Rentrée dans la nuit de vendredi 4 à samedi 5 mars à Rome, la journaliste Italienne d’Il Manifesto, Giuliana Sgrena n’a de cesse de démentir la version des faits rapportée par les Américains. La fusillade qui a tué le commandant des services secrets Nicola Calipari serait selon la journaliste délibérée et la visait. A
« Tous le monde sait que les Américains ne veulent pas de négociations pour la libération des otages : alors je ne vois pas pourquoi je devrais exclure d’avoir été personnellement la cible de leurs tirs ». C’est ainsi que Giuliana Sgrena, 54 ans, résume la tragédie qui a entaché sa libération vendredi, après un mois de détention en Iraq, et qui a coûté la mort à Nicola Calipari, commandant des services secrets italiens. La journaliste d’Il Manifesto conteste la version officielle américaine selon laquelle le véhicule qui la transportait roulait trop vite et accuse l’armée de l’avoir visée personnellement.
Les obsèques nationales de Nicola Calipari devraient avoir lieu ce lundi en fin de matinée. Et la dépouille de celui que toute l’Italie qualifie de « héros » voit défiler des milliers d’Italiens bravant la pluie et le froid.
Cet incident met dans l’embarras le Président du Conseil italien Silvio Berlusconi, ardent soutien de Bush dans sa guerre irakienne et conforte une opposition de gauche favorable au retrait des quelques 3000 militaires italiens présents en Iraq. Mais le président des Démocrates de gauche a aussi précisé que si son parti se montrait hostile à la politique américaine, « il n’en était pas pour autant antiaméricain ».
Embarrassée, l’administration américaine déplore un « horrible accident » et promet une « enquête complète ». Les Etats-Unis ont affirmé regretter l’incident, tout en maintenant que la voiture qui se dirigeait vers l’aéroport roulait trop vite et n’avait pas répondu à des tirs de sommation. Ce que dément Giuliana Sgrena, blessée dans la fusillade.