génèrent des émotions telles que la peur qui peut accompagner le sentiment de culpabilité. La peur de dire, la peur de faire, la peur de ne pas être à la hauteur de ce que l’on nous demande, ou tout simplement de ce que l’on exige de soi-même.
Le droit à l’erreur contribue au développement humain
Nous développons une attitude intransigeante qui est alimentée par des pensées anxiogènes. Nous nous ne donnons pas le droit à l’erreur. Le droit d’être ce que nous sommes ! Ou le droit à l’autre d’être ce qu’il est. Nous pensons que nous devons être parfaits et réussir du premier coup ! Est-ce une condition humaine ? N’avons-nous pas le droit de trébucher ? N’avons-nous pas le droit à l’erreur ?
Or le droit à l’erreur contribue au développement humain. Le droit à l’erreur est une condition pour recommencer. A l’image de l’enfant qui trébuche maintes fois pour apprendre à marcher et qui se relève pour recommencer l’expérience. À cet effet, il ne viendrait même pas à l’esprit des parents de dire à leur enfant : « Pourquoi tu tombes ? » Ils accepteraient l’idée que tomber et se relever fait partie de l’apprentissage.
Comme dans toutes formes apprentissages, dans la vie de l’enfance jusqu’à la vie d’adulte, nous apprenons ! Nous apprenons à communiquer. Nous apprenons à nous sociabiliser, nous apprenons le respect, nous apprenons à donner, nous apprenons à aimer, nous apprenons à être un parent, nous apprenons à être un mari, une épouse, nous apprenons à être un frère, une sœur, nous apprenons à être un patron, un apprenti, etc.
Nous apprenons de nos trébuchements, nous apprenons de nos erreurs, nous apprenons à nous relever et à accepter d’être faillible, ce qui est une condition pour se pardonner.
En effet, pour pouvoir se pardonner, il est important de prendre conscience de sa condition d’être humain faillible et de prendre aussi conscience que nous pouvons revenir à Dieu qui est le sens même du tawba. Sans s’autoflageller, ni se dévaloriser, ni penser que nous sommes « mauvais » ou constamment fautifs et que nous n’avons pas le droit de nous pardonner. Cette pensée nourrit ce sentiment de culpabilité qui n’est pas une conception islamique.
Nous ne sommes pas porteurs d’un quelconque péché originel. L’être humain commet des erreurs, à l’image d’Adam qui a mangé le fruit de l’arbre défendu. Mais Dieu lui a pardonné : « Alors Adam se fit projeter des paroles de son Enseigneur qui ainsi revint à lui. Vraiment Lui, Celui qui fait toujours retour, le Très Rayonnant d’Amour » (Coran, s. 2, v. 37).
Accepter l’idée que nous avons droit à l’erreur est une libération pour le cœur
Le pardon est un moteur pour avancer dans la vie, pour panser les blessures, pour tourner la page au passé qui est révolu.
Car avancer dans la vie, c’est accepter les épreuves qui jalonnent notre vie, les trébuchements que nous pouvons vivre ! Accepter l’idée que nous pouvons vivre des moments de doute, de négligence. Accepter pour être dans le mouvement, dans la fluidité ! Car la non-acceptation nous fige, nous emprisonne et génère de la souffrance !
Et cette prise de conscience est en soi une libération pour le cœur qui amène à lâcher prise, à se pardonner et à pardonner aux autres. Accepter l’idée que nous pouvons avancer en étant imparfaits, mais perfectibles ! Accepter l’idée que l’on peut tomber, mais se relever pour continuer à avancer dans la vie, sans se culpabiliser.
Dire tout simplement que nous faisons du mieux que l’on peut. Et si on n’a pas pu, c’est que l’on ne pouvait pas faire mieux à l’instant T. Partir de l’idée que nous pouvons toujours pardonner et nous améliorer est un baume au cœur.
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Première parution de cet article sur le site de l’institut Amine.
Or le droit à l’erreur contribue au développement humain. Le droit à l’erreur est une condition pour recommencer. A l’image de l’enfant qui trébuche maintes fois pour apprendre à marcher et qui se relève pour recommencer l’expérience. À cet effet, il ne viendrait même pas à l’esprit des parents de dire à leur enfant : « Pourquoi tu tombes ? » Ils accepteraient l’idée que tomber et se relever fait partie de l’apprentissage.
Comme dans toutes formes apprentissages, dans la vie de l’enfance jusqu’à la vie d’adulte, nous apprenons ! Nous apprenons à communiquer. Nous apprenons à nous sociabiliser, nous apprenons le respect, nous apprenons à donner, nous apprenons à aimer, nous apprenons à être un parent, nous apprenons à être un mari, une épouse, nous apprenons à être un frère, une sœur, nous apprenons à être un patron, un apprenti, etc.
Nous apprenons de nos trébuchements, nous apprenons de nos erreurs, nous apprenons à nous relever et à accepter d’être faillible, ce qui est une condition pour se pardonner.
En effet, pour pouvoir se pardonner, il est important de prendre conscience de sa condition d’être humain faillible et de prendre aussi conscience que nous pouvons revenir à Dieu qui est le sens même du tawba. Sans s’autoflageller, ni se dévaloriser, ni penser que nous sommes « mauvais » ou constamment fautifs et que nous n’avons pas le droit de nous pardonner. Cette pensée nourrit ce sentiment de culpabilité qui n’est pas une conception islamique.
Nous ne sommes pas porteurs d’un quelconque péché originel. L’être humain commet des erreurs, à l’image d’Adam qui a mangé le fruit de l’arbre défendu. Mais Dieu lui a pardonné : « Alors Adam se fit projeter des paroles de son Enseigneur qui ainsi revint à lui. Vraiment Lui, Celui qui fait toujours retour, le Très Rayonnant d’Amour » (Coran, s. 2, v. 37).
Accepter l’idée que nous avons droit à l’erreur est une libération pour le cœur
Le pardon est un moteur pour avancer dans la vie, pour panser les blessures, pour tourner la page au passé qui est révolu.
Car avancer dans la vie, c’est accepter les épreuves qui jalonnent notre vie, les trébuchements que nous pouvons vivre ! Accepter l’idée que nous pouvons vivre des moments de doute, de négligence. Accepter pour être dans le mouvement, dans la fluidité ! Car la non-acceptation nous fige, nous emprisonne et génère de la souffrance !
Et cette prise de conscience est en soi une libération pour le cœur qui amène à lâcher prise, à se pardonner et à pardonner aux autres. Accepter l’idée que nous pouvons avancer en étant imparfaits, mais perfectibles ! Accepter l’idée que l’on peut tomber, mais se relever pour continuer à avancer dans la vie, sans se culpabiliser.
Dire tout simplement que nous faisons du mieux que l’on peut. Et si on n’a pas pu, c’est que l’on ne pouvait pas faire mieux à l’instant T. Partir de l’idée que nous pouvons toujours pardonner et nous améliorer est un baume au cœur.
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Première parution de cet article sur le site de l’institut Amine.