Au lendemain de l'assassinat de l'ancien premier ministre libanais Rafic Hariri, Washington a rappelé son ambassadrice en poste en Syrie pour des consultations urgentes. Avant de quitter Damas, Margaret Scobey a transmis une note sèche au gouvernement syrien dans laquelle elle fait part de la « profonde inquiétude et de la profonde indignation » des États-Unis contre cet « acte de terrorisme ».
Washington a une nouvelle fois montré du doigt la présence de quelque 14 000 soldats syriens au Liban, tout en ajoutant ne pas savoir à ce stade qui était directement responsable de l'attentat de lundi. « Il est trop tôt pour savoir qui est responsable, mais la présence syrienne au Liban est déstabilisatrice pour ce pays », a déclaré le porte-parole de la Maison-Blanche, Scott McClellan.
Une voiture piégée
Le Liban a entamé mardi un deuil de trois jours en hommage à Rafic Hariri. Les premiers éléments de l'enquête suggèrent qu'un kamikaze a pu jeter sa voiture piégée sur le convoi de l'ancien premier ministre. Quatorze autres personnes ont été tuées dans l'attentat, et une centaine ont été blessées. En ce qui concerne la revendication d'un groupe islamiste jusqu'alors inconnu, le ministre de la Justice, Adnane Addoum, a mis en garde contre une éventuelle manipulation. L'attentat survient en effet dans une période particulièrement sensible, avec des élections législatives prévues pour avril ou mai et auxquelles Rafic Hariri devait se présenter.
Toute la classe politique libanaise craint maintenant le retour de l'instabilité, dont elle espérait avoir tourné la page. Dès lundi soir, l'armée libanaise a été placée en état d'alerte maximum et déployée à Beyrouth et dans d'autres régions du pays.
Manifestations anti-syriennes
L'opposition anti-syrienne tient Damas et Beyrouth pour responsables de la mort de Rafic Hariri. Elle exige la démission du gouvernement et le départ des militaires syriens. Elle réclame enfin une commission d'enquête internationale sur cet assassinat. Mardi, des dizaines de Libanais ont agressé des travailleurs syriens à Saïda, la ville natale d'Hariri, dans le sud du pays. À Beyrouth, la foule a attaqué à coups de pierres des bureaux du parti Baas au pouvoir en Syrie.