Si nous prenons soin de répondre aux critiques que nous a personnellement adressé le sociologue Omero Marongiu-Perria dans sa dernière tribune parue sur Saphirnews, c’est surtout parce qu’elles ont le mérite de nous pousser à mieux préciser notre point de vue qui aurait, selon lui, franchi la barre. Reste à savoir qui fixe la barre ? Que les choses soient claires toutefois : notre réponse aspire uniquement à nourrir la réflexion et le débat d’idées, et n’a aucun intérêt à alimenter la culture puérile du clash et du buzz tant célébrée dans cette société du spectacle. Par le « nous », précisons aussi qu’il n’engage que ma personne et aucunement les autres personnalités citées dans son texte.
Nous regrettons, ceci dit, qu’Omero Marongiu-Perria, qui a accoutumé son public à une certaine rigueur intellectuelle, ait emprunté quelques raccourcis en faisant la légitime critique de notre point de vue au sujet du réformisme. En effet, le sociologue semble nous reprocher sur un ton plutôt dogmatique une certaine étroitesse d’esprit sur la question de la « tradition ». Mais, en confondant le traditionalisme et la Tradition guénonienne, et surtout en résumant de façon un peu barbare les idées de toutes les personnes qu’il cible nommément dans son texte, il fait lui-même preuve d’exiguïté intellectuelle.
Le sociologue s’est, à notre grand regret, principalement contenté de superposer les titres de quelques-uns de nos articles pour leur faire dire tout ce qui pourrait servir son marché intellectuel. Omero Marongiu-Perria semble prisonnier d’une catégorisation sociologique des musulmans qui, en plus de n’avoir plus de réelle pertinence, permet d’emprunter le raccourci facile de l’étiquetage.
Lire aussi : Il faut euthanasier la tradition musulmane hégémonique
Nous regrettons, ceci dit, qu’Omero Marongiu-Perria, qui a accoutumé son public à une certaine rigueur intellectuelle, ait emprunté quelques raccourcis en faisant la légitime critique de notre point de vue au sujet du réformisme. En effet, le sociologue semble nous reprocher sur un ton plutôt dogmatique une certaine étroitesse d’esprit sur la question de la « tradition ». Mais, en confondant le traditionalisme et la Tradition guénonienne, et surtout en résumant de façon un peu barbare les idées de toutes les personnes qu’il cible nommément dans son texte, il fait lui-même preuve d’exiguïté intellectuelle.
Le sociologue s’est, à notre grand regret, principalement contenté de superposer les titres de quelques-uns de nos articles pour leur faire dire tout ce qui pourrait servir son marché intellectuel. Omero Marongiu-Perria semble prisonnier d’une catégorisation sociologique des musulmans qui, en plus de n’avoir plus de réelle pertinence, permet d’emprunter le raccourci facile de l’étiquetage.
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Une pensée piégée ?
Plus encore, en dénigrant toute critique possible du réformisme dont il est l’un des chantres, le sociologue se montre ainsi difficilement capable de se prêter au jeu du débat intellectuel auquel il appelle pourtant de tous ses vœux. Ce dernier, en effet, appelle à déconstruire et à réinterroger le « paradigme hégémonique » qui structure l’orthodoxie musulmane – et c’est tout à son honneur – mais ne semble pas accepter que l’on questionne le sol cognitif qui conditionne sa démarche intellectuelle, c’est-à-dire le « paradigme hégémonique » de la modernité.
Tout ce qui n’irait pas dans le sens de son « ouverture » intellectuelle relève, si l’on en croit le fond de son propos, du carcan idéologique, c’est-à-dire de l’islamisme, du traditionalisme, du salafisme, bref de toutes ces étiquettes insignifiantes que manient avec dextérité ceux qui ont besoin de caser les autres pour mieux se distinguer. La critique de la sclérose intellectuelle perd toute pertinence quand elle émane d’une pensée piégée dans ses propres filets.
Nous sommes bien entendu pour une lecture renouvelée du Verbe divin qui contient en puissance une infinité de sagesse et sommes bien conscient du danger que représente les idées mortes du traditionalisme tel qu’il l’entend. Mais bien plus dangereuses sont les idées mortelles de la modernité qui gangrènent le réformisme moderniste représenté par Omero Marongiu-Perria. Le réformisme, qui naît en réponse au dilemme de la modernité à l’époque coloniale, est, dans sa double facette, puritaine et moderniste, obsolète et doit être dépassé ; d’autant que le courant réformiste ne détient pas le monopole du renouveau.
Revivifier la Sagesse de l’islam en renouant avec la pureté originelle de la Source pour en actualiser des significations nouvelles n’est possible qu’au-delà du prisme du réformisme dont l’approche reste somme toute conditionnée et structurée par le cadre prédéfini de la modernité et ce, même dans sa version puritaine. Car la lecture littéraliste des puritains et la lecture déconstructiviste des modernistes participent de la même sécheresse spirituelle, en contribuant chacune à sa manière à dépouiller le Message islamique de sa dimension sapientielle.
Tout ce qui n’irait pas dans le sens de son « ouverture » intellectuelle relève, si l’on en croit le fond de son propos, du carcan idéologique, c’est-à-dire de l’islamisme, du traditionalisme, du salafisme, bref de toutes ces étiquettes insignifiantes que manient avec dextérité ceux qui ont besoin de caser les autres pour mieux se distinguer. La critique de la sclérose intellectuelle perd toute pertinence quand elle émane d’une pensée piégée dans ses propres filets.
Nous sommes bien entendu pour une lecture renouvelée du Verbe divin qui contient en puissance une infinité de sagesse et sommes bien conscient du danger que représente les idées mortes du traditionalisme tel qu’il l’entend. Mais bien plus dangereuses sont les idées mortelles de la modernité qui gangrènent le réformisme moderniste représenté par Omero Marongiu-Perria. Le réformisme, qui naît en réponse au dilemme de la modernité à l’époque coloniale, est, dans sa double facette, puritaine et moderniste, obsolète et doit être dépassé ; d’autant que le courant réformiste ne détient pas le monopole du renouveau.
Revivifier la Sagesse de l’islam en renouant avec la pureté originelle de la Source pour en actualiser des significations nouvelles n’est possible qu’au-delà du prisme du réformisme dont l’approche reste somme toute conditionnée et structurée par le cadre prédéfini de la modernité et ce, même dans sa version puritaine. Car la lecture littéraliste des puritains et la lecture déconstructiviste des modernistes participent de la même sécheresse spirituelle, en contribuant chacune à sa manière à dépouiller le Message islamique de sa dimension sapientielle.
L’éternelle source de la Tradition
Un mot d’abord sur la notion de Tradition. Omero Marongiu-Perria nous reproche de nous arc-bouter « sur une vision de l’islam hors-temps et hors-sol, puisée à un héritage en grande partie obsolète » et surtout de nous rattacher à la nostalgie de la « tradition ».
Pourtant, dans Réformer l’islam ou le brader ? nous avons clairement précisé qu’il ne fallait pas confondre, dans notre propos, la Tradition, au sens guénonien, avec le traditionalisme, c’est-à-dire avec ce qui relève du passé ou de la « coutume ». La Tradition est de notre point de vue tout ce qui participe du sacré et de l’immuable, c’est une « réalité métahistorique » qui existe virtuellement en chaque être. C’est ce que l’on désigne en islam par fitra.
L’homme, dans la perspective traditionnelle, est en effet une enceinte sacrée qui abrite le souffle de Dieu : « Nos corps, affirme la Bible, sont les temples du Saint Esprit qui est en nous ». La sécularisation du cosmos opérée par la perspective mécaniste de la modernité ne permet plus de concevoir l’homme comme le sanctuaire du Divin, et la nature comme le théâtre où se manifeste la Sagesse divine. Avec l’avènement de la pensée moderne, un voile épais s’est brutalement posé sur l’œil intérieur de l’homme le privant ainsi de sa capacité de percevoir le noyau métaphysique que contient l’écorce de l’existence humaine.
Privé de son intelligence quintessentielle, l’homme moderne devient inconscient du mystère qui le rend capable de contempler son univers intérieur, de pénétrer l’univers infini qui l’habite. La modernité est une illustration sophistiquée de l’éternelle Chute de l’homme qui, malgré tout, contient toujours en germe la perfection de l’état édénique et le fond de notre propos consiste justement à revivifier cette intelligence du cœur qui donne accès à la source éternellement jaillissante de notre esprit. L’intellect humain dont la raison n’en est que le prolongement est, en effet, la suprême voie d’accès au Sacré et constitue un véritable rayon qui transperce la compacité du monde manifesté. Il s’agit, autrement dit, de se délivrer de la mentalité prométhéenne de la modernité pour renouer avec la nature pontificale de l’homme traditionnel.
La suite de la contribution en seconde page
Pourtant, dans Réformer l’islam ou le brader ? nous avons clairement précisé qu’il ne fallait pas confondre, dans notre propos, la Tradition, au sens guénonien, avec le traditionalisme, c’est-à-dire avec ce qui relève du passé ou de la « coutume ». La Tradition est de notre point de vue tout ce qui participe du sacré et de l’immuable, c’est une « réalité métahistorique » qui existe virtuellement en chaque être. C’est ce que l’on désigne en islam par fitra.
L’homme, dans la perspective traditionnelle, est en effet une enceinte sacrée qui abrite le souffle de Dieu : « Nos corps, affirme la Bible, sont les temples du Saint Esprit qui est en nous ». La sécularisation du cosmos opérée par la perspective mécaniste de la modernité ne permet plus de concevoir l’homme comme le sanctuaire du Divin, et la nature comme le théâtre où se manifeste la Sagesse divine. Avec l’avènement de la pensée moderne, un voile épais s’est brutalement posé sur l’œil intérieur de l’homme le privant ainsi de sa capacité de percevoir le noyau métaphysique que contient l’écorce de l’existence humaine.
Privé de son intelligence quintessentielle, l’homme moderne devient inconscient du mystère qui le rend capable de contempler son univers intérieur, de pénétrer l’univers infini qui l’habite. La modernité est une illustration sophistiquée de l’éternelle Chute de l’homme qui, malgré tout, contient toujours en germe la perfection de l’état édénique et le fond de notre propos consiste justement à revivifier cette intelligence du cœur qui donne accès à la source éternellement jaillissante de notre esprit. L’intellect humain dont la raison n’en est que le prolongement est, en effet, la suprême voie d’accès au Sacré et constitue un véritable rayon qui transperce la compacité du monde manifesté. Il s’agit, autrement dit, de se délivrer de la mentalité prométhéenne de la modernité pour renouer avec la nature pontificale de l’homme traditionnel.
La suite de la contribution en seconde page